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AUGUSTE CAÏUS JULIUS CAESAR OCTAVIANUS AUGUSTUS ou OCTAVE (63 av. J.-C. 14 apr. J.-C.)

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Le principat

À coup sûr, Octave désirait conserver ce pouvoir. Mais l'exemple de César et de Sylla l'obsède ; il sait que la monarchie est insupportable à Rome et que, comme César, il risque de rencontrer des assassins ; d'autre part, il veut éviter de se démettre, comme Sylla. Il lui faut donc non seulement se faire accepter, mais se faire désirer. Or, en 28-27, l'opinion est unanime : elle réclame un régime qui mette fin aux guerres civiles et aux pouvoirs d'exception. Antoine et Octave, chacun de son côté, l'avaient promis. C'est pourquoi, durant l'année 28, Octave, ses conseillers, son parti cherchent fiévreusement le meilleur moyen de concilier leurs ambitions et le possible ; Agrippa, Octave et Mécène auraient, selon Dion Cassius (liv. LII), débattu des avantages respectifs du retour à la république ou à la monarchie. Cela n'a rien d'invraisemblable. Finalement, un scénario est mis au point, qui aboutit, au début de 27, à la fondation d'un nouveau régime, auquel on veut donner toute la solennité possible.

Octave César commença par déclarer par un édit que l'ère des guerres civiles et des mesures exceptionnelles prendrait fin avec l'année 28 ; du même coup, il abdiquerait tous les pouvoirs successifs et extraordinaires qu'il détenait : pouvoirs constituants du triumvirat, commandement suprême, tutelle générale sur la République (à l'exception du consulat). Et, sa mission accomplie – la fin des guerres civiles, la paix –, il remettrait les pouvoirs à leurs détenteurs légitimes, le Sénat et le peuple. Mais, en vertu même de ses pouvoirs constituants, il devait faire quelque chose de plus : proposer un nouvel ordre des choses, une nouvelle constitution, qui permît à Rome de repartir sur des bases entièrement nouvelles, de « renaître » en somme. Tout cela fut réalisé lors de deux séances du Sénat, en janvier 27.

Il est très difficile d'analyser ce nouveau régime – le principat – car il est foncièrement ambigu et hypocrite ; on peut n'y voir, avec Tacite, qu'une monarchie de fait, sans le nom. En réalité, c'est un peu plus nuancé. D'abord, à cause de la personnalité même du prince. Ayant accompli cette « mission », César se voit en effet reconnaître, dans l'État, une place à part, exceptionnelle. Il était déjà « fils d'un Dieu » (Jules César) ; il va recevoir un nom nouveau qui attestera sa magnanimité et le rôle qu'il joue dans le destin de Rome ; plusieurs furent proposés (Romulus, par exemple), mais finalement le choix se porta sur un nom réservé aux dieux : « Auguste », qui signifie quelque chose comme « le sacré, le saint ». Autres honneurs : le droit d'orner sa maison de laurier – en tant que triomphateur perpétuel – et de porter la couronne civique, preuve tangible qu'il a sauvé Rome et que les Romains sont un peu ses clients, redevables de leur liberté. Resté consul (il l'est sans interruption depuis 31), César Auguste, avec ces seuls honneurs exorbitants, aurait pu prétendre à une sorte de tutelle morale sur l'État. Le Sénat insista cependant pour qu'il eût aussi une participation constitutionnelle au nouvel ordre des choses : il reçut donc une « province » spéciale, à savoir l'imperium proconsulaire sur certaines provinces, presque toutes celles où des armées faisaient face aux Barbares. Défini dans le temps (pour dix ans) et dans l'espace, un pouvoir de cette sorte n'est que le développement de certains précédents de l'époque républicaine. Pour le reste, c'est-à-dire les vieilles provinces et l'Italie, on en revient au système traditionnel du gouvernement par des magistrats régulièrement élus, par des promagistrats sous le contrôle éminent du Sénat.

Système impérial romain - crédits : Encyclopædia Universalis France

Système impérial romain

En apparence, on peut soutenir – comme Auguste lui-même[...]

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Écrit par

  • : maître de conférences à la faculté des lettres et sciences humaines de Caen

Classification

Pour citer cet article

Claude NICOLET. AUGUSTE CAÏUS JULIUS CAESAR OCTAVIANUS AUGUSTUS ou OCTAVE (63 av. J.-C. - 14 apr. J.-C.) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 14/03/2009

Médias

L'empereur Auguste - crédits : Peter Willi/  Bridgeman Images

L'empereur Auguste

Statue d'Auguste dite de Prima Porta - crédits : Csaba Peterdi/ Shutterstock

Statue d'Auguste dite de Prima Porta

-200 à 200 apr. J.-C. La loi romaine - crédits : Encyclopædia Universalis France

-200 à 200 apr. J.-C. La loi romaine

Autres références

  • MOI, AUGUSTE, EMPEREUR DE ROME (exposition)

    • Écrit par
    • 1 104 mots

    Le bimillénaire de la mort d’Auguste (63 av. J.-C.-14 apr. J.-C.) a été l’occasion d’une manifestation franco-italienne à la mesure du personnage célébré. Les musées du Capitole, avec son ancien directeur, Eugenio La Rocca, et son successeur, Claudio Parisi Presicce, se sont associés aux conservateurs...

  • STATUE D'AUGUSTE DITE DE PRIMA PORTA

    • Écrit par
    • 236 mots
    • 1 média

    Découverte à Prima Porta, dans une villa que possédait Livie sur l'antique territoire de Véies, la statue d'Auguste conservée dans la galerie Chiaramonti des musées du Vatican est sans doute la copie du nouveau type statuaire adopté par Auguste à la suite de la restitution des enseignes romaines...

  • ACTIUM BATAILLE D' (31 av. J.-C.)

    • Écrit par
    • 254 mots
    • 1 média

    La bataille d'Actium met un terme à un siècle d'affrontements intérieurs qui ont déchiré la République romaine, et permet au vainqueur de fonder un nouveau régime, l'Empire.

    Depuis l'assassinat de César, en — 44, deux hommes prétendent recueillir l'héritage politique...

  • AGRIPPA MARCUS VIPSANIUS (63-12 av. J.-C.)

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    • 464 mots

    Marcus Vipsanius Agrippa fait partie de ces hommes peu nombreux qui ont vu la chance passer à leur portée, et qui ont su la saisir. Il est né vers ~ 63 dans une famille modeste. Le hasard lui sourit pour la première fois à Apollonia d'Illyrie en ~ 44 : à dix-neuf ans, il rencontra Octave, dont il resta...

  • ANTOINE ou MARC ANTOINE, lat. MARCUS ANTONIUS (83-30 av. J.-C.)

    • Écrit par
    • 667 mots

    Marc Antoine, général et homme politique des dernières années de la République romaine, est resté dans l'histoire comme le fidèle lieutenant de Jules César, qui tomba amoureux de la reine d'Égypte Cléopâtre et fut vaincu par Octave (futur empereur Auguste) à la bataille d'Actium...

  • APOTHÉOSE

    • Écrit par
    • 733 mots

    C'est la « transformation en dieu ». L'apothéose désigne la divinisation des empereurs romains après leur mort. Cette notion, étrangère en elle-même aux conceptions religieuses des Romains, était cependant connue par des précédents « historiques » (disparition de Romulus lors d'une séance du Sénat...

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