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CRIMÉE (GUERRE DE)

Conséquence de la politique menée par Napoléon III pour essayer de rompre la coalition européenne qui, depuis 1815, réduit le rôle de la politique étrangère de la France. Envisageant certains remaniements de frontières, avec l'accord de l'Angleterre et de la Russie, et voulant engager l'intérêt de ces deux pays, Napoléon III choisit comme terrain d'action le Moyen-Orient et, en homme habile qu'il est, il invoque un prétexte — la question des lieux saints —, certain d'ouvrir une discussion sans déclencher d'hostilités. Quel pays voudrait entrer en guerre pour une question de cet ordre ? Malheureusement, cette politique échoue, parce que la France n'a pas suffisamment de poids dans la diplomatie européenne pour contrôler la marche des événements. L'Angleterre semble appuyer la politique française, mais elle ne le fait en réalité qu'en vue de ses propres objectifs, c'est-à-dire pour arrêter l'expansion russe au Moyen-Orient. Quant à la Russie, craignant une renaissance napoléonienne, elle réagit contre la politique française. Napoléon III réclame la réunion d'un congrès qui, pacifiquement, provoquerait des changements dans le système européen. Cependant, la Turquie, se sentant menacée par la Russie et encouragée par l'Angleterre, prend une position qui aboutit au déclenchement des hostilités en octobre 1853. La France et l'Angleterre déclarent la guerre à la Russie et font débarquer leurs troupes en Crimée, mettant le siège devant Sébastopol. Mais les opérations militaires sont mal organisées et se déroulent dans des conditions désastreuses. En dépit des batailles de l'Alma et d'Inkermann (charge de la brigade légère à Balaklava), aucune victoire décisive n'est possible en 1854.

Guerre de Crimée, R. Fenton - crédits : Roger Fenton/ Getty Images

Guerre de Crimée, R. Fenton

Bataille de Balaklava - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Bataille de Balaklava

C'est la mort du tsar Nicolas Ier, en 1855, qui ouvre la voie à la paix. Menacé par des troubles à l'intérieur de son empire, Alexandre II abandonne Sébastopol qui capitule après la prise de Malakov (Malakoff) par Mac-Mahon. Après l'occupation de Sébastopol par les alliés, leur victoire est consacrée. La paix, signée le 30 mars 1856 au congrès de Paris, est un triomphe pour la politique de Napoléon III. La France qui, sur le plan militaire, a été plus brillante que l'Angleterre, réussit à la fois à rétablir son prestige, à briser son isolement diplomatique et à défaire le système de 1815 élaboré au congrès de Vienne. Une Angleterre alliée à la France, une Russie affaiblie, une Autriche isolée et une Prusse sans influence : tels sont les résultats politiques de la guerre de Crimée. En pratique, la Russie cède une partie de la Bessarabie, la Moldavie, et accepte la libre navigation sur le Danube et la neutralisation de la mer Noire ; l'Empire ottoman était placé sous la garantie des puissances signataires.

— William Peter Jackson SMITH

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Pour citer cet article

William Peter Jackson SMITH. CRIMÉE (GUERRE DE) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Guerre de Crimée, R. Fenton - crédits : Roger Fenton/ Getty Images

Guerre de Crimée, R. Fenton

Bataille de Balaklava - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Bataille de Balaklava

Autres références

  • BATAILLES NAVALES - (repères chronologiques)

    • Écrit par Michèle BATTESTI
    • 843 mots

    17 octobre 1855 Bombardement de Kinburn, durant la guerre de Crimée. La forteresse russe sur la mer Noire est détruite par trois « batteries flottantes » françaises, armées de canons rayés tirant des obus explosifs, protégées par un blindage, préfiguration des bâtiments cuirassés....

  • EMPIRE SECOND (1852-1870)

    • Écrit par Stella ROLLET
    • 12 843 mots
    • 9 médias
    La guerre de Crimée lui en offre une première occasion. Au début du second Empire, l’Empire ottoman a beau être qualifié d’« homme malade de l’Europe » (expression attribuée au tsar Nicolas Ier), il n’en détient pas moins le contrôle de la Méditerranée orientale, enjeu stratégique majeur...
  • FENTON ROGER (1819-1869)

    • Écrit par Universalis
    • 329 mots

    Photographe anglais né en 1819 à Heywood, près de Manchester, mort le 8 août 1869 à Londres.

    Roger Fenton étudie le droit et la peinture. À la suite d'un voyage à Paris en 1851, où il rend probablement visite au photographe Gustave Le Gray, il décide de s'adonner à la photographie. En 1853, il...

  • NAPOLÉON III LOUIS-NAPOLÉON BONAPARTE (1808-1873) empereur des Français (1852-1870)

    • Écrit par Stella ROLLET
    • 5 111 mots
    • 3 médias
    À l’extérieur, les succès militaires et diplomatiques de Crimée (1854-1856) et d’Italie (1859) avaient porté la popularité de l’empereur à son apogée. Pendant la décennie suivante, le second Empire est frappé par des échecs cuisants. Au Mexique, le plan grandiose d’une monarchie latine et catholique,...
  • Afficher les 8 références

Voir aussi