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TEISSIER GEORGES (1900-1972)

Georges Teissier et Marius Jacob Sirks - crédits : Science Photo Library/ American Philosophical Society

Georges Teissier et Marius Jacob Sirks

Zoologiste et biologiste français, Georges Teissier a joué un rôle important – tout comme ses collègues Philippe L’Héritier (1906-1994), Georges Rizet (1914-2005) et Boris Ephrussi (1901-1979) – dans la renaissance de la génétique en France à la fin des années 1930 et de son enseignement dans les universités.

Né le 19 février 1900 à Paris, Georges Teissier est admis, en 1919, à la fois à l'École normale supérieure et à l'École polytechnique, et choisit la première. Agrégé de sciences naturelles (1923), docteur ès sciences (1931), il est successivement agrégé préparateur à l'École normale supérieure (1924-1928), chef de travaux, maître de conférences, professeur à la faculté des sciences de Paris. Il devient directeur de la station biologique de Roscoff (1945-1971), dans le Finistère, et du laboratoire de génétique évolutive (1951-1965) – qu’il a largement contribué à créer – du Centre national de la recherche scientifique (CNRS) à Gif-sur-Yvette, dans l’Essonne. De 1946 à 1950, il assure la direction du CNRS. Il décède le 7 janvier 1972 à Roscoff.

Trois thèmes majeurs illustrent sa carrière scientifique : la zoologie marine, la croissance et la biométrie, la génétique et l'évolution.

Commencées en 1922, ses recherches sur la zoologie marine intéressent les hydrozoaires, notamment le développement post-embryonnaire. Il a montré que l'identité de l'aspect ou du fonctionnement ne permettait pas de déterminer la catégorie du gonophore ; en établissant l'homologie des gonophores et des méduses, en fixant la terminologie, en révisant la classification, Teissier a mis fin à une controverse vieille de quarante ans. Avec Bertil Swedmark (1918-1975), avec qui il a longtemps travaillé à la station de biologie marine de Roscoff, il étudia les hydrozoaires de la faune interstitielle du sable et décrivit des formes remarquables, ce qui conduisit à la révision systématique du groupe.

En biométrie, il étudia la croissance des arthropodes ; elle est particulière en raison des mues successives qui déterminent des stades bien définis. Il édifia une « théorie de la similitude biologique » reliant le temps physiologique (intervalle entre deux mues) et la taille chez des animaux de même forme et de même organisation. Cette théorie lui permit de donner un sens biométrique aux « lois des surfaces et des tailles » assujetties alors aux « lois énergétiques du développement » de Max Rubner (1854-1932). Teissier montra que la croissance globale (taille et poids) des arthropodes est fondamentalement discontinue. Il étudia la croissance relative, c'est-à-dire « la variation concomitante des grandeurs mesurées sur le même individu » ; il concluait, avec Julian Huxley (1887-1975) qui faisait les mêmes recherches en Angleterre sur les crustacés, qu'à la mue les taux d'accroissement de deux grandeurs, mesurées sur un même animal, restent proportionnels. La loi de croissance relative s'applique à tous les animaux et végétaux ; elle reçut le nom devenu classique de relation d'allométrie. Ensuite, il décrivit en termes d'allométrie des types de croissance plus compliqués ; chez les crustacés, le développement comprend des « étapes » séparées par des « mues critiques ». Le dimorphisme sexuel lui permit de mettre en évidence des « mues de prépuberté » (lorsque la divergence entre sexes commence) et des « mues de puberté » (quand les différences sexuelles sont accusées). Il poursuivit l'analyse formelle de la notion d'allométrie et de ses conséquences et il donna une analyse précise de la variabilité.

Passionnément intéressé par le problème de l'évolution, Teissier chercha à démontrer expérimentalement la réalité de la sélection naturelle par des mesures quantitatives de sélection au niveau non plus[...]

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Écrit par

  • : membre de l'Académie nationale de Metz, directrice honoraire à l'École pratique des hautes études, université de Paris-VI-Pierre-et-Marie-Curie
  • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Pour citer cet article

Universalis et Andrée TÉTRY. TEISSIER GEORGES (1900-1972) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Georges Teissier et Marius Jacob Sirks - crédits : Science Photo Library/ American Philosophical Society

Georges Teissier et Marius Jacob Sirks

Autres références

  • LAMARCK JEAN-BAPTISTE DE MONET chevalier DE (1744-1829)

    • Écrit par Charles BOCQUET, Pietro CORSI
    • 3 178 mots
    • 1 média
    ...en fait, était admise par presque tous les naturalistes des xviiie et xixe siècles, jusqu'à ce que A. Weissmann en établisse l'inanité. G. Teissier a fait remarquer que la tendance innée de la vie vers le perfectionnement « élément central de la doctrine de Lamarck, trop entaché de ...
  • L'HÉRITIER PHILIPPE (1906-1994)

    • Écrit par Laurent LOISON
    • 1 376 mots
    • 1 média
    ...Rockefeller qui lui permit de se former à la génétique aux États-Unis durant une année académique entière. De retour à Paris à l’automne 1932, il entama une collaboration avec Georges Teissier, qui lui aussi souhaitait mathématiser les sciences du vivant et pensait que la génétique était une occasion rêvée...
  • MÉTABOLISME

    • Écrit par Paul DI COSTANZO, Charles KAYSER, Jo NORDMANN
    • 8 386 mots
    • 9 médias
    Lambert et Teissier ont complété la conception de « similitude anatomique » de Von Hoesslin en introduisant les « durées » dans les comparaisons biométriques. Pour ces auteurs, l'intervalle entre deux systoles cardiaques est tout aussi caractéristique d'une espèce qu'une longueur corporelle. Ils font...
  • POLYMORPHISME, biologie

    • Écrit par Maxime LAMOTTE, Philippe L'HÉRITIER, Étienne PATIN, Lluis QUINTANA-MURCI
    • 11 321 mots
    • 8 médias
    ...des populations le matériel expérimental le plus commode. La technique utilisée est celle des cages à populations, ou démomètres, imaginées en 1933 par G. Teissier et P. L'Héritier, puis adoptées par T. Dobzhansky et son école. Il s'agit simplement de caisses, dans lesquelles on maintient en permanence...

Voir aussi