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WATTEAU ANTOINE (1684-1721)

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Watteau peintre

Amour paisible, A. Watteau - crédits : Stiftung Preussische Schlösser und Gärten, Berlin-Brandenburg, Postdam

Amour paisible, A. Watteau

Les Plaisirs du bal, Sérénade italienne, L'Enchanteur, Le Conteur ou L'Indiscret, La Game d'amour, L'Île enchantée... autant de titres qui évoquent ces représentations de fêtes galantes dont Watteau est plus ou moins le créateur, donnant une tonalité particulière à la peinture du xviiie siècle. Rappelons toutefois que s'il est l'inventeur de ces sujets, leurs titres sont postérieurs à sa mort, puisque ce sont ceux des estampes que l'on a tirées de ses tableaux et que ces titres mêmes restent d'une grande ambiguïté : ainsi ignorons-nous si Les Fêtes vénitiennes (National Gallery, Édimbourg) ou L'Isle de Cythère (Städelsches Kunstinstitut, Francfort) font allusion à un épisode des pièces de ce nom, ou sont censées les représenter. C'est tout le problème de la définition de la fête galante, et de la frontière qui la sépare du théâtre. Dans Sous un habit de mezetin (Wallace Collection, Londres), l'on reconnaît Sirois et sa famille, Vleughels est représenté dans Les Fêtes vénitiennes comme dans Les Charmes de la vie (Wallace Collection, Londres), et il faut voir dans La Famille (coll. part.) les Lebouc-Santussan, familiers et collectionneurs de Watteau. Quelques exemples parmi tant d'autres qui intriguent depuis deux siècles et auxquels on a tenté, souvent vainement, d'apporter des réponses.

<it>La Danse</it>, A. Watteau - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

La Danse, A. Watteau

Qu'est-ce au juste que la fête galante sinon la réunion, de préférence dans un jardin aux beaux arbres, animé de sculptures et de fontaines, ou sur la terrasse de quelque architecture raffinée d'hommes et de femmes assemblés pour deviser, se conter des mots d'amour, faire de la musique, danser ? Ils sont vêtus d'étoffes soyeuses, aux coloris raffinés, et le retombé des manteaux, les collerettes, les manchettes, les costumes « à l'espagnole » évoquent tantôt les modes du siècle précédent, tantôt les habits « comiques », c'est-à-dire de comédie, de théâtre. Même lorsqu'il peint Les Bergers (Charlottenbourg, Berlin) ou la Danse champêtre (coll. part., États-Unis), Watteau ne peut s'empêcher d'y placer une jeune femme en robe de satin, un jeune homme serré dans un élégant pourpoint et dont le béret est orné d'une plume. L'on ne sait pas davantage si L'Accordée de village ou la Récréation italienne font référence à une représentation théâtrale ou une scène de mœurs. Certes, dans Le Conteur ou la Sérénade italienne, dans Arlequin, Pierrot et Scapin, le Donneur de sérénade et plus encore dans le Gilles-Pierrot, l'ambiguïté semble levée, et l'on a l'impression que Watteau a juste voulu représenter de vrais comédiens dans leurs attitudes et leurs costumes traditionnels. Mais c'est oublier qu'il avait des coffres remplis de costumes de théâtre dont il priait ses amis de bien vouloir se vêtir, et une peinture comme Les Plaisirs du bal (Picture Gallery, Dulwich) regroupe dans une architecture scénographique une cinquantaine de figures, parmi lesquelles un Pierrot, un comédien en costume de Folie, des personnages vêtus à la mode Louis XIII, un page sorti tout droit de chez Rubens, un danseur dans la position de L'Indifférent, et de nombreux élégants et élégantes en robes et manteaux de satin. Cet exemple accompli de fête galante aux personnages multiples ne doit pas faire oublier les peintures consacrées à une seule figure, illustrant un type de comédien ou de danseur comme L'Indifférent et La Finette, La Pollonoise ou La Rêveuse, ou dans un autre registre La Marmotte et La Fileuse, parfois de véritables portraits comme La plus belle des fleurs, Retour de chasse et surtout Le Mezetin, (Metropolitan Museum, New York), personnage dont le visage tourmenté et le dessin préparatoire qui lui sert d'étude montrent clairement que ce costume brillant abrite un individu dont[...]

