Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

PEANO GIUSEPPE (1858-1932)

  • Article mis en ligne le
  • Modifié le
  • Écrit par

La critique de l'analyse infinitésimale

Les premiers travaux de Peano sont liés à la rédaction d'un court traité de calcul différentiel et intégral, publié sous la signature de Genocchi (ce dernier a maintes fois déclaré que l'ouvrage était essentiellement dû à son assistant Peano).

Ce remarquable traité contraste avec presque tous les livres similaires de l'époque, où on lisait couramment sous les plumes les plus autorisées des « définitions » telles que : « La différence ou différentielle d'une quantité est l'accroissement ou la diminution instantanée de sa valeur. » Même E. Borel se permet, en 1905, d'écrire : « On appelle dérivée d'une fonction y, ce que devient l'expression du rapport Δyx de l'accroissement correspondant de la variable x lorsque, dans ce rapport exprimé au moyen de x et de Δx, on remplace Δx par 0. »

Face à ce laxisme, l'auteur s'attache à formuler les concepts sans ambiguïté et à analyser le champ de validité des théorèmes fondamentaux de l'analyse réelle. Il donne souvent la première démonstration correcte d'un énoncé « bien connu ». Il a dépisté un grand nombre d'inexactitudes et d'erreurs graves dans les ouvrages de ses prédécesseurs et de ses contemporains. Pour mettre en évidence ces incorrections, Peano se révèle le « maître du contre-exemple ». La construction de telles réfutations n'était pas encore entrée dans les mœurs et suscitait même quelques réprobations. Ainsi, Poincaré écrit : « Autrefois, quand on inventait une fonction nouvelle, c'était en vue de quelque but pratique ; aujourd'hui, on les invente tout exprès pour mettre en défaut les raisonnements de nos pères et on n'en tirera jamais que cela. »

Citons les analyses de Peano concernant le reste de la formule de Taylor, à une ou plusieurs variables (il découvre le reste de Young, bien avant cet auteur), la théorie des maxima, le théorème des fonctions implicites, etc. Il signale que la paire de fonctions t ↦ t2 et t ↦ t|t| admet un déterminant wronskien identiquement nul, bien que ces deux fonctions ne soient pas linéairement dépendantes. On doit à Peano la démonstration du théorème d'existence des solutions de l'équation différentielle :

f n'est soumise qu'à l'hypothèse de continuité. Il remarque que cette hypothèse n'assure pas l'unicité locale de la solution. Peano a mis en évidence la distinction entre la continuité partielle et la continuité globale des fonctions de plusieurs variables. Il signale que la fonction f, égale à 0 au point x = 0, y = 0, et à xy/(x2 + y2) en dehors de l'origine, est partiellement continue sans être continue par rapport à l'ensemble des deux variables. On trouvera d'autres contre-exemples dus à Peano à l'article calcul infinitésimal – Calcul à plusieurs variables.

Indépendamment de H. A. Schwarz, il souligne les difficultés que comporte la définition de l'aire d'une surface à l'aide d'une suite de polyèdres inscrits. Les deux auteurs proposent le même contre-exemple, la « pomme de pin de Schwarz ».

Construction de la courbe de Peano - crédits : Encyclopædia Universalis France

Construction de la courbe de Peano

Le joyau le plus célèbre de ces ingénieuses combinaisons est la courbe de Peano qui remplit un carré. Il s'agit de construire une paire (x, y) de fonctions d'une variable réelle t, de sorte que l'image de l'intervalle [0, 1], par l'application t ↦ (x(t), y(t)), soit un carré de R2. La figure suggère la construction. Au point de subdivision du segment [0, 1] en 9 parties égales, on associe les 10 points marqués 0, 1, 2, ..., 9. Puis on répète la même construction sur chacun des intervalles de longueur 1/9 obtenus. En poursuivant indéfiniment cette construction, on obtient, par passage à la limite, l'exemple cherché.

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification

Pour citer cet article

Georges GLAESER. PEANO GIUSEPPE (1858-1932) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 14/03/2009

Média

Construction de la courbe de Peano - crédits : Encyclopædia Universalis France

Construction de la courbe de Peano

Autres références

  • AXIOMATIQUE

    • Écrit par
    • 2 036 mots
    On doit à G. Peano (1858-1932) et à R.  Dedekind (1831-1916) un exposé axiomatique de la théorie des nombres entiers ; désirant caractériser axiomatiquement l'ensemble N* des nombres entiers strictement positifs, Peano prend comme concept primitif la fonction S qui, à tout entier, associe...
  • CALCUL INFINITÉSIMAL - Calcul à plusieurs variables

    • Écrit par
    • 5 442 mots
    ...prouva, en 1873, que la formule :
    est valable, sous réserve de la continuité d'un des deux membres par rapport à l'ensemble des variables. Peano donna l'exemple de la fonction :
    prolongée par continuité en posant f (0,0) = 0, pour laquelle la permutation des dérivées partielles...
  • CATÉGORIES

    • Écrit par
    • 6 071 mots
    ...», qui correspondent de près aux principes constitutifs et d'individuation (Individuals, 1959). Par exemple, si l'on examine les cinq postulats de Peano pour l'axiomatisation de l'arithmétique – à savoir : (1) 1 est un nombre ; (2) le successeur de tout nombre est un nombre ; (3) deux nombres ne peuvent...
  • DÉMONSTRATION THÉORIE DE LA

    • Écrit par
    • 6 140 mots
    • 1 média
    Théorème. Soit AP l'arithmétique de Peano de premier ordre, T un sous-système finiment axiomatisable de AP et A un énoncé arbitraire à une variable libre x ; soit enfin ThmT (⌈A⌉) l'énoncé de AP qui exprime que A est démontrable dans T. On a :
    Pour la démonstration, on se ramène...
  • Afficher les 9 références