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ÉLECTIONS Modes de scrutin

Les scrutins mixtes

Cette dernière catégorie, la plus hétérogène, regroupe des modes de scrutin combinant logiques majoritaire et proportionnelle. Dans certains cas, il s'agit de compenser les effets de surreprésentation de la liste ayant obtenu le plus de voix dans le cadre d'un scrutin majoritaire par des dispositions ad hoc, afin que les listes minoritaires soient quand même représentées au sein de l'assemblée concernée. Le mode de scrutin en vigueur depuis 1983 pour les élections municipales françaises, dans les villes de plus de 3 500 habitants, est caractéristique de ce type de scrutin mixte. La liste arrivée en tête, ou ayant obtenu la majorité absolue dès le premier tour, se voit attribuer la moitié des sièges plus un, les sièges restants sont répartis entre l'ensemble des listes, y compris la liste majoritaire, à la proportionnelle à la plus forte moyenne.

Les systèmes mixtes s'inscrivent parfois dans une logique institutionnelle plus ambiguë. Souvent, il s'agit pour leurs promoteurs d'imposer un mode de scrutin mieux à même d'assurer leur propre réélection ou pour le moins de favoriser la reconduite d'une coalition, d'un parti ou d'une tendance précise. Depuis 1791, l'histoire institutionnelle française ne manque pas d'exemples de ce type, comme le montre le panorama détaillé proposé par Philippe Tanchoux. Pour se limiter à une période récente, nous évoquerons la loi électorale du 9 mai 1951 dite loi sur les « apparentements ». La coalition sortante, majoritaire à l'Assemblée nationale, souhaitait limiter les gains en siège du Parti communiste, dans le contexte de la guerre froide, et du Rassemblement du peuple français, parti « gaulliste » opposé aux institutions de la IVe République. Pour ce faire, le scrutin proportionnel alors en vigueur a été modifié de manière à permettre des apparentements, c'est-à-dire des ententes préalables entre listes concurrentes afin de se partager l'ensemble des sièges au cas où elles obtiendraient la majorité absolue des suffrages exprimés en additionnant les voix ainsi obtenues. Ces dispositions ont fonctionné conformément aux souhaits de leurs initiateurs, au moins s'agissant des résultats électoraux, en 1951 et dans une moindre mesure en 1956. Il n'est pas certain toutefois que la légitimité du personnel gouvernemental d'alors en soit sortie grandie...

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Écrit par

  • : maître de conférences en science politique à l'université de Paris-Ouest Nanterre

Classification

Pour citer cet article

Christophe VOILLIOT. ÉLECTIONS - Modes de scrutin [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ABSTENTIONNISME

    • Écrit par Daniel GAXIE
    • 6 313 mots
    • 3 médias

    Le droit de vote est une prérogative essentielle des citoyens dans un régime démocratique. On appelle participation électorale le fait de l'exercer dans les bureaux de vote ou par correspondance. L'abstentionnisme est pour sa part l'attitude de ceux qui s'abstiennent d'exercer...

  • AGENDA POLITIQUE, sociologie

    • Écrit par Nicolas HUBÉ
    • 548 mots

    La «  mise à l’agenda » concerne la question des « effets » des médias sur le débat public et sur les électeurs, et en particulier lors des moments de « surchauffe symbolique » que sont les élections. Maxwell McCombs et Donald Shaw ont formulé en 1972 le principe suivant : il se peut que la presse...

  • ALLEMAGNE - Les institutions

    • Écrit par Stéphane SCHOTT
    • 4 249 mots
    Le principe général de la représentation proportionnelle personnalisée (personalisierte Verhältniswahl) prévoit que les élections se déroulent en un seul tour. Chaque électeur dispose d’un bulletin de vote unique lui permettant d’exprimer deux choix distincts lors de la même opération de vote...
  • ASSEMBLÉE NATIONALE (France - Ve République)

    • Écrit par Arnaud LE PILLOUER
    • 5 795 mots
    • 2 médias

    L’Assemblée nationale est l’une des deux chambres composant le Parlement français, sous la Ve République, l’autre étant le Sénat.

    Cette dénomination provient du tout début de la Révolution française, lorsque les députés du tiers état, rejetant la division de la société en ordres,...

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Voir aussi