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BLEY CARLA (1936-2023)

Carla Bley - crédits : Michel Baret/ Gamma-Rapho/ Getty Images

Carla Bley

Pur produit de la culture américaine, Carla Bley chante, joue du saxophone et tient les claviers. Mais c'est comme arrangeuse et compositrice qu'elle a conquis la célébrité et gagné le respect de ses pairs. Avec des œuvres qui expriment une manifeste ambition dramatique et s'éloignent parfois des formes habituellement pratiquées par le jazz, cette musicienne autodidacte s'est affirmée comme l'une des personnalités marquantes des années 1970.

Lovella May Borg naît le 11 mai 1936 à Oakland, en Californie. Son père, pianiste, organiste et maître de chœur dans une église locale, lui enseigne quelques rudiments musicaux sur les instruments qu'il pratique et l'initie au chant. À l'âge de quinze ans, elle interrompt ses études secondaires, quitte sa famille et gagne sa vie en vendant des partitions. Elle écrit ses premiers arrangements – pour un chanteur de folksongs – et travaille dans des piano-bars. À dix-sept ans, elle s'établit à New York, où elle trouve un emploi intermittent de vendeuse de cigarettes et de pianiste au Birdland, le célèbre club de jazz de Manhattan. C'est là qu'elle rencontre le pianiste Paul Bley, avec qui elle se marie en 1957. Dès 1959, alors qu'elle assure encore ses fins de mois comme habilleuse dans un théâtre, ses compositions séduisent, outre un époux déjà conquis, des musiciens de la stature de Jimmy Giuffre, de Tony Williams, de George Russell ou d'Art Farmer.

En 1964, Carla Bley décide de se consacrer totalement à la musique. Elle travaille avec le batteur Charles Moffett, le trompettiste et bugliste Alan Shorter – frère aîné de Wayne Shorter – et le saxophoniste Pharoah Sanders au Porpoise Club de New York. Elle est membre fondateur de la Jazz Composers Guild, formée à la fin de 1964 par le trompettiste Bill Dixon, et qui rassemble des champions du free jazz : Sun Ra, Archie Shepp, John Tchicai, Cecil Taylor, Mike Mantler et Paul Bley. Avec le trompettiste et compositeur Mike Mantler, elle devient l'un des chefs de file de l'ensemble qui est associé à la guilde, le Jazz Composers Guild Orchestra, qui deviendra, après la dissolution de la guilde en 1965, le Jazz Composer's Orchestra. En 1966, Carla Bley et Mike Mantler forment la Jazz Composer's Orchestra Association (JCOA), dévolue à faire connaître le jazz d'avant-garde par l'entremise du réseau de distribution que l'association a mis en place, le New Music Distribution Service. Carla Bley est devenue la véritable égérie de l'avant-garde du temps.

À l'automne de 1965, elle forme avec Mike Mantler – qu'elle épousera après avoir divorcé de Paul Bley en 1967 –, le quintette Jazz Realities, au sein duquel on trouve le saxophoniste Steve Lacy, le bassiste Kent Carter et le batteur Aldo Romano ; ce quintette effectue des tournées en Allemagne et en Autriche. En 1967, elle compose A Genuine Tong Funeral, vaste suite orchestrale commandée et enregistrée par le quartette de Gary Burton. Le bassiste Charlie Haden lui demande plusieurs pièces et arrangements pour son album Liberation Music Orchestra (1969). La notoriété de Carla Bley est établie. En 1971, elle achève un « jazz opera », Escalator over the Hill, sur un livret du poète Paul Haines. En 1973, Carla Bley et Mike Mantler créent un nouveau label discographique, Watt, dévolu principalement à la diffusion des albums des deux fondateurs. En 1974, un groupe new-yorkais, The Ensemble, lui commande une pièce de musique de chambre, 3/4, qui sera créée sous la direction de Dennis Russell Davies, avec Keith Jarrett au piano (et qui figure dans son album 13-3/4, 1975).

Mais bientôt s'achève le temps de la contestation et des remises en causes radicales. La Jazz Composer's Orchestra Association met fin à ses activités en 1975. Avec une très grande habileté et, souvent, une pointe d'humour, Carla Bley va[...]

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Pour citer cet article

Pierre BRETON. BLEY CARLA (1936-2023) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Média

Carla Bley - crédits : Michel Baret/ Gamma-Rapho/ Getty Images

Carla Bley

Autres références

  • BARBIERI GATO (1932-2016)

    • Écrit par Daniel SAUVAGET
    • 841 mots

    Le saxophoniste ténor argentin Gato Barbieri a adhéré en Europe à une forme d’expression purement nord-américaine, le free jazz. Installé aux États-Unis, il trouva l’inspiration en renouant avec les traditions latino-américaines – ce qui assura son succès.

    Leandro « Gato » Barbieri...

  • BLEY PAUL (1932-2016)

    • Écrit par Pierre BRETON
    • 1 500 mots

    Le free jazz est souvent identifié aux débordements d'une violence sonore incontrôlée. Il peut aussi s'incarner, de manière inattendue, dans une liberté poétique qui s'exprime à mi-voix et s'ouvre à la méditation. Telle fut la voie singulière choisie par le pianiste, synthétisiste et compositeur...

Voir aussi