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BRAQUE GEORGES (1882-1963)

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Les « Ateliers »

La peinture de Braque va connaître désormais et jusqu'à la fin de sa vie une évolution stylistique homogène. Seuls les thèmes changent pour atteindre une dimension d'une rare ambition. Dès 1938 s'amorce la série des Ateliers, interrompue par la guerre.

Braque demeure à Paris jusqu'à la Libération. L'austérité ramène provisoirement ses préoccupations au quotidien. Il entreprend des natures mortes avec verre, couteau, quignon de pain, poissons, peint plusieurs Broc sur une table de toilette, des vanités où tête de mort et palette cohabitent. C'est le retour aux thèmes ancestraux, aux racines profondes de l'homme envisagées dans une méditation quasi religieuse, qui suscite alors une peinture dépouillée de ses carnations mais lentement et économiquement construite. Cette période de l'art de Braque est marquée par les événements et ce sont de telles œuvres qui ont sans doute contribué à donner du peintre l'image superficielle d'un homme tourné vers le passé. C'est en 1943, enfin, qu'il débute une série de sculptures. Après la Libération, Braque regagne son atelier de Varengeville et entreprend immédiatement de grandes toiles. Le Salon et les trois versions du Billard, 1944-1952 (Musée national d'art moderne, Paris, coll. Jacques Gelman, Mexico). En 1948, Braque reçoit le grand prix international de la Biennale de Venise.

La maladie n'interrompt cependant pas la série des huit Ateliers, ensemble de grandes toiles exécutées entre 1949 et 1956, qui marquent l'aboutissement extrême des possibilités de cette « poétique picturale » que Braque s'était employé à mettre en œuvre. De ces ateliers, balayés d'ombres et de lumière alternées, il nous montre les objets familiers, les divers espaces captés par les miroirs successifs de la toile, ainsi que la présence du modèle, lui aussi répété, confronté avec le peintre lui-même. Braque rejoint ici le grand propos de Courbet, de Corot, de Matisse et de Picasso.

Dans l'Atelier III, 1949 (coll. Dr P. Hanssi, Vaduz), la présence de l'oiseau, qui survole la composition, annonce la place unique que celui-ci prendra comme signe et symbole au plafond de la salle Étrusque du Louvre, exécuté en 1952-1953.

Durant les dix dernières années de sa vie, la santé de Braque alla déclinant, son travail de peintre se limita à de petites toiles. Mais l'artiste entreprit alors une grande œuvre de lithographie. Après sa mort, le 31 août 1963, sa veuve fit don aux musées nationaux français d'un important ensemble de tableaux et de sculptures.

Braque exécuta aussi des vitraux (chapelle Saint-Dominique, Varengeville ; chapelle Saint-Bernard, fondation Maeght) ; il réalisa plusieurs décors de ballet pour Diaghilev, Les Fâcheux, 1923, Salade, 1924 ; Zéphir et Flore, 1925. Enfin, son œuvre de peintre illustrateur est importante : Les Ardoises du toit de P. Reverdy, 1918 ; Le Piège de Méduse de Satie, 1921 ; La Théogonie d'Hésiode, 1932 ; Lettera amorosa de René Char, 1963.

— Dominique BOZO

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Pour citer cet article

Dominique BOZO. BRAQUE GEORGES (1882-1963) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 14/03/2009

Autres références

  • GEORGES BRAQUE (C. Einstein)

    • Écrit par
    • 953 mots

    Paradoxalement, Georges Braque n'est pas un livre sur le peintre, comme le souligne Liliane Meffre, biographe de l'historien de l'art allemandCarl Einstein (1885-1940), spécialiste de ses écrits et directrice de cette publication (traduction de Jean-Loup Korzilius, coll. Diptyque, éd....

  • CUBISME

    • Écrit par et
    • 8 450 mots

    Le cubisme constitue par son aspect expérimental le mouvement artistique le plus radical du premier quart du xxe siècle. On considère généralement qu'il est à l'origine de tous les courants abstraits de l'art moderne et qu'il a exercé une influence profonde sur l'architecture et l'esthétique industrielle...

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    • Écrit par
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    C'est ainsi que, pour Jean Paulhan, « la peinture informelle apparaît un certain jour de l'année 1910 : c'est lorsqueBraque et Picasso se mettent à composer des portraits, où pas un homme de bon sens ne saurait distinguer des yeux, un nez ni une tête. Elle se poursuit, suivant des sens et des...
  • KAHNWEILER DANIEL-HENRY (1884-1979)

    • Écrit par
    • 2 242 mots
    « Découvreur » des peintures cubistes de Picasso et Braque, il leur assure une large et intelligente diffusion ; une première exposition Braque en novembre 1908 (dont le catalogue est préfacé par Apollinaire), suivie en 1910 de celle de Fernand Léger, puis Juan Gris. Pour Picasso, notamment,...
  • LAURENS HENRI (1885-1954)

    • Écrit par
    • 1 260 mots
    ...lui donne, par la taille directe des pierres sur le chantier, son métier de sculpteur ornemaniste. En 1911, sa solitude est rompue par la rencontre de Braque et la naissance d'une amitié qui ne se démentira pas. Il expose pour la première fois au Salon des indépendants en 1913. Léonce Rosenberg organise...
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