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PTOLÉMÉE CLAUDE (90 env.-env. 168)

Le jugement de l'histoire

L'adage selon lequel on ne prête qu'aux riches s'appliquerait-il à une telle œuvre ? On ne saurait s'étonner en tout cas qu'elle ait continué à hanter longtemps la pensée des savants – la Chronologie de Newton en est un exemple –, tandis qu'elle était déjà l'objet de critiques sévères.

Du milieu du xviie au début du xviiie siècle, des voix autorisées se sont élevées non pour arracher à l'auteur présumé des morceaux de cette œuvre, mais pour lui reprocher d'avoir été un faux astronome, un simple utilisateur des observations d'autrui, et d'avoir moins songé à la science qu'au niveau moyen du commun des hommes.

Avec la première traduction française de l'Almageste (1813-1816), l'astronome Jean-Baptiste Delambre a émis un jugement plus serein et plus précis. Il note que l'ouvrage ne contient aucune précision numérique sur les instruments qu'il prétend être soit des perfectionnements, soit des inventions proprement dites. Il explique en quoi cette absence permet de douter que l'auteur se soit effectivement servi de ces instruments. Delambre note également que les calculs astronomiques du livre sont faits pour le parallèle de Rhodes, où demeurait Hipparque, et non pour celui d'Alexandrie. Que la variation de 36 secondes par an pour la longitude des étoiles telle qu'elle est déclarée n'est que la limite inférieure des évaluations d'Hipparque et qu'il s'agit là d'une erreur de compilateur qui ne sera corrigée par les Arabes que 700 ans plus tard. Mais, après avoir ainsi étudié de près quelques aspects de l'énigme, Delambre conclut en connaissance de cause que, ce qu'il y a de bon dans l'Almageste, c'est la mathématique. Et il ajoute : « Il n'est pas très sûr que Ptolémée ait fait disparaître tout exprès les observations d'Hipparque, elles ont pu se perdre par la négligence des admirateurs exclusifs de Ptolémée sans lequel d'ailleurs nous ne saurions rien. »

C'est là, certainement, la conclusion juste, que les travaux les plus récents confirment.

— Pierre COSTABEL

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Écrit par

  • : directeur d'études à l'École pratique des hautes études

Classification

Pour citer cet article

Pierre COSTABEL. PTOLÉMÉE CLAUDE (90 env.-env. 168) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Ptolémée, Juste de Gand - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Ptolémée, Juste de Gand

Épicycle de sens direct - crédits : Encyclopædia Universalis France

Épicycle de sens direct

Système de Ptolémée - crédits : Encyclopædia Universalis France

Système de Ptolémée

Autres références

  • SYSTÈME GÉOCENTRIQUE DE PTOLÉMÉE

    • Écrit par James LEQUEUX
    • 211 mots
    • 2 médias

    Dans sa Syntaxe mathématique, plus connue sous le titre d'Almageste, et dans laquelle la dernière observation consignée date de 141, Claude Ptolémée (iie siècle) expose l'ensemble des connaissances astronomiques de son époque. Il décrit en particulier le mouvement du Soleil...

  • ALEXANDRIE ÉCOLE MATHÉMATIQUE D'

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    • 1 754 mots
    • 1 média
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    • 13 311 mots
    Le dispositif de domiciles planétaires transmis par le Tetrabiblon de Ptolémée nous permet de remonter au-delà, de par les incohérences symboliques qu'on peut y relever, et les astrologues, depuis cette époque, ont été amenés à justifier, avec quelque sophistication, une structure qui, si astronomiquement...
  • ASTRONOMIE

    • Écrit par James LEQUEUX
    • 11 339 mots
    • 20 médias
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    ...celui-ci, la Terre ronde s'inscrit au centre de l'Univers. Un quart seulement du globe est habité, c'est l'œcoumène, isolé par un océan infranchissable. Ptolémée détermina par le calcul la latitude et la longitude de huit mille points. Malheureusement, sur des canevas savants, Ptolémée accumula les erreurs...
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Voir aussi