ÉLEUSIS
Éleusis, aujourd'hui bourg industriel du nom de Levsina, est à trente kilomètres au nord-ouest d'Athènes, en face de Salamine, sur la route qui, du Céramique, passe près du couvent de Daphni et continue vers Thèbes. Le mot, croyait-on, aurait signifié arrivée. C'est là, selon la légende d'un hymne homérique, que Dèmèter, cherchant sa fille Korè, enlevée par Pluton, reçut l'hospitalité du roi Kéléos, à la suite de quoi elle accorda à l'Attique la connaissance des bienfaisants mystères. Très fréquentés dès le début du vie siècle, ils attirèrent des foules de plus en plus nombreuses, de Grèce d'abord, puis de tout le monde ancien. Les rites préliminaires en sont connus, mais non ceux qui étaient couverts par le secret. Leur substance religieuse, célébrée par de nombreux témoignages, reste énigmatique.
Le sanctuaire
Habité dès le xviiie siècle avant J.-C., le site d'Éleusis fut un lieu saint entre 1400 et 1100. On a vu dans ses mystères une importation égyptienne (Foucart), crétoise (Lagrange, Persson, Picard), thessalienne (Kern), thrace (Mylonas) ; ils sont dévolus, à l'époque historique, à deux familles désignées par leurs fonctions religieuses, les Eumolpides et les Kérykes, parmi lesquels aucun nom individuel n'émerge au cours d'un millénaire d'histoire, comme s'ils avaient été de simples maîtres des cérémonies. Athènes soumit Éleusis, n'y interdit pas la célébration des mystères et les développa en leur associant ses rites propres. Une salle des initiations (téléstèrion), construite peut-être sous l'archontat de Solon (fin du vie siècle), agrandie par les Pisistratides, fut incendiée en 480 par les Perses, reconstruite à l'époque de Cimon († 450), puis sous Périclès († 429) et ornée plus tard d'un portique. Des fouilles systématiques furent entreprises par F. Lenormand, puis, à partir de 1882, par la Société archéologique d'Athènes (Noack, Kourouniotis, Mylonas, Travlos), révélant une salle de cinquante-quatre mètres sur cinquante-deux, à moitié taillée dans le roc, sans crypte, comprenant six rangées de sept colonnes pour soutenir le plafond et, sur les côtés, huit rangées de gradins interrompues par six portes ; trois mille personnes pouvaient y trouver place. À peu près au centre était l'anaktoron, chapelle de douze mètres sur trois autour de laquelle on avait agrandi la construction, doublant ainsi la surface occupée par la chapelle initiale.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Marie DELCOURT : professeur à la faculté de philosophie et lettres de l'université de Liège
Classification
Pour citer cet article
Marie DELCOURT, « ÉLEUSIS », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le . URL :
Autres références
-
DÉMÉTER
- Écrit par Universalis
- 732 mots
-
GRÈCE ANTIQUE (Civilisation) - La religion grecque
- Écrit par André-Jean FESTUGIÈRE, Pierre LÉVÊQUE
- 17 674 mots
- 8 médias
-
L'HISTOIRE VÉGÉTALISÉE. ORNEMENT ET POLITIQUE À ROME (G. Sauron) - Fiche de lecture
- Écrit par Pierre GROS
- 880 mots
-
MYTHOLOGIES - Dieux et déesses
- Écrit par Mircea ELIADE
- 7 008 mots
- 5 médias
Mais cette déesse grecque se distingue de ses sœurs du Proche-Orient antique par sa fonction civilisatrice et surtout par le rôle qu'elle joue dans les mystères d'Éleusis. Déméter devient la déesse de la glèbe fertile ; un de ses surnoms est Karpophoros, « celle qui porte fruit ». Elle a fait don aux... -
PÉRICLÈS (env. 495-429 av. J.-C.)
- Écrit par Pierre LÉVÊQUE
- 3 377 mots
...apparemment l'œuvre d'un même architecte, ce qui permet d'insister sur le plan d'ensemble voulu par Périclès. Enfin la salle d'initiation (télestérion) d' Éleusis est considérablement agrandie par rapport à l'état antérieur, dû à Cimon, ce qui montre à la fois le succès des mystères, où les Athéniens allaient...