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DUBAN FÉLIX (1798-1870)

La Sainte-Chapelle, le Louvre ou l'école des Beaux-Arts suffiraient à eux seuls pour assurer gloire et immortalité à Félix Duban. Dans le grand mouvement de restauration monumentale du xixe siècle, Eugène Emmanuel Viollet-le-Duc attache son nom à l'art médiéval gothique, et Duban, son aîné de seize ans, est indissolublement lié à la Renaissance. Jacques Félix Duban est né à Paris le 14 octobre 1798. Le mariage de sa sœur aînée avec François Debret, architecte, Prix de Rome et membre de l'Institut, le lie étroitement avec le milieu qui aura la charge de construire la France postrévolutionnaire et de sauver les monuments anciens que la nouvelle sensibilité historique révélait à la conscience moderne. Admis à l'école des Beaux-Arts en 1814, il est en 1823 lauréat du grand prix d'architecture. La même année, sous la direction de son beau-frère, architecte responsable du chantier, il occupe un emploi de sous-inspecteur à la nouvelle école des Beaux-Arts. Louis XVIII avait souhaité voir aménager cette dernière sur le site de l'ancien couvent des Petits-Augustins où, pendant la Révolution, Alexandre Lenoir avait établi le musée des Monuments français. La sensibilité historiciste s'enracine dans ce lieu où le rassemblement et le classement des vestiges des monumentaux religieux, aristocratiques et royaux révélaient aux nouvelles générations le style français, rendant ainsi son histoire clairement lisible. Duban arrive à Rome en janvier 1824. Ses condisciples à la villa Médicis sont les architectes Louis Duc, Henri Labrouste et Léon Vaudoyer. En 1827, il effectuera en leur compagnie un voyage d'étude en Toscane. Ce groupe, qu'on appelle la « bande des quatre », forme l'école romantique en architecture. Les difficultés d'identification et de datation de certains relevés étrusques effectués pendant ce voyage témoignent d'une logique d'émulation, voire d'éducation mutuelle de ce groupe, qui incarnera le courant moderne de l'architecture sous Louis-Philippe et durant le second Empire. À Rome, les travaux de Duban montrent son intérêt pour la couleur mais aussi sa curiosité pour les monuments de la Renaissance. La qualité de ses aquarelles et le sérieux archéologique de ses envois à l'Académie sont remarqués. Pour son envoi principal, celui d'une restauration, Duban choisit le portique d'Octavie. Afin de suppléer à la modestie des témoignages archéologiques, il s'inspira largement de la littérature. Cette méthode documentée sera encore la sienne quand, de retour en France, il sera chargé de la restauration de monuments nationaux. Nommé, en 1832, à la tête du chantier de construction de l'école des Beaux-Arts, en remplacement de Debret, il se souviendra de l'importance qu'avait représentée dans l'urbanisme romain le portique d'Octavie. Son projet intègre tout ce qui subsiste du musée des Monuments français démantelé. Il organise un musée mis en scène autour de ce qu'il perçoit comme l'émergence de l'art français. La Renaissance de Louis XII et celle d'Henri II, avec le portique de Gaillon et celui d'Anet, sont rapprochées d'éléments gothiques dans une pédagogie qui pense l'école comme un musée. Le palais des Études, avec ses moulages, est voué à l'Antiquité. La restauration de la Sainte-Chapelle, qui lui est confiée en 1836, est la première entreprise de restauration archéologique d'un édifice médiéval. Duban s'adjoint J. B. Lassus, premier inspecteur du chantier, et E. Viollet-le-Duc, second inspecteur. Il renoncera à cette restauration en 1849 pour s'occuper entièrement du Louvre jusqu'à ce que ses conflits avec Napoléon III le conduisent à démissionner. Entre 1849 et 1853, il dirige la restauration de la galerie du Bord de l'eau et de la cour Carrée, celle des décors[...]

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Sylvain BELLENGER. DUBAN FÉLIX (1798-1870) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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