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CORRIDA

La corrida à travers les arts

Préhistoire et Antiquité

L' apparition des représentations artistiques de taureaux coïncida très probablement avec la naissance de l'art. Les fouilles réalisées à Çatal Hüyük en Anatolie, site daté de 6700 à 5650 avant J.-C., ont mis au jour des temples ornés de têtes de taureaux ainsi que du mobilier et des piliers fabriqués en cornes de taureau stylisées. Ces constructions et ces objets auraient servi pour conjurer les esprits maléfiques, de la même manière que les couples de taureaux à tête humaine couramment gravés en signe de protection sur les portiques d'importants bâtiments dans le monde sumérien et en Assyrie. Les dieux taureaux et les cultes de sacrifice de taureaux étaient fréquents en Europe et au Moyen-Orient durant la préhistoire et l'Antiquité. L'animal y était révéré comme symbole de force et de fertilité. Le dieu-taureau Apis était ainsi adoré dans la ville de Memphis, capitale de l'Égypte sous l'Ancien Empire. De même, le taureau Nandi fut longtemps vénéré et dépeint dans l'art et l'architecture indiens comme la forme zoomorphique du dieu hindouiste Shiva.

Apis, le dieu-taureau - crédits :  Bridgeman Images

Apis, le dieu-taureau

Le taureau Nandin, monture du dieu Shiva - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Le taureau Nandin, monture du dieu Shiva

Les scènes montrant un homme combattant des taureaux et d'autres bêtes sauvages sont également fréquentes. Certains combats sont ainsi représentés sur des peintures rupestres datant du paléolithique, entre 15 000 et 10 000 ans avant notre ère, découvertes dans des grottes en France et en Espagne. Les récits de ces combats sont légion dans la littérature mondiale. Le combat d'Hercule contre le lion de Némée, la mise à mort du Minotaure par Thésée et la victoire de Mithra sur un taureau, scène souvent représentée dans les arts hellénistiques, portent tous sur ce thème. Le premier matador mentionné dans la littérature est peut-être le héros de l'Épopée de Gilgamesh, légende babylonienne née il y a 4 000 ans. Les fresques découvertes à Cnossos, en Crète, dépeignent des danses acrobatiques ou des jeux durant lesquels des jeunes hommes et femmes sautent par-dessus les cornes de taureaux en train de charger.

Thésée et le Minotaure - crédits : Encyclopædia Universalis France

Thésée et le Minotaure

<it>Groupe de Mithra taurochtone</it> - crédits :  Bridgeman Images

Groupe de Mithra taurochtone

Les modernes

Le combat de taureau traditionnel, cette « danse avec la mort » jugée « indéfendable mais irrésistible », a longtemps attiré l'attention et captivé l'imagination des peintres, romanciers, poètes, photographes, sculpteurs et cinéastes. Goya fut le premier peintre de renom à représenter tous les aspects de ce spectacle dans ses œuvres d'art. Torero amateur, il réalisa une série d'esquisses intitulée La tauromaquia (La tauromachie, 1815-1816) dépeignant la corrida du début du xixe siècle. L'un de ses chefs-d'œuvre représente deux combats de taureaux se déroulant dans l'arène de Madrid séparée en deux par une palissade.

Édouard Manet peignit lui aussi souvent des thèmes taurins, Le Torero mort (1864) étant peut-être l'exemple le plus connu. Pablo Picasso commença à dessiner des combats de taureaux dès son enfance à Málaga, en Espagne, et continua par la suite à représenter des sujets taurins dans ses œuvres. André Masson a lui aussi été fasciné par ce thème qu'il a souvent traité dans son œuvre. John Fulton, matador nord-américain promu au plus haut rang de la corrida en Espagne, était également peintre. Nombre de ses œuvres les plus populaires exposées dans des galeries privées et publiques ont été réalisées avec un seul pigment : le sang de taureaux qu'il avait mis à mort dans l'arène. Les affiches (carteles) impressionnistes annonçant les corridas dans les années 1920-1930 furent l'une des plus grandes contributions à l'art taurin. Celles réalisées par Roberto Domingo et Carlos Ruano Llopis, ainsi que par leur disciple tardif Juan Reus, étaient particulièrement appréciées.

La tauromachie a inspiré les écrivains espagnols pendant des siècles, et[...]

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Pour citer cet article

Barnaby CONRAD. CORRIDA [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Plaza Mayor, Madrid - crédits : Françoise Weyl

Plaza Mayor, Madrid

Les arènes de Nîmes - crédits : DeAgostini/ Getty Images

Les arènes de Nîmes

The Bull, E. Haas - crédits : Ernst Haas/ Getty Images

The Bull, E. Haas

Autres références

  • ANIMALIER DROIT

    • Écrit par Olivier LE BOT
    • 4 687 mots
    ...genevois, la chasse n'est plus un sport ni un loisir. Participant de la même logique, le Parlement de Catalogne a voté en juillet 2010 l'interdiction des corridas. La mesure, inscrite à l'ordre du jour de l'assemblée locale sur initiative populaire, procédait d'une volonté d'affirmer l'identité catalane...

Voir aussi