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BOUDDHISME (Les grandes traditions) Bouddhisme chinois

Le bouddhisme, du Petit et du Grand Véhicule, commence à être connu en Asie orientale à partir des ier et iie siècles de notre ère. Il pénètre jusqu'à la vallée du fleuve Jaune, en Chine du Nord, par la route des oasis qui relie la Transoxiane au Gansu, dans la péninsule indochinoise et dans la Chine du Sud par la voie des mers. Les conditions sociales, politiques et intellectuelles entre la fin des Han et le moment où se ferment les routes d'Asie centrale, vers la fin du viiie siècle, sont favorables à son implantation en Chine : des environs de 400 jusqu'au milieu du ixe siècle se situe une période de grande ferveur dont témoignent l'importance du monacat, des constructions, des sculptures, des traductions, des copies de textes sacrés, le nombre des pèlerinages de religieux chinois dans les pays bouddhisés ainsi que l'épanouissement des sectes et des écoles bouddhiques chinoises. Acclimaté dans le monde chinois, le bouddhisme marque de son empreinte tous les domaines : religion, philosophie, sciences, littérature, arts... Une réaction antibouddhique aboutit cependant à la grande proscription de 843-845 qui provoque la ruine de la plupart des grands centres de culture bouddhique, dont les traditions savantes ne seront maintenues vivantes qu'au Japon. À partir de cette époque, le bouddhisme perd en Chine l'essentiel de sa vigueur et de ses capacités créatrices. Mais il ne laisse pas d'avoir une grande importance dans la religion populaire, où il se mêle à des courants religieux purement chinois, dans les sociétés secrètes et les insurrections paysannes, ainsi que dans la pensée philosophique à l'époque des Song (xie-xiiie s.) et à la fin des Ming (xvie-xviie s.). Les bouleversements politiques de la Chine contemporaine ont précipité son déclin.

Au cours des huit premiers siècles de l'ère chrétienne

Buddha Sakyamuni - crédits : International Dunhuang Project/ Middle Way Education ; CC BY-SA 3.0

Buddha Sakyamuni

Le bouddhisme commence à se répandre hors de l'Inde à partir de l'ère chrétienne, des confins indo-iraniens aux oasis d'Asie centrale. C'est par cette voie et par les villes cosmopolites du Gansu (Dunhuang, Zhangye, Wuwei) qu'il gagnera la Chine des vallées de la Wei et du fleuve Jaune, où sa présence est attestée dès 65 après J.-C. D'autre part, les relations maritimes qui se développent entre l'océan Indien et l'Asie du Sud-Est, à partir du ier siècle de notre ère, permettront aux influences bouddhiques de pénétrer par le sud dans les pays de civilisation chinoise (partie nord de l'actuel Vietnam, Guangdong et vallée du Yangzi). La diffusion du bouddhisme dans la plus grande partie de l'Asie apparaît donc liée aux transformations politiques qui se sont produites entre les débuts de l'ère chrétienne et le xe siècle (expansions militaires vers l'Asie centrale des Han, des royaumes du Nord-Ouest chinois du iiie au vie siècle, des Tang enfin, et constitution de nouvelles unités politiques au nord-ouest de l'Inde : empires indo-scythe et kushan), ainsi qu'aux courants commerciaux qui se sont établis à travers l'Asie centrale et par la voie des mers.

Bezeklik, Chine - crédits : Philippe Wang/ Gamma-Rapho/ Getty Images

Bezeklik, Chine

En raison de la multiplication des sectes bouddhiques en Inde même, des altérations subies par le bouddhisme au cours de son expansion hors de l'Inde (ces altérations intéressent aussi bien les doctrines que les cultes et l'art bouddhiques), en raison aussi de la diversité des lieux d'origine, les influences bouddhiques qui se sont fait sentir dans les pays de civilisation chinoise sont loin d'être uniformes : ce furent celles des bouddhismes indo-iranien, cachemirien, des oasis d'Asie centrale (Khotan, Kuchā, Turfān...), de l'Inde du Nord-Est, de Ceylan, de Sumatra...

L'histoire du bouddhisme en Chine peut être divisée en trois grandes périodes : les quatre premiers siècles de notre ère sont une époque de lente assimilation et d'adaptation du bouddhisme[...]

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Écrit par

  • : professeur honoraire au Collège de France, membre de l'Institut
  • : diplômée de Chinois et de russe à l'École nationale des langues orientales, licenciée de chinois, diplômée de l'université de Pékin

Classification

Pour citer cet article

Jacques GERNET et Catherine MEUWESE. BOUDDHISME (Les grandes traditions) - Bouddhisme chinois [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Bezeklik, Chine - crédits : Philippe Wang/ Gamma-Rapho/ Getty Images

Bezeklik, Chine

Buddha Sakyamuni - crédits : International Dunhuang Project/ Middle Way Education ; CC BY-SA 3.0

Buddha Sakyamuni

Xuanzang - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Xuanzang

Autres références

  • ARHAT ou ARHANT

    • Écrit par Jean-Christian COPPIETERS
    • 308 mots

    Le terme arhat ou arhant (de la racine arh, mériter), que l'on peut traduire par « saint », désigne dans le bouddhisme ancien le stade le plus élevé dans la progression religieuse pour les adeptes du Petit Véhicule, stade qui fait suite aux étapes de srotaāpanna, de sakrdāgāmin et d'anāgāmin....

  • ASIE DU SUD-EST (art et archéologie) - Les grands empires

    • Écrit par Bernard Philippe GROSLIER
    • 4 138 mots
    • 5 médias
    ...comme sous le manteau de l'islam à Java. Sauf à Bali où, précisément, les beaux travaux de l'école hollandaise ressuscitent des archaïsmes fascinants. Le bouddhisme, lui, et par une curieuse symétrie inverse, fut chassé de l'Inde (sauf de Ceylan) mais est devenu en Birmanie, en Thaïlande, au Laos...
  • AVALOKITEŚVARA

    • Écrit par Marie-Thérèse de MALLMANN
    • 672 mots
    • 1 média

    Le mot « Avalokiteśvara » vient du sanskrit ava, de haut en bas ; lokita, racine lok, voir, regarder ; īśvara, seigneur, maître, donc « Seigneur qui regarde d'en haut », sous-entendu « avec commisération » ; il est appelé aussi Lokeśvara (loka, monde visible, īśvara). La...

  • BAREAU ANDRÉ (1921-1993)

    • Écrit par Bernard FRANK
    • 853 mots

    André Bareau a été la totale incarnation des vertus que requiert l'étude approfondie du bouddhisme et de celles qu'elle est susceptible d'apporter en retour. Né en 1921 à Saint-Mandé, il passa à dix-sept ans le concours de l'école normale d'Auteuil et s'y prépara au métier d'instituteur, mais son attirance...

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Voir aussi