ACQUAPENDENTE GIROLAMO FABRICI D' (1533-1619)

Hyeronimus Fabricius (Girolamo Fabrici), né le 20 mai 1533 à Acquapendente (Latium), étudie à Padoue sous la direction de Gabriele Fallopio (Fallope). Il est médecin en 1559 et succède à son maître décédé en 1562 pour diriger les démonstrations d'anatomie. Son talent le fait nommer, trois ans plus tard, à la chaire de chirurgie puis, en 1571, à celle d'anatomie de cette université. On admet qu’il a représenté en Italie du Nord un mélange d’inventivité tant en matière d’anatomie que de chirurgie et de sage prudence en déconseillant certaines audaces dangereuses, recherchant dans sa pratique chirurgicale la guérison plutôt que l'exploit. On dira aussi qu’il fut un maître de la description morphologique, prérequis de la recherche en physiologie qui se développera au siècle suivant.

Girolamo Fabrici d’Acquapente préconise la ligature des artères pour juguler les hémorragies – pratique déjà courante – et la trachéotomie dans les formes aiguës de diphtérie (croup). Il s'intéresse à la chirurgie de l'urètre et invente plusieurs appareils de prothèse dont une sorte d’exosquelette orthopédique, l’Oplomoclion. Cet « homme de fer » sert de modèle pour divers appareils de contention lors de fractures, la correction de pathologies musculo-articulaires et de malformations.

Mais il est surtout, en anatomie, un maître dont les découvertes personnelles ont favorisé celles de certains de ses élèves, dont l'un deviendra illustre en la personne de William Harvey (1578-1657). Il révolutionne d’ailleurs l’enseignement dans ce domaine en faisant construire, en 1584, toujours à Padoue, un des premiers amphithéâtres fixes d’anatomie (encore visible dans sa reconstruction de 1594) qui permet au public – jusqu’à 200 personnes – de suivre les dissections anatomiques.

Confrontant les travaux antérieurs avec ses propres recherches fondées sur l'autopsie de centaines de cadavres humains et animaux, il étudie les fonctions musculaires, la reproduction, la respiration, le mécanisme de la parole et celui de la marche, le vol des oiseaux, la reptation des serpents...

En 1574, il découvre les valvules des veines, dont il ne semble pas avoir compris tout le rôle ; il en tire un ouvrage, Les Valvules veineuses (De venarumostiolis), paru en 1603, au moment où Harvey, venu étudier à Padoue sous sa direction, rentrait en Angleterre – l'étude de ce texte fut pour Harvey l'un des moyens de parvenir à la découverte de la circulation du sang. Son Traité de la formation du fœtus (De formationeovi et pulli), paru en 1621 à titre posthume, est l’aboutissement de ses études sur l'appareil génital, l'ombilic, sur les étapes de la reproduction, les malformations du bassin et l'accouchement. La liste de ses publications – au moins seize ouvrages ayant connu une grande diffusion – atteste de la diversité de ses intérêts.

Il meurt le 21 mai 1619 à Padoue.

— Jacqueline BROSSOLLET

— Universalis