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ÉLEUSIS

Les rites d'initiation

La célébration des mystères fut d'abord ouverte aux gens de l'Attique, hommes et femmes, y compris les esclaves, puis à tous ceux qui parlaient grec, enfin, semble-t-il, à tout le monde, excepté ceux qui étaient souillés par un meurtre. Ainsi, Néron n'osa pas s'y présenter. Les candidats devaient en premier lieu participer, en février-mars, aux petits mystères célébrés à Agrai, faubourg d'Athènes, dans un sanctuaire voué à Dèmèter et à Korè. Ensuite, le 13 de boèdromiôn (septembre-octobre), commençaient les rites préparatoires : transfert des objets sacrés (dont la nature nous est inconnue) d'Éleusis à l'Éleusinion d'Athènes ; proclamation du règlement ; instruction des néophytes qui, le 16, se purifiaient en plongeant (« À la mer, les mystes ! ») avec le porcelet qu'ils sacrifiaient ensuite. Le 19, la grande procession partait pour Éleusis par la voie Sacrée, remportant les objets sacrés et une statue en bois d'Iacchos, divinité célébrée et invoquée à grand tapage. Le trajet était marqué de stations et de danses et, au passage d'un pont, d'un échange d'insultes et de bouffonneries. Tenant des flambeaux et des épis, les mystes entraient, la nuit tombée, dans le téléstèrion. Il y avait là « des paroles, des ostensions et des actions » (légoména, deikuména, drôména). Une salle dont le plafond est soutenu par quarante-deux colonnes se prête mal à un spectacle, mais fort bien à une procession, à des évolutions exécutées, comme dans un labyrinthe, par les prêtres et peut-être par les mystes. Le sommet du rite était un discours sacré prononcé par le hiérophante (appartenant à la famille sacerdotale des Eumolpides) qui, ensuite, tandis que le porte-torches (membre de la famille des Kérykes) éclairait la salle, sortait de l'anaktoron en révélant des objets mystérieux subitement illuminés. Après deux jours consacrés au repos et à des rites accomplis pour les morts, on rentrait à Athènes. Ce n'était là que l'achèvement des rites préparatoires : la muèsis (initiation préalable) et la télétè (initiation complète). L'époptéia (contemplation) pouvait être reçue l'année suivante et réitérée.

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Écrit par

  • : professeur à la faculté de philosophie et lettres de l'université de Liège

Classification

Pour citer cet article

Marie DELCOURT. ÉLEUSIS [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • DÉMÉTER

    • Écrit par Universalis
    • 832 mots

    Dans la mythologie grecque, Déméter est la fille des divinités Cronos et Rhéa, la sœur et l'épouse de Zeus (le père des dieux) ainsi que la déesse de l'agriculture.

    Déméter, dont Homère fait rarement mention, n'appartient pas au panthéon des dieux de l'Olympe, mais les origines de...

  • GRÈCE ANTIQUE (Civilisation) - La religion grecque

    • Écrit par André-Jean FESTUGIÈRE, Pierre LÉVÊQUE
    • 20 084 mots
    • 8 médias
    Mais les divinités chthoniennes ont leur part, et qui est belle, dans ce concert, notamment les « deux déesses » et Dionysos. Les reconstructions du télestérion d'Éleusis, nécessitées par les ruines qu'y avait semées le Perse, sont de plus en plus vastes : la salle d'initiation de ...
  • L'HISTOIRE VÉGÉTALISÉE. ORNEMENT ET POLITIQUE À ROME (G. Sauron) - Fiche de lecture

    • Écrit par Pierre GROS
    • 1 000 mots

    Dans le monde submergé d'images vulgairement utilitaires où nous évoluons, nous éprouvons quelque difficulté à admettre que, en d'autres temps, l'œuvre ornementale a assumé une fonction essentielle dans la transmission des messages politiques et religieux. Quand il s'agit de décor architectural,...

  • MYTHOLOGIES - Dieux et déesses

    • Écrit par Mircea ELIADE
    • 7 964 mots
    • 5 médias
    Mais cette déesse grecque se distingue de ses sœurs du Proche-Orient antique par sa fonction civilisatrice et surtout par le rôle qu'elle joue dans les mystères d'Éleusis. Déméter devient la déesse de la glèbe fertile ; un de ses surnoms est Karpophoros, « celle qui porte fruit ». Elle a fait don aux...

Voir aussi