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BIEN ÉCONOMIQUE

Les multiples catégorisations des biens économiques

Des considérations, au départ souvent d'origine juridique, tenant à la nature des biens, ont permis d'opérer nombre de distinctions dichotomiques entre biens fongibles (qui se consomment par l'usage et qui peuvent être remplacés par une chose analogue) et non fongibles, entre biens meubles (qui peuvent être déplacés) et immeubles, biens divisibles et indivisibles, homogènes et hétérogènes, biens de luxe et biens ordinaires. Les biens sont également classés en fonction de leur durabilité (durables, non durables – consomptibles par le premier usage –, semi-durables) et selon le secteur d'activité et les techniques de production mises en œuvre (biens agricoles, artisanaux, miniers, industriels, etc.). Des subdivisions supplémentaires aboutissent dans ce dernier cas aux complexes nomenclatures d'activités et de produits de la statistique économique contemporaine.

La distinction entre biens (matériels) et services (immatériels) a d'abord été considérée comme allant de soi et les théories économiques classique et marxiste ont longtemps fait prévaloir l'idée que ces derniers n'étaient pas des biens économiques parce qu'ils ne relevaient pas d'une activité productive. L'évolution économique fait une place de plus en plus importante aux services marchands, dotés de prix leur donnant une valeur d'échange et produits comme les autres biens à partir de biens et de services marchands ; ces services marchands ont donc finalement été considérés, au xxe siècle, comme des biens immatériels ; ils sont devenus une catégorie particulière, d’importance croissante, de biens économiques.

La distinction entre biens gratuits et non gratuits est apparue initialement tout aussi évidente, et l'exclusion des premiers de la catégorie des biens économiques a semblé logique, dans la mesure où ils n'avaient pas de prix et n'étaient généralement pas issus d'un processus de production économique. L'admission des services dans la catégorie des biens économiques et la prise en considération du fait que certains d'entre eux, particulièrement ceux que rendent les administrations, sont utiles et ont un coût monétaire à défaut d'avoir un prix de marché, a conduit à les ranger parmi les biens économiques, comme « services non marchands », catégorie dont la délimitation précise et les modalités d'évaluation font encore l'objet de débats.

Enfin, les progrès de l'analyse économique ont conduit à distinguer différentes catégories de biens en fonction de leurs propriétés purement économiques. La plus traditionnelle distingue les biens de consommation (satisfaisant directement les besoins humains) et les biens de production (permettant de produire d'autres biens) – parmi lesquels on distingue les biens de capital (ou capital fixe, composé de biens durables qui ne s'usent que progressivement) et les produits (ou consommations) intermédiaires immédiatement détruits (ou transformés) dès leur première utilisation dans le processus de production. Cette distinction se substitue, sans lui correspondre exactement, à la distinction plus ancienne entre capital fixe et capital circulant.

On oppose aussi les biens substituables (qui ont le même usage) aux biens complémentaires (qui doivent ou peuvent être associés dans l'usage), parce qu'ils ont des relations demande-prix différentes. Dans le premier cas, la quantité demandée d'un bien augmente si le prix de l'autre augmente ; dans le second cas, elle diminue. On distingue également les biens normaux (qui ont une relation revenu-demande normale) et les biens inférieurs, dont la demande augmente lorsque le revenu baisse.

Enfin, l'analyse économique a raffiné la distinction traditionnelle entre les biens privés (qui peuvent faire l'objet[...]

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Écrit par

  • : maître de conférences de sciences économiques à l'université de Montpellier-I

Classification

Pour citer cet article

Marc PÉNIN. BIEN ÉCONOMIQUE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

David Ricardo - crédits : AKG-images

David Ricardo

William Stanley Jevons - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

William Stanley Jevons

Autres références

  • ACTUALISATION, économie

    • Écrit par Alain COTTA
    • 744 mots

    Le terme actualisation désigne, en économie, un procédé qui permet de comparer l'évaluation d'un même bien ou celle des services qu'il rend en différents moments du temps. Quelle que soit l'évaluation d'un bien (prix de marché, coût de production, etc.), il est...

  • BIEN, sociologie

    • Écrit par Michel LALLEMENT
    • 627 mots
    • 1 média

    La science économique a longtemps revendiqué avec succès le monopole légitime de l’analyse des biens. Dans sa version dominante, elle rend compte de la production et de l’appropriation d’un bien privé, qu’il s’agisse d’une tomate ou d’un soin dentaire, en suivant les règles d’une institution,...

  • CAPITAL

    • Écrit par Ozgur GUN
    • 1 387 mots

    Le mot capital peut prendre, en économie, plusieurs significations différentes. Issu du mot latin caput, « tête », il désigne d'abord celui qui dirige parce qu'il détient le pouvoir que confère l'argent. Mais ce sens premier est atténué (voire disparaît) lorsqu'on appelle capital un ensemble de biens...

  • COMMERCE INTERNATIONAL - Théories

    • Écrit par Lionel FONTAGNÉ
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    Les échanges de biens non finis se développent en accord avec cette nouvelle logique de globalisation. Au sein des pays industrialisés, la moitié des échanges portent sur des produits intermédiaires, « réintroduits » dans le processus de production. L'exemple type est la fabrication d'un micro-ordinateur...
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Voir aussi