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CÉVENNES

Occitanie : carte physique - crédits : Encyclopædia Universalis France

Occitanie : carte physique

Les Cévennes constituent le rebord montagneux du Massif central tombant brutalement sur l'avant-pays languedocien selon une direction nord-est - sud-ouest, du plateau volcanique des Coirons aux contreforts de la Montagne Noire. Les blocs cristallins basculés et soulevés culminent au mont Lozère (1 702 mètres au signal de Finiels) encadré des montagnes du Goulet et du Bougès, et à l'Aigoual (1 565 mètres) dressé au-dessus du sillon de l'Hérault. Les monts de l'Espinouse ne sont qu'un modeste prolongement, passé l'avancée calcaire du Larzac. Granits et schistes constituent les substrats géologiques des Cévennes, les premiers en blocs massifs et croupes arrondies, les seconds déchiquetés en serres pentus, instables et taraudés par les cours d'eau méditerranéens qui les agressent violemment. Le versant méridional connaît des étés chauds et secs propices aux incendies, des automnes aux pluies torrentielles et dévastatrices (celles de 1958 restent dans les mémoires), des hivers rigoureux, souvent neigeux (en 1956 les températures varièrent de — 28 0C à + 27 0C). Le versant occidental correspond à des nuances continentales du climat atlantique.

Les Cévennes conservent l'image d'une terre de Réforme, de refuge et de résistance. Dès la première moitié du xvie siècle, « l'hérésie » en provenance de Genève va très vite conquérir les Cévennes placées sous l'influence des marchands de Nîmes, de Lyon et d'Alès. Elle remonte les vallées, s'insinue dans les fermes, gagne les petites villes et couvre tout le territoire après 1555. Ce protestantisme est populaire, les assemblées du Désert regroupent le monde paysan et celui des villes. On comprend mieux la résistance des camisards lors de la guerre lancée en 1702 par la royauté (les dragonnades) pour venir à bout des « prédicants et prophètes ». La réponse est une forme de guérilla moderne que l'on retrouvera plus tard lorsqu'il conviendra d'héberger résistants et juifs lors de la Seconde Guerre mondiale.

Les Cévennes sont aussi une terre de ténacité et de travail acharné pour extraire quelques revenus d'un sol pauvre qu'il faut retenir en terrasses (les faïsses ou bancels), du châtaignier (l'arbre à pain), de quelques cultures complantées à protéger des étés trop secs et des hivers trop froids. Chèvres et moutons élevés sur les broussailles, bovins sur les hautes croupes cristallines, porcs engraissés à la ferme assuraient un complément. Grâce au mûrier, l'arbre d'or, l'élevage du ver à soie va révolutionner dès le xviiie siècle l'économie cévenole. Chaque ferme avait sa magnanerie et son atelier de filature dépendant des marchands de Nîmes et de Lyon. Au xixe siècle, l'usine prend le relais dans les petites villes qui drainent la production de cocons, mais l'activité s'effondre à la suite de la maladie du ver à soie (la pébrine) et en raison de la concurrence des textiles de synthèse. L'agriculture cévenole a bien changé. Le mythe d'un espace vierge à reconquérir a attiré des citadins en mal de nature, surtout après 1968, mais les échecs furent nombreux. Aujourd'hui, une agriculture paysanne subsiste, orientée vers des productions de terroir, tournée vers la qualité, à la recherche de labels (pomme, oignons, fromages, etc.).

Du Vigan à Ruoms, toutes les petites villes cévenoles ont vécu du textile. L'emploi s'est ensuite déplacé vers le charbon, extrait dans la vallée du Gardon (La Grand-Combe), les industries associées, la chimie, l'aluminium, concentrées autour d'Alès. Les crises du xxe siècle ont réduit à peu de chose l'industrie des petites villes, les mines ont fermé définitivement, l'exode a vidé les vallées. Les densités rurales sont aujourd'hui de l'ordre de 10 habitants par kilomètre[...]

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Écrit par

  • : professeur agrégé des Universités, professeur à l'université de Montpellier-III-Paul-Valéry

Classification

Pour citer cet article

Jean-Paul VOLLE. CÉVENNES [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • CAMISARDS

    • Écrit par Louis TRENARD
    • 688 mots

    Nom donné aux calvinistes cévenols révoltés à la fin du règne de Louis XIV et qui vient du patois languedocien camiso, chemise, parce qu'ils portaient, dans leurs opérations nocturnes, une chemise blanche sur leurs vêtements pour se reconnaître entre eux. Alors qu'ils paraissaient résignés...

  • CÉVENOL PROPHÉTISME

    • Écrit par Bernard ROUSSEL
    • 1 009 mots

    Déjà avant la révocation de l'édit de Nantes (oct. 1685) et aussi par la suite, après la mort des principaux chefs camisards en 1704, mais surtout au cours de ces vingt années d'intervalle, des inspirés, prophètes et prophétesses, apparaissent dans le sud-est de la France, au sein d'un...

  • FRANCE (Le territoire et les hommes) - Géologie

    • Écrit par Jean AUBOUIN, Jean COGNÉ, Michel DURAND-DELGA, François ELLENBERGER, Jean-Paul von ELLER, Jean GOGUEL, Charles POMEROL, Maurice ROQUES, Étienne WINNOCK
    • 16 692 mots
    • 24 médias
    ...sud-ouest - nord-est de failles distensives que l'on peut suivre de façon continue de l'Alaric à la Séranne, où il se raccorde au système dit « faille des Cévennes ». Une autre ligne discontinue d'écaillages modérés ou de déversements au nord-nord-ouest, est orientée ouest-sud-ouest - est-nord-est et croise...
  • GUERRE DES CAMISARDS - (repères chronologiques)

    • Écrit par Pierre ROLLAND
    • 734 mots

    1701-1702 À la suite de l'épuisement du mouvement des pasteurs prédicants, première résistance née de la révocation de l'édit de Nantes, le prophétisme se répand en Cévennes et bas Languedoc.

    24 juillet 1702 Commis à l'instigation des prophètes Abraham Mazel et Esprit Séguier,...

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Voir aussi