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Pour citer cet article

Marianne ROLAND MICHEL. WATTEAU ANTOINE (1684-1721) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 14/03/2009

Médias

La Comédie italienne, A. Watteau - crédits : courtesy National Gallery of Art, Washington

La Comédie italienne, A. Watteau

Amour paisible, A. Watteau - crédits : Stiftung Preussische Schlösser und Gärten, Berlin-Brandenburg, Postdam

Amour paisible, A. Watteau

<it>La Danse</it>, A. Watteau - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

La Danse, A. Watteau

Autres références

  • L'EMBARQUEMENT POUR L'ÎLE DE CYTHÈRE (A. Watteau)

    • Écrit par
    • 214 mots

    Watteau est reçu, en 1712, comme membre agréé à l'Académie royale de peinture et de sculpture, qui réunissait les principaux peintres, sculpteurs et graveurs parisiens. Comme c'était la règle, il devait fournir au plus vite un « morceau de réception » afin d'en être définitivement membre. Il fallut...

  • WATTEAU APRÈS WATTEAU - (repères chronologiques)

    • Écrit par
    • 356 mots

    1717 La réception de Watteau à l'Académie royale de peinture et de sculpture consacre son intégration à la communauté artistique parisienne.

    1719-1720 Le séjour de Watteau en Angleterre est à l'origine de la connaissance de son œuvre outre-Manche, aussi bien par la peinture que par l'...

  • WATTEAU ET LA FÊTE GALANTE (exposition)

    • Écrit par
    • 995 mots

    Une mémorable rétrospective au Grand Palais, à Paris, avait célébré, en 1984, le bicentenaire de la naissance d'Antoine Watteau (1684-1721). Nul anniversaire, nulle commémoration ne justifiaient Watteau et la fête galante, organisée par le musée des Beaux-Arts de Valenciennes et qui, en...

  • ART (Aspects culturels) - L'objet culturel

    • Écrit par
    • 6 295 mots
    • 6 médias
    ...d'exprimer cette réalité ; il existe de longues périodes de « vacance » dans l'histoire de l'art ; il n'y a ni automatisme, ni conformité. L'œuvre d'un Watteau, dont Groethuysen explique que les personnages virevoltants sont l'équivalent plastique de l'esprit de finesse, brillant, paradoxal, contourné,...
  • GILLOT CLAUDE (1673-1722)

    • Écrit par
    • 354 mots

    Avoir été le maître d'un très grand artiste peut notablement desservir une réputation : tel est le cas de Claude Gillot que l'on ne connaît plus guère que pour son association avec Watteau. Gillot était né à Langres, dans une famille de peintres ; sa biographie est mal connue, et on ne sait pas à...

  • JULLIENNE JEAN DE (1686-1766)

    • Écrit par
    • 329 mots

    Grand mécène et protecteur de Watteau, dont il posséda plus de quatre cents dessins et jusqu'à quarante tableaux, Jean de Jullienne tenait sa fortune de l'industrie teinturière : Colbert avait appelé sa famille, des marchands hollandais, à Paris où il naquit. En 1721, il prit possession des ateliers...

  • LANCRET NICOLAS (1690-1743)

    • Écrit par
    • 866 mots
    • 2 médias

    Une formation traditionnelle — apprentissage de la gravure, enseignement de d'Ulin, professeur à l'Académie, puis fréquentation de l'école de l'Académie, où il se fait suspendre pour indiscipline — aurait dû amener Lancret à devenir peintre d'histoire. Mais il découvre l'art de Watteau, peut-être...

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