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ÉTHOLOGIE

De l'opposition de courants d'idées à l'élaboration des quatre questions fondatrices

Quand on retrace le développement de l'éthologie, on voit se répéter des oppositions entre différents courants théoriques. L'éthologie s'est cristallisée autour de la querelle de l'inné et de l'acquis, qui a stimulé soit les recherches sur l'instinct (concept considéré comme trop étroit rétrospectivement), qui se rattachent à l'éthologie dite objectiviste, soit les études sur l'apprentissage, liées plutôt au behaviorisme et à la psychologie expérimentale (R. Campan et F. Scapini, 2002). Dans les années 1930, les premiers éthologistes européens (O. Heinroth, K. Lorenz, N. Tinbergen, T. Huxley...), zoologistes de formation, étaient rompus à l'observation de l'animal en milieu naturel ou semi-naturel, et leur attention allait surtout aux différences interspécifiques. Ils admettaient donc difficilement que le rat et le pigeon, étudiés dans des conditions de laboratoire par les behavioristes nord-américains (Watson, Skinner...), puissent résumer à eux seuls le comportement animal. La rivalité qui s'ensuivit entre psychologues américains et éthologistes européens s'apaiserait en 1960 avec la publication de l'ouvrage de Robert Hinde : Animal Behavior : A synthesis of Ethology and Comparative Psychology. Quelques années auparavant, les éthologistes des deux côtés de l'Atlantique avaient restauré le dialogue en décidant de se réunir tous les deux ans : la conférence internationale d'éthologie était née (1952).

Nikolaas Tinbergen - crédits : Nina Leen/ The LIFE Picture Collection/ Getty Images

Nikolaas Tinbergen

En 1963, Tinbergen publie un article dans lequel il présente les fondements et les buts de l'éthologie. Son programme se décline en quatre grandes questions (Four Why's) :

– Quelles sont les causes immédiates du comportement ? Par cette interrogation, l'éthologue cherche à comprendre par quelles structures et quels processus physiologiques un organisme intègre des stimulations externes et des états internes (état physiologique, hormonal, expérience, etc.) pour produire un comportement. Une telle approche est qualifiée de causale, proximale, mécanistique ou encore structuraliste.

– Quelle est la valeur de survie de ce comportement ? En d'autres termes, quels avantages, en termes d'adaptation, de survie et de succès reproducteur un comportement apporte-t-il à l'animal ? En résumé : quelle est sa fonction ? Il s'agit ici d'une approche dite fonctionnelle.

– Comment ce comportement s'est-il mis en place au cours de l'ontogenèse, c'est-à-dire comment est-il apparu chez l'individu dans le cours de son existence ? Il s'agit ici de l'approche développementale, ontogenétique.

– Comment ce comportement s'est-il mis en place au cours de la phylogenèse ? Il s'agit ici de retracer l'histoire évolutive d'un comportement. Dans cette approche, c'est l'évolution des comportements qui est abordée.

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Pour citer cet article

Odile PETIT. ÉTHOLOGIE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Charles Darwin - crédits : Spencer Arnold/ Getty Images

Charles Darwin

Nikolaas Tinbergen - crédits : Nina Leen/ The LIFE Picture Collection/ Getty Images

Nikolaas Tinbergen

Autres références

  • FONDEMENTS DE L'ÉTHOLOGIE

    • Écrit par Raymond CAMPAN
    • 251 mots

    C'est par un débat contradictoire autour du concept d'instinct que l'éthologie – étude comparative du comportement animal – s'est constituée en science autonome. Elle est fondée sur les travaux de l'Autrichien Konrad Lorenz (1903-1989) et du Néerlandais Nikolaas...

  • HISTOIRE DE L'ÉTHOLOGIE - (repères chronologiques)

    • Écrit par Raymond CAMPAN
    • 976 mots

    1854 Isidore Geoffroy Saint-Hilaire utilise pour la première fois le terme « éthologie » dans son sens actuel (étude comparative du comportement animal) pour désigner les descriptions des mœurs des animaux telles qu'elles ont été faites par Aristote, Buffon, Réaumur, G. Leroy ou Lamarck....

  • AGRESSIVITÉ, éthologie

    • Écrit par Philippe ROPARTZ
    • 3 931 mots

    Compte tenu des modes linguistiques adoptées par les milieux scientifiques, ce terme ambigu d'agressivité devrait désigner beaucoup plus une éventuelle pulsion agressive, que dénient la plupart des spécialistes, que son expression comportementale, à savoir l'agression.

    Au cours de la...

  • BIOLOGISME

    • Écrit par Sébastien LEMERLE, Carole REYNAUD-PALIGOT
    • 2 772 mots
    ...sur la période, les sciences de la vie se développent sensiblement, en Allemagne, en Grande-Bretagne et aux États-Unis, que cela soit dans le domaine de l’éthologie (Konrad Lorenz), de la biologie moléculaire et de la génétique (James Watson et Francis Crick), ainsi que des neurosciences, dont les...
  • COGNITION

    • Écrit par Chrystel BESCHE-RICHARD, Raymond CAMPAN
    • 2 626 mots
    ...catégorisation d'objets, d'abstraction et de raisonnement au service de comportements intentionnels destinés à satisfaire les attentes de l'animal. L'éthologie naissante fait appel à des représentations, innées ou construites, des signaux de reconnaissance des objets fonctionnels et des congénères...
  • COLÉOPTÈRES

    • Écrit par Robert GAUMONT
    • 4 212 mots
    • 11 médias
    Lesmodes de vie de la larve et de l'adulte sont le plus souvent identiques (comme chez les coccinelles, prédatrices de pucerons à tous les stades, ou chez le doryphore, qui mange les feuilles de pomme de terre au stade larvaire comme à l'état adulte), mais l'éthologie de la forme...
  • Afficher les 53 références

Voir aussi