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MOORE GEORGE EDWARD (1873-1958)

La défense du sens commun et de la langue commune

Bien avant la parution de A Defence of Common Sense, en 1925, Moore semblait s'être assigné pour tâche d'exercer le jugement philosophique au nom d'un sens commun qui n'est ni préjugé, ni croyance populaire, ni opinion du plus grand nombre, mais vérité immédiatement évidente, contre le scepticisme des traditions idéalistes et empiristes. Russell écrit dans My Mental Development : « Est réel tout ce que le sens commun non influencé par la philosophie ou la théologie suppose être réel. » On reconnaît les propositions du sens commun à ce qu'on ne saurait ni les critiquer, ni non plus les prouver, par d'autres propositions qui soient plus ou aussi évidentes qu'elles. Cette défense du sens commun est aussi une défense du réalisme et de la science : on peut arriver à savoir, objectivement, quelque chose du monde. L'interprétation de Norman Malcolm, qui fait de la défense du sens commun la simple défense de la langue ordinaire (Moore se bornerait à montrer que certaines phrases de la langue ordinaire, par exemple « Ceci est un chat », ont un usage et une application corrects), a été très controversée : elle fut tantôt approuvée, tantôt refusée par Moore lui-même. Il semble en fait que Moore défende toujours la vérité de certaines propositions communes et non les propriétés du langage dans lequel elles sont exprimées. Les propositions du sens commun n'ont pas besoin de justification mais d'analyse. Il ne s'agit pas de leur vérité ; il s'agit de savoir comment les analyser correctement. Mais les concepts philosophiques aussi ont besoin d'une clarification analytique qui ne se limite pas à la sphère linguistique. L'analyse est toujours celle d'une idée, d'un concept, d'une proposition.

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Écrit par

  • : agrégée de l'Université, docteur en philosophie, maître de conférences à l'université de Rennes

Classification

Pour citer cet article

Françoise ARMENGAUD. MOORE GEORGE EDWARD (1873-1958) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • BLOOMSBURY GROUPE DE

    • Écrit par André TOPIA
    • 803 mots
    • 1 média

    Cénacle d'intellectuels et d'artistes liés à Cambridge, coterie d'esthètes londoniens ou confrérie secrète, le groupe de Bloomsbury fut une nébuleuse insaisissable qui, pendant les dix années précédant la Première Guerre mondiale, eut une influence déterminante sur la vie culturelle anglaise. Littérature,...

  • NOM

    • Écrit par Françoise ARMENGAUD
    • 7 090 mots
    Y aurait-il pour chacun un vrai nom ? Plutôt que « le nom avec lequel on s'en va dans l'autre monde » (P. H. Stahl), le nom spirituel est-il le nom sous lequel vous désignent vos « proches » (C. Lévi-Strauss) ou celui par lequel vous êtes invoqué dans le secret des cœurs ? Quête mythique : le vrai nom...
  • PHILOSOPHIE ANALYTIQUE

    • Écrit par Francis JACQUES, Denis ZASLAWSKY
    • 13 428 mots
    • 3 médias
    Après son objet, il restait à cette philosophie à conquérir sa méthode : influencés par ces thèmes préanalytiques, mais renouant avec une tradition proprement britannique, Moore et Russell s'écartent de l'analyse intentionnelle et eidétique. Moore veut donner des « analyses correctes » d'un certain nombre...
  • RELATION

    • Écrit par Jean LADRIÈRE
    • 7 566 mots
    ...des relations externes ». Ce principe est étroitement lié à l'une des présuppositions des Principles, que Russell reprend à son contemporain G. E. Moore (1873-1958) : « Le pluralisme concernant le monde, aussi bien celui des choses existantes que des entités, en tant qu'il est composé d'un nombre...

Voir aussi