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BAÏBARS ou BAYBARS (1223-1277)

L'homme politique

Dans une sorte de discours-programme, Baïbars, qui passe à la postérité comme un grand constructeur, énonce ses farouches décisions : « Ne manquez pas de veiller sur les places frontières avec zèle. Aucune de ces forteresses ne réclame plus de soins que les villes situées près du rivage de la mer, que les ennemis observent et convoitent perpétuellement. » Mais ces précautions militaires ne lui paraissaient pas suffisantes. Il fallait être informé rapidement et pouvoir envoyer des ordres avec célérité. Baïbars crée un service postal régulier : deux fois par semaine, il reçoit des renseignements de toutes les parties de l'empire. Les nouvelles plus urgentes étaient transmises par pigeons, elles étaient remises sans délai. Il arriva au sultan d'en prendre connaissance dans une nudité presque complète : une telle mise en scène tendait à accroître le zèle des fonctionnaires.

Sa conduite est dictée par une volonté de fer : il constitue en Égypte un gouvernement fort par la suppression des derniers restes des principautés ayyūbides et ainsi il annihile toutes les velléités d'indépendance ; enfin, pour que la politique musulmane conserve son prestige, il accueille un rejeton des califes ‘abbāsides de Bagdad, dont le dernier avait été mis à mort par Hūlāgū en 1258. Ce fut un trait de génie, bien que le titre fût alors dépourvu de prestige. Mais le geste de Baïbars n'est pas purement spirituel, car le souverain en a prévu la conséquence immédiate et tangible, la suzeraineté sur le Ḥidjāz. Dans le même ordre d'idées, Baïbars fit preuve d'une très grande activité : il fait restaurer la mosquée de Médine, envoie une clef pour la porte de la Ka‘ba, et enfin fait réciter le prône à son nom à La Mecque. Il s'octroie en outre le monopole de l'envoi annuel du voile qui recouvre le Temple de la ville sainte. C'est grâce à ces gestes que le royaume des Mamlouks s'intitula dans les pièces officielles « l'empire islamique ».

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Écrit par

  • : membre de l'Institut, professeur honoraire au Collège de France

Classification

Pour citer cet article

Gaston WIET. BAÏBARS ou BAYBARS (1223-1277) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 14/03/2009

Autres références

  • ÉGYPTE - L'Égypte arabe

    • Écrit par
    • 8 924 mots
    • 2 médias
    Baibars, le grand responsable de la révolution, dut attendre dix ans avant de monter sur le trône, à la suite de l'assassinat de son prédécesseur Qutuz, lequel venait de s'illustrer par la victoire de Ain Djālūt sur les Mongols. Son règne glorieux de seize ans fit oublier les meurtres de l'ancien officier....
  • LATINS D'ORIENT ÉTATS

    • Écrit par
    • 3 047 mots
    • 3 médias
    ...; le royaume perdait définitivement Tibériade et Ascalon. La croisade de Saint Louis rétablit la situation. Mais, à partir de 1263, le sultan mamelouk Baïbars, redoutant une collusion entre les Francs et les envahisseurs mongols, qui avaient effectivement bénéficié de l'aide du prince d'Antioche (auquel...
  • MOU'ĪN AL-DIN SULAYMĀN PERVĀNÈ (mort en 1277)

    • Écrit par
    • 467 mots

    Fils d'un vizir du sultan seldjoukide Kaykhosraw II (1237-1246), Mou'īn al-din Sulaymān occupe très tôt des postes importants et est gouverneur de la province de Tokat, puis de celle d'Erzindjan ; il reçoit en 1256 le titre de Pervānè, correspondant à peu près à celui de grand vizir : de fait,...

  • SULTANAT MAMELOUK

    • Écrit par
    • 206 mots
    • 1 média

    Les Mamelouks héritent de la principauté syro-égyptienne mise en place par Saladin en 1171 et dirigée par les Ayyoubides jusqu'en 1250. À cette date, ces esclaves militaires, qui constituent le régiment enrôlé au Caire par le dernier prince ayyoubide, se révoltent contre leurs maîtres. En 1260,...