BOUDDHISME (Les grandes traditions) Bouddhisme chinois

Les textes bouddhiques en chinois

La presque totalité des traductions de textes bouddhiques en chinois date de la période comprise entre le iie et le xie siècle. Ces textes, au nombre de 1 692 – sūtra (sermons qui sont censés avoir été prononcés par le Buddha), traités de métaphysique, traités de discipline, commentaires de maîtres bouddhiques –, couvrent l'ensemble du bouddhisme indien et en constituent la source écrite la plus étendue (nombre d'originaux indiens n'ont été conservés que dans leurs traductions chinoises).

Ce n'est cependant que par étapes que se sont perfectionnées les méthodes de traduction. Les premiers textes traduits, où abondent les termes du vocabulaire taoïste, sont le plus souvent obscurs et d'interprétation difficile. Parmi les traducteurs célèbres de cette première période (iie-ive s.), on peut mentionner le prince parthe An Shigao qui travailla à Luoyang de 147 à 170 et le moine indo-scythe de Dunhuang, Dharmarakṣa (en chinois Zhu Fahu), en Chine du Nord de 265 à 313. Un net progrès se produit au début du ve siècle, au moment où les traducteurs étrangers commencent à être aidés par des rédacteurs chinois vraiment cultivés. C'est de cette époque que datent en Chine du Nord les grandes traductions de Kumārajīva (344-413), Indien de Kuchā, et celles de Buddhabhadra (359-429), Indien d'Afghanistan. Au vie siècle, un autre traducteur célèbre est Paramārtha (550-569), originaire de l'Inde centrale, qui arrive en Chine du Sud en 546, venant du Cambodge méridional. Les traductions atteignent leur plus haut degré de perfection et d'exactitude à la fin du viie siècle et au début du viiie siècle avec Xuanzang (602-664) et Yijing (635-713). Le premier était un éminent sanskritiste, rompu à la métaphysique bouddhique. C'est à ce moment que sont constituées les grandes équipes de traduction formées de membres spécialisés dans diverses tâches et qu'est fixé ne varietur un vocabulaire technique permettant de traduire les textes les plus difficiles de la philosophie bouddhique.

Mais la production bouddhique en chinois est loin de se limiter à ces traductions déjà si nombreuses et si étendues : le canon bouddhique chinois compte également nombre d'ouvrages rédigés par des Chinois. Ce sont des biographies de moines éminents, des récits et notes de pèlerinage, des bibliographies du bouddhisme, des commentaires de maîtres bouddhiques, des glossaires, des sūtra apocryphes... À partir de la diffusion de l'imprimerie, au xe siècle, plusieurs éditions de ce canon bouddhique ont vu le jour en Chine, en Corée et au Japon. La dernière en date, qui est parue à Tōkyō entre 1924 et 1929 (Taishō issaikō), compte près de 40 millions de caractères chinois, l'équivalent de 40 millions de mots français.

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Écrit par

  • Jacques GERNET : professeur honoraire au Collège de France, membre de l'Institut
  • Catherine MEUWESE : diplômée de Chinois et de russe à l'École nationale des langues orientales, licenciée de chinois, diplômée de l'université de Pékin

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Pour citer cet article

Jacques GERNET, Catherine MEUWESE, « BOUDDHISME (Les grandes traditions) - Bouddhisme chinois », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le . URL :

Médias

Buddha Sakyamuni

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Bezeklik, Chine

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À Bezeklik, près de Turfan (ou Turpan, Xinjiang), ville située sur l'antique Route de la soie, plus…

Xuanzang

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L'apogée du bouddhisme chinois sous les Tang (618-907) est marquée par l'œuvre de compilation et de…

Autres références

  • ARHAT ou ARHANT

    • Écrit par Jean-Christian COPPIETERS
    • 271 mots

    Le terme arhat ou arhant (de la racine arh, mériter), que l'on peut traduire par « saint », désigne dans le bouddhisme ancien le stade le plus élevé dans la progression religieuse pour les adeptes du Petit Véhicule, stade qui fait suite aux étapes de srotaāpanna, de sakrdāgāmin et d'anāgāmin....

  • ASIE DU SUD-EST (art et archéologie) - Les grands empires

    • Écrit par Bernard Philippe GROSLIER
    • 3 642 mots
    • 5 médias
    ...comme sous le manteau de l'islam à Java. Sauf à Bali où, précisément, les beaux travaux de l'école hollandaise ressuscitent des archaïsmes fascinants. Le bouddhisme, lui, et par une curieuse symétrie inverse, fut chassé de l'Inde (sauf de Ceylan) mais est devenu en Birmanie, en Thaïlande, au Laos...
  • AVALOKITEŚVARA

    • Écrit par Marie-Thérèse de MALLMANN
    • 592 mots
    • 1 média

    Le mot « Avalokiteśvara » vient du sanskrit ava, de haut en bas ; lokita, racine lok, voir, regarder ; īśvara, seigneur, maître, donc « Seigneur qui regarde d'en haut », sous-entendu « avec commisération » ; il est appelé aussi Lokeśvara (loka, monde visible, īśvara). La...

  • BAREAU ANDRÉ (1921-1993)

    • Écrit par Bernard FRANK
    • 750 mots

    André Bareau a été la totale incarnation des vertus que requiert l'étude approfondie du bouddhisme et de celles qu'elle est susceptible d'apporter en retour. Né en 1921 à Saint-Mandé, il passa à dix-sept ans le concours de l'école normale d'Auteuil et s'y prépara au métier d'instituteur, mais son attirance...

  • BIRMANIE (MYANMAR)

    • Écrit par Denise BERNOT, Pierre-Arnaud CHOUVY, Renaud EGRETEAU, Universalis, Bernard Philippe GROSLIER, Jean PERRIN
    • 28 126 mots
    • 19 médias
    ...l'occupation des différents étages altitudinaux et ont formé une véritable mosaïque ethnolinguistique. La diversité religieuse est également importante : si près de 90 % de la population est bouddhiste (Theravãda), les chrétiens et les musulmans comptent tout de même chacun pour 4 %, et les animistes pour...
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Voir aussi