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KONDRACHINE KYRIL (1914-1981)

Lorsque l'Union soviétique commença à « exporter » régulièrement ses artistes dans le monde occidental, Kyril Kondrachine fut l'un des premiers chefs que l'on découvrit et, avec lui, l'existence d'une authentique école soviétique de direction d'orchestre.

Kyril Petrovitch Kondrachine voit le jour le 6 mars 1914 à Moscou, dans une famille d'instrumentistes. Il étudie le piano puis les disciplines théoriques avec Nikolaï Djuliaiev. En 1931, une occasion se présente qui lui permet de faire ses débuts de chef d'orchestre au théâtre Stanislavski de Moscou. Sa voie est tracée. Il va alors recevoir une solide formation de chef d'orchestre des plus grands maîtres d'alors, Alexandre Gaouk et Boris Khaïkine notamment, dont il est l'élève au Conservatoire de Moscou de 1932 à 1936.

De 1934 à 1937, il est chef assistant au théâtre Nemirovitch-Dantchenko, puis il remporte le diplôme d'honneur au premier concours réservé aux chefs d'orchestre de l'U.R.S.S. Il quitte alors Moscou pour Leningrad, où on lui offre une place de premier chef au théâtre Maly (1936-1943).

Formé à la rude école du théâtre lyrique, il revient dans la capitale soviétique en 1943 lorsqu'il est nommé au théâtre Bolchoï : pendant treize ans, il gravit les échelons successifs et signe même quelques mises en scène.

Au milieu des années 1950 se produit le changement le plus important de sa carrière : il abandonne l'opéra. Depuis quelques années déjà, il a eu l'occasion de prendre contact avec le monde symphonique et de découvrir des horizons qui correspondent mieux à son tempérament perfectionniste. Il quitte le Bolchoï en 1956 et devient l'un des principaux chefs de l'Orchestre philharmonique de Moscou. Il est en même temps l'hôte régulier des plus importants orchestres soviétiques et il accompagne les grands solistes internationaux invités en Union soviétique, notamment Byron Janis lors des concerts et enregistrements qui le révèlent, au début des années 1960.

De 1960 à 1976, Kondrachine prend la direction artistique de l'Orchestre philharmonique de Moscou, qu'il va très rapidement ouvrir au répertoire occidental, en particulier à la grande tradition germanique. C'est l'époque où il abandonne la baguette pour rechercher, dans une gestique sobre, une correspondance visuelle de la musique entendue. C'est aussi l'époque où l'Occident le découvre, tout d'abord comme partenaire de David Oïstrakh, de Leonid Kogan, d'Emil Guilels, de Sviatoslav Richter ou de Mstislav Rostropovitch, puis seul.

Il est l'invité des plus grands orchestres du monde, et cette carrière internationale s'intensifie à partir de 1976, alors qu'il cesse d'occuper des fonctions permanentes à la tête d'un orchestre soviétique. Il est nommé professeur au Conservatoire de Moscou.

En 1979, lors d'une tournée aux Pays-Bas, Kondrachine demande l'asile politique, qui lui est accordé. L'Orchestre du Concertgebouw d'Amsterdam l'accueille comme chef associé aux côtés de son directeur Bernard Haitink.

Le 7 mars 1981, au cours d'une tournée de l'Orchestre symphonique du Nord Deutsche Rundfunk de Hambourg, il remplace Klaus Tennstedt à Amsterdam. Dans la nuit qui suit, il meurt d'une crise cardiaque ; il n'aura pu exercer ses fonctions à la tête de l'Orchestre symphonique de la radio bavaroise (Munich), où il devait succéder à Rafael Kubelik à l'automne de 1981.

Au sein de la première « génération internationale » des chefs d'orchestre soviétiques, Kondrachine est une figure à part. Son répertoire repose, certes, sur la musique russe du xixe siècle, mais il va bien au-delà dans le temps et dans l'espace. Dans le temps, Kondrachine est le défenseur de son ami Chostakovitch, dont il impose et[...]

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Écrit par

  • : chef d'orchestre, musicologue, producteur à Radio-France

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