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BĪRŪNĪ (973-1050)

Abū l-Rayḥān Muḥammad b. Aḥmad al-Bīrūnī (ou Bērūnī) naquit à Kāth, capitale du Khwārizm, ou peut-être dans un faubourg d'où il aurait tiré son nom de Bīrūnī (persan : bīrūn, à l'extérieur). Selon A. M. Belenitski, il serait issu d'une famille pauvre et artisanale (il fait lui-même allusion à la gêne qu'il connut étant jeune, et il parle de sa mère en la désignant, selon une expression coranique [S. 111, 4], comme « porteuse de bois »). Il aurait nourri dans ce milieu son goût des manipulations concrètes. On lui connaît un maître, le mathématicien Abū Naṣr Manṣūr b.‘Aly b.‘Irāq al-Djilānī. Mais, comme son tempérament le portait à rechercher et à cultiver les contacts humains, on peut supposer qu'il sut très tôt tirer parti de la situation privilégiée de sa ville natale, carrefour où se croisaient marchands, voyageurs et hommes de science, parmi lesquels il trouva des informateurs et des maîtres. Ainsi, dans la préface de son traité sur les drogues, il parle d'un Grec avec qui il identifie les plantes, médicinales et autres, en lui demandant leur nom dans sa langue (ce qui était très important pour utiliser les sources grecques, Dioscoride, Galien, Oribase, Paul d'Égine). Il semble avoir très vite connu et parlé plusieurs langues : le sogdien, l'arabe, le turc, le persan, le syriaque, l'hébreu et le grec (bien qu'il ait en général lu les ouvrages grecs en traduction). Plus tard, il apprit le sanscrit et divers dialectes de l'Inde. En même temps, sa curiosité portait sur l'ensemble de la terre habitée (al-ma ‘mūra, l'œcoumène).

Le savant

En 995, Bīrūnī effectue des mesures astronomiques dans le sud du Khwārizm, sur la rive gauche de l'Amū Daryā, avec des instruments dont l'importance semble prouver qu'il travaillait dans un observatoire officiel. Il se rend auprès du sultan sāmānide Manṣūr II b. Nūḥ (997-999), qu'il a loué comme son premier bienfaiteur. Mais des troubles ont lieu dans le pays : le prince de Gurgandj, Ma'mūn b. Muḥammad, renverse l'ancienne dynastie et prend le titre de Khwārizmshāh. Bīrūnī quitte alors son pays. C'est à ce moment sans doute qu'il fait un bref séjour à Rayy, où vraisemblablement il étudie les œuvres d'Abū Bakr Muḥammad b. Zakariyyā al-Rāzī (Rhazès), dont il compose la bibliographie. Puis il se rend à Djurdjān, à la cour du ziyāride Qābūs b. Washmgīr, dont la puissance s'était affermie dans ce pays en 998. C'était là un centre où se réunissaient de nombreux savants. Selon R. Wright, Bīrūnī entretint des relations avec ce prince jusqu'à son retour dans sa patrie qui doit se situer avant le renversement de Qābūs (1012). C'est à cette époque que Bīrūnī compose son grand ouvrage les Vestiges des siècles passés, appelé couramment Chronologie.

Dans la Chronologie, Bīrūnī signale plusieurs de ses ouvrages antérieurs : Livre du témoignage tiré du désaccord des observations (qui traite des mesures astronomiques) ; Des rayons et des lumières dépouillés des sottises inscrites dans les livres (sur le problème de la projectio radiorum, calcul trigonométrique des deux points de l'écliptique coupés par un cercle de 60, 90 ou 120 degrés ayant pour centre une planète) ; Avertissement contre l'art de faire illusion que sont les jugements astrologiques et Livre des soleils guérisseurs des âmes (sur la conjonction des astres et la durée de la vie humaine déterminée par les seules planètes) ; Histoire des Mubayyida et des Qarmates (il s'y réfère dans son chapitre sur les « ères des pseudo-prophètes ») ; Livres des merveilles de la nature et des étrangetés de l'art (sur les incantations, les charmes et les talismans).

Pendant son séjour à Djurdjān, Bīrūnī s'intéresse à la mesure exacte[...]

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Écrit par

  • : membre de l'Institut, professeur émérite à l'université de Paris-IV-Sorbonne

Classification

Pour citer cet article

Roger ARNALDEZ. BĪRŪNĪ (973-1050) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ISLAM (La civilisation islamique) - Les mathématiques et les autres sciences

    • Écrit par Georges C. ANAWATI, Universalis, Roshdi RASHED
    • 22 273 mots
    • 1 média
    ...domaine des mesures, al-Khāzinī, vers 1100, se référant aux travaux des Anciens (Archimède, Aristote, Euclide, Ménélas, Pappus) et surtout à ceux de Bīrūnī en vue de déterminer le poids spécifique, donna dans son ouvrage Balance de la sagesse (Mīzān al-ḥikma) une théorie détaillée de la balance...

Voir aussi