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BANCQUART ALAIN (1934-2022)

Né le 20 juin 1934 à Dieppe, le compositeur français Alain Bancquart effectue ses études au Conservatoire national supérieur de musique de Paris de 1952 à 1960 (alto avec Étienne Ginot, musique de chambre avec Joseph Calvet, contrepoint et fugue avec Simone Plé-Caussade, composition avec Darius Milhaud), devient alto solo à l'Orchestre national (1961-1973), puis assure la direction artistique des orchestres de régions de l'ORTF (1973-1974) et de l'Orchestre national de France (1975-1976). Il est inspecteur de la musique au ministère de la Culture et de la Communication (1977-1984) et, parallèlement, producteur à Radio-France des programmes « Perspectives du xxe siècle ». En 1977, Alain Bancquart participe – avec Tristan Murail et Hugues Dufourt – à la fondation du CRISS (Collectif de recherche instrumentale et de synthèse sonore), qui sera actif durant trois ans ; ainsi mêle-t-il tout naturellement l'électronique aux instruments traditionnels dans son opéra L'Amant déserté (1978), sur un texte de son épouse, la poétesse et romancière Marie-Claire Bancquart (1932-2019), et de Pierre Dalle Nogare (1934-1984). Il a enseigné la composition au Conservatoire national supérieur de musique de Paris (1984-1995).

Entre lyrisme et symphonisme

Son tempérament lyrique – il puise souvent son inspiration dans la poésie, comme dans Les Cinq Dits de Jean-Claude Renard (1986-1987) ou dans Quand nasture se desnature, pour voix de femme, clavecin et violoncelle (2001), d’après un fragment des Tragiques d'Agrippa d'Aubigné – s'exprime avant tout dans la musique de chambre et dans les œuvres pour orchestre. Ses vastes compositions (Symphonie en trois mouvements, 1963, où il commence son travail d'appropriation de la grande forme ; Première Symphonie, 1979-1980 ; Deuxième Symphonie, 1981 ; Troisième Symphonie « Fragments d'Apocalypse », d'après l'Apocalypse de Jean, avec ténor, deux basses et deux chefs d'orchestre, 1983 ; Quatrième Symphonie, 1985 ; Cinquième Symphonie « Partage de midi », d'après la pièce de Claudel, avec un baryton, 1992 ; Sixième Symphonie, en souvenir de Louis Saguer, pour orchestre de flûtes, 2006 ; Septième Symphonie « Lecture des ténèbres », pour orchestre à cordes, 2009 ; Huitième Symphonie « Viendrait peut-être Qui » , d’après des textes de Marie-Claire Bancquart, pour neuf voix et grand orchestre, 2018) en font, non seulement par ce corpus devenu peu commun, mais aussi par l'écriture polyphonique qu'il y développe, un remarquable symphoniste.

Bancquart est aussi l'un des grands polyphonistes contemporains. Le souci de la superposition de deux propos équivalents s’affiche dans deux des six volets du Livre du Labyrinthe (1994-1999) : Prologue « empile » ainsi deux pièces, Portrait de Minotaure, avec Labyrinthe, pour viole d'amour et fagott, et Jeux de monstre, pour clarinette, viole d'amour et violoncelle, tandis que Labyrinthe/Miroir en « combine » cinq, à savoir Vol d'Icare, pour flûte et guitare électrique, Dédale, pour violoncelle et harpe, Minotaure, pour clarinette et cymbalum, Fil d'Ariane, pour deux percussions, et Labyrinthe/Miroir, pour piano seul. Ce travail sur la polyphonie apparaît également dans Transparences, pour violon et violoncelle (2002), où Bancquart fait entendre simultanément deux œuvres antérieures (…Vous devenez une île heureuse…, pour viole d’amour, 1996, et Dans le rêve d’Ariane, pour violon, 1997), ainsi que dans Polyphonie étrange, pour deux pianos (2011).

Alain Bancquart applique la pensée sérielle, pratiquant cependant un langage qui repose sur l'emploi de séries partielles ; par ailleurs, il se consacre à partir de 1967 à l'étude des micro-intervalles, des modes défectifs et des espaces non octaviants. Il est ainsi l'un des premiers à défricher l'univers[...]

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Écrit par

  • : compositeur, critique, musicologue, producteur de radio

Classification

Pour citer cet article

Alain FÉRON. BANCQUART ALAIN (1934-2022) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ULTRACHROMATISME

    • Écrit par Alain FÉRON
    • 976 mots

    Le Mexicain Julián Carrillo (1875-1965), le Tchèque Alois Hába (1893-1973) et le Français d'origine russe Ivan Wyschnegradsky (1893-1979) sont, dans les années 1920, les véritables défricheurs ainsi que les premiers théoriciens de la musique ultrachromatique, caractérisée par l'emploi...

Voir aussi