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CHOSTAKOVITCH DMITRI (1906-1975)

Les dernières œuvres

Entre 1964 et 1966 apparaissent plusieurs œuvres aussi importantes que différentes, les Quatuors no 9 à 11 (op. 117, 118, 122), la cantate L’Exécution de Stépan Razine op. 119 sur un poème d’Evtouchenko, tandis que l’humour reprend le dessus dans les Romances sur des textes de la revue Krokodil op. 121 et la Préface à l’édition complète de mes œuvres et brève réflexion sur cette préface op. 123 où réapparaît la signature DSCH. Les Sept romances sur des poèmes d’Alexandre Blok op. 127 (1967) pour soprano, piano, violon et violoncelle, dédiées à Galina Vichnevskaïa, voient pour la première fois de timides tentatives de dodécaphonisme, technique qui continue d’être rejetée par l’esthétique officielle. Chez Chostakovitch, son utilisation se limite à des mélodies utilisant le total chromatique sans rompre pour autant le cadre tonal, ainsi que le confirment le Quatuor no 12 op. 133, la Sonate pour violon et piano op. 134 (1968), et la Symphonie no 14pour soprano, basse, cordes et percussions op. 135, suite vocale sur des poèmes de García Lorca, Apollinaire, Küchelbecker et Rilke. Hantée par la pensée de la mort, cette œuvre correspond à une période de grave altération de la santé du musicien. Ses dernières années le voient de plus en plus diminué physiquement, atteint d’une maladie du système nerveux, même s’il garde sa capacité créatrice intacte jusqu’à la fin de sa vie. C’est durant cette période, entre 1970 et 1975, qu’il produit ses œuvres les plus personnelles : les trois derniers Quatuors no 13 à 15 (op. 138, 142, 144), la Symphonie no 15 op. 141 (1971) où passent des citations de Guillaume Tell de Rossini, du Concertoà la mémoire d’un ange de Berg et du leitmotiv du sort de la Tétralogie wagnérienne, les cycles vocaux Sur des poèmes de Marina Tsvetaïeva op. 143 (1973), Sur des sonnets de Michelangelo Buonarroti op. 145 (1974), ainsi que les acerbes Quatre Poèmes du capitaine Lebiadkine op. 146 d’après Dostoïevski (1974). Son œuvre ultime, la Sonate pour alto et piano op. 147, écrite quelques semaines avant sa mort à Moscou, le 9 août 1975, associe des thèmes sériels à de brèves citations de ses symphonies, la réutilisation du début des Joueurs dans le second mouvement, et construit le final sur des échos de la Sonate« Clair de lune » de Beethoven.

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Écrit par

  • : docteur en musicologie, maître de conférences à l'université d'Évry, retraité

Classification

Pour citer cet article

André LISCHKE. CHOSTAKOVITCH DMITRI (1906-1975) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Dmitri Chostakovitch, Mstislav Rostropovitch et Guennadi Rojdestenvski - crédits : Erich Auerbach/ Hulton Archive/ Getty

Dmitri Chostakovitch, Mstislav Rostropovitch et Guennadi Rojdestenvski

Autres références

  • LADY MACBETH DE MZENSK (D. Chostakovitch)

    • Écrit par Juliette GARRIGUES
    • 431 mots

    À l'automne de 1930, Dmitri Chostakovitch s'attelle à la composition d'un opéra en quatre actes sur un livret qu'il a élaboré avec le dramaturge Alexandre Preis d'après un court récit de Nikolaï Semenovitch Leskov Lady Macbeth du district de Mzensk (Ledi Makbet...

  • BABI YAR

    • Écrit par Michael BERENBAUM
    • 859 mots
    • 1 média

    Le grand ravin de Babi Yar, situé à la limite septentrionale de la ville de Kiev, en Ukraine, servit de charnier pour des victimes principalement juives que des groupes de S.S. allemands tuèrent entre 1941 et 1943. Après un premier massacre de Juifs à Babi Yar, le lieu continua de servir pour...

  • KONDRACHINE KYRIL (1914-1981)

    • Écrit par Alain PÂRIS
    • 810 mots

    Lorsque l'Union soviétique commença à « exporter » régulièrement ses artistes dans le monde occidental, Kyril Kondrachine fut l'un des premiers chefs que l'on découvrit et, avec lui, l'existence d'une authentique école soviétique de direction d'orchestre.

    Kyril...

  • MRAVINSKI EVGENI (1903-1988)

    • Écrit par Alain PÂRIS
    • 1 388 mots
    • 1 média
    ...des interprétations romantiques tout en lui donnant une profondeur dramatique rarement égalée. Il crée plusieurs partitions de Prokofiev et, surtout, de Chostakovitch, avec lequel il restera très lié jusqu'au début des années 1960, lorsque les événements politiques les sépareront, Chostakovitch ne pardonnant...
  • RÉALISME SOCIALISTE

    • Écrit par John BERGER, Howard DANIEL, Antoine GARRIGUES
    • 3 542 mots
    • 1 média
    ...les compositeurs qui demeuraient en U.R.S.S. furent obligés de respecter les directives du parti. En témoigne une œuvre comme la Cinquième Symphonie de Dimitri Chostakovitch (créée à Leningrad le 21 novembre 1937 sous la direction d'Evgeni Mravinski), qui représentait une sorte de compromis, après les...

Voir aussi