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ÉPIDÉMIOLOGIE

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Les maladies infectieuses et l'épidémiologie

L'évolution des concepts jumelés d'épidémie et d'épidémiologie appelle deux remarques.

En premier lieu, il faut relever qu'un certain nombre d'imprécisions, voire de contradictions, pèsent sur la terminologie en matière d'épidémiologie. Nous avons vu ce qu'il en est à propos du mot d'épidémie : dès lors qu'il déborde sur des phénomènes morbides collectifs non obligatoirement infectieux, il devient trop vaste et trop imprécis. C'est pourquoi M. Baltazard a proposé de n'appliquer ce mot qu'aux seules affections contagieuses (multiplication de cas par contagion interhumaine) couvrant tous les phénomènes « transmissibles » et de créer le terme d'anadémie pour les affections non contagieuses frappant pourtant un certain nombre de personnes par simple addition de cas sporadiques, c'est-à-dire isolés ; par exemple, les épisodes humains des maladies animales transmissibles à l'homme (pozoonoses) sont de nature anadémique en l'absence de possibilité de contagion interhumaine, de même que les maladies par carence ou les maladies dégénératives chroniques.

Notons aussi que le mot « contagion » du latin contingere, toucher, ne concerne pour certains que la transmission d'une maladie infectieuse par contact direct avec un malade ou indirect par l'intermédiaire de sécrétion, objets ou personnes touchés par ce malade, alors que pour d'autres le sens en est étendu à la transmission de maladies par l'intermédiaire de vecteurs tels que certains insectes.

En second lieu, en admettant qu'il soit parfaitement correct de parler, comme on le fait actuellement, d'épidémiologie du suicide, de l'athérosclérose ou des accidents de la route aussi bien que de celle de la syphilis ou de la grippe, il faut bien reconnaître que nos connaissances sont incontestablement plus avancées dans le domaine des maladies infectieuses que dans celui des autres phénomènes morbides. Dans l'étude de la genèse de l'athérosclérose, par exemple, on a prouvé l'action conjuguée de facteurs prédisposants tels qu'obésité, sédentarité, hypertension artérielle, alimentation hyperlipidique, etc. Dans celle des accidents de la route, on ne sait pas très bien quelle importance relative accorder à l'état du véhicule, à celui de la route et enfin à la condition physique et psychique du conducteur.

Au contraire, l'épidémiologie des maladies infectieuses fournit des bases très assurées aussi bien dans l'individualisation de plus en plus poussée des agents pathogènes que dans la reproduction expérimentale de la maladie par inoculation aux espèces animales sensibles.

Pour ce qui concerne les maladies dont la transmission est assurée par un vecteur, c'est-à-dire un organisme vivant qui permet le passage du sujet malade au sujet sain, la méthodologie écologique permet de recenser et de hiérarchiser les facteurs vivants et non vivants du milieu, qui jouent un rôle dans le maintien des foyers naturels de l'affection. L'épidémiologie écologique est une intégration pluridisciplinaire qui permet de reconnaître les points faibles dans une chaîne épidémiologique et donc de mettre en œuvre une prophylaxie réellement efficace au moindre coût.

Une des tâches principales de l'épidémiologie actuelle est ainsi d'apprendre à l'homme d'abord à connaître son environnement, puis à vivre en bonne intelligence avec lui.

— Catherine DUPUIS

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Écrit par

  • : docteur en médecine, chef de travaux à la faculté de médecine de Paris
  • : professeur agrégé du Val-de-Grâce, directeur médical de Pasteur-Vaccins.

Classification

Pour citer cet article

Catherine DUPUIS et Pierre SALIOU. ÉPIDÉMIOLOGIE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 22/01/2021

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