Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

PAGNOL MARCEL (1895-1974)

Représentant un cas tout à fait particulier dans le panorama littéraire du xxe siècle, Marcel Pagnol est d'abord le prototype de l'auteur dramatique moderne, auquel le cinématographe a donné un nouveau moyen d'expression : ses œuvres ont ainsi connu un retentissement très vaste et très rapide, que le seul exercice du théâtre ne lui aurait pas offert. Il fait ensuite partie de ces artistes dont le sens aigu des affaires leur a permis de se libérer de la tutelle des industriels et des financiers. Devenu très vite son propre producteur de films (et, beaucoup plus tard, son propre éditeur), Marcel Pagnol a pu réaliser une œuvre cinématographique personnelle en toute liberté.

Cet aspect de son personnage l'a souvent desservi. Propriétaire de studios de prises de vues à Marseille, puis d'une maison d'édition à Monaco, Marcel Pagnol s'est vu dédaigné par une critique chagrine qui n'admet pas qu'un artiste puisse s'intéresser au destin économique de son œuvre, et pour qui l'homme d'affaires oblitère fatalement le poète.

Les années 1960 devaient pourtant faire apparaître, dans le domaine du cinéma tout au moins, Marcel Pagnol comme un novateur : nombreux sont aujourd'hui les cinéastes qui participent à la production de leurs œuvres, quand ils ne l'assurent pas entièrement. Mais ne nous y trompons pas : quelles que soient les raisons de sa réussite sociale, Marcel Pagnol reste, avant tout, un écrivain et un auteur dramatique de premier plan.

De Marseille à Paris

Il est né, le 28 février 1895, à Aubagne, où son père était instituteur public. Mais c'est à Marseille qu'il passe son enfance et qu'il commence des études de lettres. La famille a cependant gardé des attaches dans la région d'Aubagne, et il passe toutes ses vacances dans les collines qui dominent le hameau de La Treille. Il a conservé, de ce temps et de ces lieux, un souvenir ébloui, qu'il fixera plus tard dans plusieurs volumes, et aussi un attachement profond pour les paysages et les gens de Provence.

Les études de Marcel Pagnol s'achèvent à Montpellier avec une licence d'anglais. Il enseigne pendant quelques années, au cours desquelles il traduit Les Bucoliques de Virgile, et Hamlet. Au même moment, il écrit son premier roman, Pirouettes, qui ne paraîtra que quelques années plus tard. Ce petit livre, dont l'action se situe à Marseille, dans le quartier de la Plaine, et qui met en scène un personnage singulier, haut en couleur, manifeste un talent déjà sûr, plein de malice et de tendresse.

L'année 1924 voit à la fois les premières tentatives de Marcel Pagnol comme auteur dramatique et ses débuts dans la vie parisienne. Ses deux premières pièces représentées, Les Marchands de gloire (1925) et Jazz (1926), reflètent une certaine mode « mélo » et ne laissent pas prévoir la prochaine éclosion d'un nouveau talent. Deux ans plus tard, Topaze connaît un véritable triomphe, bientôt dépassé par celui de Marius (1929). Dès lors, le succès de Marcel Pagnol ne se démentira jamais.

En 1931, Fanny donne une suite à Marius. Mais le jeune auteur dramatique s'intéresse au cinéma. Il y fait ses débuts avec les adaptations de ses pièces en collaboration avec des réalisateurs professionnels. Après Marius (1931, Alexandre Korda) et Fanny (1933, Marc Allégret), il achève la trilogie par une œuvre directement écrite pour l'écran : César (1936), et il continue. Admirateur et ami de Jean Giono, il tourne Angèle (1934, d'après Un de Baumugnes) et Regain (1937). Puis, sur des scénarios de sa façon, La Femme du boulanger (1938) et La Fille du puisatier (1940).

Élu à l'Académie française en 1946, il tourne encore quelques films d'un intérêt moins soutenu, comme La Belle Meunière (1948), Manon des sources (1952) ou Les Lettres de mon moulin (1954, d'après[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification

Pour citer cet article

Jacques BENS. PAGNOL MARCEL (1895-1974) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • CINÉMA (Aspects généraux) - Histoire

    • Écrit par Marc CERISUELO, Jean COLLET, Claude-Jean PHILIPPE
    • 21 694 mots
    • 41 médias
    À l'autre bout du pays, à Marseille, un autre homme va s'opposer au concert de lamentations des cinéphiles du muet. Méprisé par les critiques, adoré par le grand public, il va, en même temps que Vigo et Renoir, inventer le cinéma parlant, libre, dégagé de toute volonté expressionniste. Avec lui, la caméra...
  • FRANCE (Arts et culture) - Le cinéma

    • Écrit par Jean-Pierre JEANCOLAS, René PRÉDAL
    • 11 105 mots
    • 7 médias
    ...au-dessus de ce tout-venant. La première est née du mariage réputé impur du cinéma et du théâtre, qu'ont réussi parallèlement Sacha Guitry (1885-1957) et Marcel Pagnol (1895-1974). Le premier a construit ses films (Le Roman d'un tricheuren 1936, Les Perles de la couronne en 1937) sur une parole brillante...
  • PARLANT CINÉMA

    • Écrit par Michel CHION
    • 8 140 mots
    • 6 médias
    ...solution fréquemment adoptée mais coûteuse, réalisés en deux ou plusieurs versions dans les mêmes décors avec des distributions différentes. Le Marius de Pagnol fut ainsi filmé, parallèlement à la version française d'Alexandre Korda que nous connaissons, dans une version suédoise avec des acteurs suédois...
  • PARLANT (CINÉMA) - (repères chronologiques)

    • Écrit par Michel CHION
    • 3 201 mots

    1899 États-Unis. The Astor Tramp, « picture song » de Thomas Edison. Bande filmée destinée à être accompagnée d'une chanson chantée en salle (derrière l'écran) par des artistes invités.

    1900 France. Présentation par Clément Maurice du Phono-Cinéma-Théâtre à l’'Exposition universelle....

Voir aussi