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ALLEMAGNE (Politique et économie depuis 1949) Le processus de réunification

L'effondrement de la R.D.A.

Ne pouvant incarner l'ensemble de la nation allemande et ne disposant d'aucune légitimité démocratique, la R.D.A. était un État artificiel, créé par l'U.R.S.S. au nom d'une idéologie totalitaire, avec le concours des communistes allemands. Cet État était rejeté par une bonne partie de la population, comme en témoignent la révolte des ouvriers, le 17 juin 1953, et les millions de réfugiés est-allemands passés en Allemagne de l'Ouest. Pour retenir ses ressortissants, la R.D.A. entreprit, le 13 août 1961, la construction du Mur de Berlin, après avoir installé un rideau de fer, sans cesse perfectionné, le long de la frontière interallemande. Sans les tanks soviétiques en 1953 et le Mur de Berlin en 1961, la R.D.A. se serait sans doute effondrée rapidement. Il est cependant difficile de savoir dans quelles conditions la question allemande aurait été réglée, les Occidentaux souhaitant, de leur côté, une Allemagne démocratique et libérale, intégrée au camp occidental.

Après 1961, la population dut s'accommoder d'un régime de coercition qu'elle n'acceptait pas mais qui lui procurait des garanties sur le plan social ; elle connaissait les différences de niveau de vie qui existaient par rapport à l'Allemagne de l'Ouest. À partir des années 1970, les responsables de Berlin-Est développèrent de façon limitée les rapports avec la République fédérale, cela pour éviter l'implosion du régime. Ils ne pouvaient aller très loin par crainte de ne pas maîtriser des exigences grandissantes, notamment la liberté de voyager.

La chute du Mur de Berlin - crédits : Régis Bossu/ Sygma/ Getty Images

La chute du Mur de Berlin

Le régime communiste de la R.D.A. a été ébranlé par l'impact des réformes en Pologne, en Hongrie et en U.R.S.S., qui montraient à la population que le socialisme policier, peureux et sclérosé, ne constituait pas un ordre immuable. L'isolement d' Erich Honecker, l'homme fort depuis 1971, est devenu évident lorsque Mikhaïl Gorbatchev s'est ouvertement prononcé en faveur des réformes le 7 octobre 1989 à Berlin-Est, lors du quarantième anniversaire de la fondation de la R.D.A. (Honecker démissionnait onze jours plus tard). À la remise en cause venue de l'Est et à l'attrait grandissant de la République fédérale s'ajoutait la déstabilisation intérieure due aux réfugiés et aux manifestants. Par dizaines de milliers, les habitants de R.D.A. se sauvaient en Allemagne de l'Ouest en passant par les pays de l'Europe de l'Est. Sortis des églises, seuls endroits où la contestation pouvait s'exprimer librement, les manifestants réclamèrent à partir de l'automne de 1989 le droit à l'émigration, puis la réforme du régime ; doutant de la volonté des communistes à conduire de tels changements, ils se prononcèrent pour l'unité allemande à partir de la fin de novembre. L'ouverture du Mur de Berlin réalisée le 9 novembre dans la panique et le début du dialogue avec l'opposition autour de la Table ronde ne constituaient pas des gages suffisants. Aux premières élections libres à la Chambre du peuple, le 18 mars 1990, les chrétiens démocrates de Lothar de Maizière l'emportèrent largement avec 40,82 p. 100 des voix, les communistes, qui se présentaient sous l'étiquette du nouveau parti du socialisme démocratique, n'arrivant qu'à 16,40 p. 100. La voie des négociations directes entre les deux États allemands était ouverte.

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle

Classification

Pour citer cet article

Henri MÉNUDIER. ALLEMAGNE (Politique et économie depuis 1949) - Le processus de réunification [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Lothar de Maizière - crédits : Patrick Piel/ Gamma-Rapho/ Getty Images

Lothar de Maizière

1989 à 1999. Le monde contemporain - crédits : Encyclopædia Universalis France

1989 à 1999. Le monde contemporain

Bismarck impose ses conditions - crédits : Ullstein Bild/ Ullstein Bild/ Getty Images

Bismarck impose ses conditions

Autres références

  • ALLEMAGNE - Les institutions

    • Écrit par Stéphane SCHOTT
    • 4 249 mots

    Les institutions de la république fédérale d’Allemagne sont définies par la Loi fondamentale (L.F.), ou Grundgesetz, du 23 mai 1949. Pensé à l’origine comme une Constitution provisoire pour l’Allemagne de l’Ouest, le Grundgesetz s’applique à toute l’Allemagne depuis le 3 octobre 1990....

Voir aussi