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MOORE GEORGE EDWARD (1873-1958)

Amitiés et influences

Russell et Moore ont été liés d'une longue amitié. Si Moore doit à Russell d'être devenu philosophe, Russell doit à Moore d'avoir été arraché à l'« ensorcellement » de la philosophie moniste idéaliste des dernières années du xixe siècle. Il lui doit aussi les concepts et les doctrines philosophiques qui étayèrent son analyse logique ; dans la préface aux Principles of Mathematics, il reconnaît un triple emprunt : le pluralisme des choses existantes et des entités, la nature non existentielle des propositions, l'indépendance des propositions par rapport à la connaissance que nous en avons. La théorie du jugement a aussi influé sur la théorie de la dénotation de Russell. Si l'on excepte l'article critique de Moore sur « La Théorie des descriptions » de Russell publié dans The Philosophy of B. Russell, là s'arrête la collaboration de Russell et de Moore. Ce dernier n'est pas un logicien et n'a ni l'ambition de rationalité systématique du premier ni sa nostalgie d'un langage idéal.

Wittgenstein fut l'élève de Moore en 1912. Il partage son attitude face au paradoxe philosophique et cherche à savoir pourquoi le paradoxe le plus criant caractérise l'argumentation philosophique ; Moore se contentait de s'étonner, Wittgenstein en fera une symptomatologie spécifique. Tous deux assignent encore une même tâche de clarification à la philosophie : « Lutter contre l'ensorcellement de notre intelligence par le langage. » Et, si le Tractatus exprime une mentalité russellienne, logico-mathématique et réductionniste, le Wittgenstein des Investigations, qui abandonne les schèmes logiques et les limitations ontologiques, semblera plus proche de Moore.

— Françoise ARMENGAUD

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Écrit par

  • : agrégée de l'Université, docteur en philosophie, maître de conférences à l'université de Rennes

Classification

Pour citer cet article

Françoise ARMENGAUD. MOORE GEORGE EDWARD (1873-1958) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • BLOOMSBURY GROUPE DE

    • Écrit par André TOPIA
    • 803 mots
    • 1 média

    Cénacle d'intellectuels et d'artistes liés à Cambridge, coterie d'esthètes londoniens ou confrérie secrète, le groupe de Bloomsbury fut une nébuleuse insaisissable qui, pendant les dix années précédant la Première Guerre mondiale, eut une influence déterminante sur la vie culturelle anglaise. Littérature,...

  • NOM

    • Écrit par Françoise ARMENGAUD
    • 7 090 mots
    Y aurait-il pour chacun un vrai nom ? Plutôt que « le nom avec lequel on s'en va dans l'autre monde » (P. H. Stahl), le nom spirituel est-il le nom sous lequel vous désignent vos « proches » (C. Lévi-Strauss) ou celui par lequel vous êtes invoqué dans le secret des cœurs ? Quête mythique : le vrai nom...
  • PHILOSOPHIE ANALYTIQUE

    • Écrit par Francis JACQUES, Denis ZASLAWSKY
    • 13 428 mots
    • 3 médias
    Après son objet, il restait à cette philosophie à conquérir sa méthode : influencés par ces thèmes préanalytiques, mais renouant avec une tradition proprement britannique, Moore et Russell s'écartent de l'analyse intentionnelle et eidétique. Moore veut donner des « analyses correctes » d'un certain nombre...
  • RELATION

    • Écrit par Jean LADRIÈRE
    • 7 566 mots
    ...des relations externes ». Ce principe est étroitement lié à l'une des présuppositions des Principles, que Russell reprend à son contemporain G. E. Moore (1873-1958) : « Le pluralisme concernant le monde, aussi bien celui des choses existantes que des entités, en tant qu'il est composé d'un nombre...

Voir aussi