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VICO GIAMBATTISTA (1668-1744)

La « Scienza nuova » et ses principes

Ulysse et les sirènes - crédits : Art Images/ Hulton Fine Art Collection/ Getty Images

Ulysse et les sirènes

« Le monde civil est certainement l'œuvre des hommes, et, par conséquent, on doit pouvoir en trouver les principes dans les modifications de notre esprit humain lui-même. » Cette affirmation, sur laquelle repose la « science nouvelle » que Vico veut instaurer, ouvre à la philosophie le monde de l'histoire, abandonné jusque-là à la curiosité des « antiquaires ». A la conception statique d'une nature humaine éternelle doit être substituée l'idée d'une nature humaine en devenir. La raison « pleinement développée » n'est que l'aboutissement d'une évolution dont les premières étapes sont caractérisées par la prédominance de la sensibilité et de l'imagination. De la même façon, la civilisation prend ses racines dans la barbarie. Il ne faut donc pas rationaliser a posteriori les origines mais décrypter le langage « poétique » dans lequel elles s'expriment. Philologie et philosophie, selon Vico, s'éclairent réciproquement.

Une « histoire idéale éternelle », aussi paradoxal qu'apparaisse le rapprochement de ces termes, peut ainsi être constituée, qui permet de rendre compte de l'histoire réelle des nations, du « cours » (corso) que suivent les choses humaines. Ce corso est défini, donc limité. Quand il s'achève, il cède la place à un ricorso, identique au premier dans sa forme sinon dans son contenu. La postérité a fait à ce thème des corsi et des ricorsi un sort qui aurait étonné Vico. Bien moins que d'une rechute dans le naturalisme, il s'agit là, en effet, d'une affirmation inhérente à toute science prétendant énoncer des lois. De même, si la nécessité qui préside au processus historique se nomme, chez Vico, « Providence », il faut voir là, plutôt qu'un archaïsme, un aveu, à savoir que, immanent ou transcendant, le sens de l'histoire reste un postulat de la pensée.

— Alain PONS

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Écrit par

  • : maître de conférences honoraire à l'université de Paris-X-Nanterre

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Pour citer cet article

Alain PONS. VICO GIAMBATTISTA (1668-1744) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Ulysse et les sirènes - crédits : Art Images/ Hulton Fine Art Collection/ Getty Images

Ulysse et les sirènes

Autres références

  • LA SCIENCE NOUVELLE, Giambattista Vico - Fiche de lecture

    • Écrit par Francis WYBRANDS
    • 803 mots

    Il n'est pas excessif de prétendre qu'avec Les Principes d'une science nouvelle relative à la nature commune des nations publiés en 1725, puis profondément remaniés en 1730 et 1744, par le Napolitain Giambattista Vico (1668-1774), c'est l'histoire qui fait sa véritable entrée en...

  • ARTS POÉTIQUES

    • Écrit par Alain MICHEL
    • 5 904 mots
    • 3 médias
    Les Italiens avaient donné l'impulsion la plus originale avec Vico. Celui-ci, dans Origines de la poésie et du droit, avait montré que la poésie est le langage des peuples primitifs, qu'elle est irréductible aux sciences exactes et que, n'en déplaise à Descartes, elle doit être étudiée avant elles....
  • CROCE BENEDETTO (1866-1952)

    • Écrit par Charles BOULAY
    • 1 993 mots
    ... et, pour la quatrième partie de sa philosophie, consacrée à l'histoire (Teoria e storia della storiografia, 1912), Croce se met à l'étude de Vico, dont il retient l'identification du certum (donnée de fait) au verum (élaboration conceptuelle des faits), ce qui l'amène à identifier la définition...
  • HISTORICITÉ

    • Écrit par Hans Georg GADAMER
    • 6 456 mots
    • 3 médias
    En défendant la rhétorique par opposition à la « critique » de Descartes, Giambattista Vico (1668-1744) avait promu l'idée de l'expérience historique au niveau d'une « nouvelle science de l'homme ». Mais c'est dans les écrits de Herder, indépendamment de Vico, que se prépara cette tendance particulière...
  • ILLUMINISMO

    • Écrit par Olivier JUILLIARD
    • 907 mots

    La spécificité de la philosophie des « Lumières » en italie se manifeste, sous l'appellation d'Illuminismo, par le relatif abandon de la spéculation métaphysique et de la recherche scientifique par la pensée philosophique. L'époque précédente avait été dominée par la philosophie...

Voir aussi