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AUTEUIL DANIEL (1950- )

Né à Alger en 1950, fils d'un chanteur d'opéra, Daniel Auteuil débute très modestement dans l'opérette et au théâtre. Il n'y a en outre pratiquement rien à sauver des plus de dix années pendant lesquels, à partir de 1974, il tourne dans le registre du comique gros public des films parmi les plus médiocres de Gérard Pires, Claude Zidi, Jean-Marie Poiré, Charles Nemes, Gérard Lauzier ou même Édouard Molinaro. Pourtant il est capable de faire jeu égal avec Richard Bohringer, Philippe Léotard, Michel Piccoli, Claude Pieplu et Jean Yanne, ses partenaires du Paltoquet (Michel Deville, 1986). Mais il lui faudra l'univers de Marcel Pagnol pour qu'il puisse imposer dans Jean de Florette et Manon des sources (Claude Berri, 1987) la densité complexe du personnage d'Ugolin, qui lui vaut le césar face au Papet (Yves Montand).

Dès lors, Daniel Auteuil change de registre, pour devenir l'un des meilleurs acteurs d'un cinéma de qualité signé de grands auteurs aimés du public : il tourne deux fois avec Claude Sautet, torturé et déstabilisé par Sandrine Bonnaire (Quelques Jours avec moi, 1988), luthier secret et solitaire flanqué d'Emmanuelle Béart et André Dussollier (Un cœur en hiver, 1992). Dans Ma Saison préférée d'André Téchiné (1993), il campe un médecin du cerveau un peu capricieux retrouvant, en accompagnant l'extrême fin de vie de leur mère, les rapports à la fois conflictuels et passionnels qu'il avait eus avec sa sœur (Catherine Deneuve) pendant leur enfance.

Si ses rôles dans de grandes productions spectaculaires lui assurent un statut de vedette (Lacenaire, Jean Girod, 1990 ; La Reine Margot, Patrice Chéreau, 1994 ; Une femme française, Régis Wargnier, 1994 ; Le Bossu, Philippe de Broca, 1997...) qu'il alimente par des prestations attendues (avec Vanessa Paradis, La Fille sur le pont, 1999, ou Dany Boon, Mon Meilleur Ami, 2006, deux films de Patrice Leconte), Daniel Auteuil excelle tout particulièrement à traduire les fractures de l'homme ordinaire de la quarantaine puis de la cinquantaine. Il est absolument remarquable en homme abandonné par Isabelle Huppert (La Séparation, Christian Vincent, 1994), et sait rejoindre la folie simulatrice du cadre licencié s'inventant une double vie qui s'achèvera par cinq meurtres (L'Adversaire, Nicole Garcia, 2002) ou l'angoisse du journaliste qui se trouve confronté à son passé par le biais de vidéos anonymes (Caché, Michael Haneke, 2005). En outre, Daniel Auteuil sait toujours être généreux avec ses partenaires comme en témoigne son émouvant tandem avec le trisomique Pascal Duquenne (Le Huitième Jour, Jaco Van Dormael, 1996). Tout en se produisant régulièrement au théâtre, notamment sous la direction de Jean-Pierre Vincent, il passe derrière la caméra pour donner sa propre vision des œuvres de Marcel Pagnol. Après La Fille du puisatier (2011), il adapte ainsi au cinéma la Trilogie marseillaise (Marius et Fanny, 2013 ; César, 2014).

— René PRÉDAL

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Écrit par

  • : professeur honoraire d'histoire et esthétique du cinéma, département des arts du spectacle de l'université de Caen

Classification

Pour citer cet article

René PRÉDAL. AUTEUIL DANIEL (1950- ) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • LES VOLEURS (A. Téchiné)

    • Écrit par Joël MAGNY
    • 1 354 mots

    De même que Les Roseaux sauvages (1994) se nourrissaient de la richesse fantasmatique de Barocco (1976), des Sœurs Brontë (1978), d'Hôtel des Amériques 1981), du Lieu du crime (1985) ou des Innocents (1987), Les Voleurs s'alimentent au courant intimiste, et plus directement autobiographique,...

Voir aussi