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ANDRE CARL (1935-2024)

Né le 16 septembre 1935 à Quincy (Massachusetts), le sculpteur Carl Andre étudie l’art de 1951 à 1953 à la Phillips Academy d’Andover. Après un bref passage au Kenyon College de Gambier (Ohio), en 1954, il voyage en Angleterre et en France. En 1957, il s’installe à New York, où il rencontre Frank Stella dans la maison d’édition où il travaille. Influencé par Constantin Brancusi et les peintures noires de Stella, Carl Andre commence à réaliser des sculptures en bois.

À partir de 1958, date de ses premières œuvres, le sculpteur américain Carl Andre poursuit une démarche singulière, assimilée parfois au minimalisme, appellation qu'il réfute, considérant qu'elle ne correspond à rien. Contrairement à ses contemporains Donald Judd et Sol LeWitt, Carl Andre rejette la conception d'un art qui se réduirait à la mise en forme d'une idée. Insistant au contraire sur l'aspect sensible et concret de son travail, il accorde beaucoup d'importance à la réalisation de l'œuvre et à la manipulation des matériaux. Dès ses débuts, il se réfère à Brancusi, au constructiviste russe Rodtchenko, mais aussi à Stella, dont il partage l'atelier (1958-1959) et qui lui apprend l'organisation stricte des formes, l'obéissance au matériau, le refus de tout symbolisme et de toute anecdote. Comme Brancusi, il privilégie le bois, ancestral et chaleureux, s'inspirant de la « colonne sans fin » pour réaliser des structures très simples pouvant se répéter indéfiniment. Ce système de répétition et d'emboîtage en série est remarquable dans Pyramid (conçue et détruite en 1959, refaite en 1970), constituée de 74 modules de bois s'emboîtant en dégradé et en forme de X, selon un principe absolu de symétrie horizontale et verticale.

Après une coupure de quatre ans (1959-1964), pour des raisons d'ordre économique, Carl Andre reprend la sculpture en renversant le traditionnel principe vertical pour concevoir des sculptures horizontales, au sol, faites de dalles géométriques (carrées ou rectangulaires) en métal (surtout le cuivre, choisi pour sa couleur et sa texture), de taille standard et moyenne, comme son installation144 Tin Square (1975, Musée national d’art moderne-Centre Georges-Pompidou, Paris) réalisée à partir d’un assemblage au sol de carrés d’étain. Se différenciant encore des minimalistes, Carl Andre veut une sculpture accessible, « ... dans laquelle on puisse entrer, comme un jardin japonais, par exemple... ». Ses sculptures sont en général conçues pour que l'on puisse marcher dessus afin de les appréhender physiquement. Ainsi, l'une des plus spectaculaires a été réalisée à la Galerie im Körnerpark de Berlin en 1984 : 300 plaques d'acier de 1 mètre de côté et épaisses de 1 centimètre sont disposées de manière assez rapprochée dans un parc, dallage sur lequel les visiteurs circulaient librement. Sculpture-parcours mais aussi sculpture-route comme Copper Cardinal, exécutée à l’occasion d’une exposition au palais des Beaux-Arts de Bruxelles en 1974 : 67 plaques de cuivre de 50 centimètres carrés assemblées de façon rectiligne à travers trois salles d'exposition.

À partir des années 1970, Carl Andre revient à la verticalité avec une série de sculptures en bois (unités standard taillées industriellement), maintenues sans joint par leur seule pesanteur, répondant encore à cette volonté d'occuper et de tenir un espace le plus simplement possible (ARC, musée d'Art moderne de la Ville de Paris, 1979). La décennie suivante, il utilise le marbre et la pierre pour créer des sculptures où s'exacerbe le système sériel et répétitif : DerFrieden von Münster (Westfälischer Kunstverein, Münster, 1984).

Parmi les nombreuses rétrospectives de son travail, notons celle organisée dès 1970 au musée Guggenheim de New York, puis[...]

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Écrit par

  • : conservateur à l'ARC, musée d'Art moderne de la Ville de Paris
  • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Pour citer cet article

Universalis et Béatrice PARENT. ANDRE CARL (1935-2024) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • MINIMAL ET CONCEPTUEL ART

    • Écrit par Jacinto LAGEIRA, Catherine MILLET, Erik VERHAGEN
    • 6 325 mots

    S'inscrivant dans la continuité de l'esthétique édifiée par le critique d'art américain Clement Greenberg (1909-1994), l'art minimal et son alter ego l'art conceptuel peuvent être considérés comme les enfants illégitimes du modernisme. Antérieur à l'avènement du phénomène conceptuel,...

  • SCULPTURE CONTEMPORAINE

    • Écrit par Paul-Louis RINUY
    • 8 011 mots
    • 4 médias
    ...dernières années ne sont ni de la peinture ni de la sculpture », affirme Donald Judd en préambule de son manifeste. Une autre figure de l'art minimal, Carl Andre, développe un travail sur l’horizontalité de la sculpture, comprise comme un chemin à la manière d’une Colonne sans fin de Brancusi...

Voir aussi