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AI WEIWEI (1957- )

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Le temps de la contestation

En 2005, Ai Weiwei est invité à rédiger un blog pour le portail Internet chinois Sina. Bien qu'il utilise dans un premier temps cet outil comme une vitrine de sa vie mondaine, il s'en sert bientôt comme une tribune pour exposer ses critiques souvent radicales du régime chinois. Conçu entièrement par Internet à l'occasion de la Documenta 12 de Kassel en Allemagne, le projet d'«  installation vivante » Fairytale (2007) vise à faire venir mille un Chinois pour visiter la ville pendant le festival d'art contemporain. Près d'un an après le séisme survenu en 2008 dans le Sichuan – au cours duquel des milliers d'élèves ont péri sous les décombres d'écoles construites de manière trop expéditive –, Ai Weiwei critique sévèrement les autorités pour avoir caché le nombre des victimes, et demande à ses lecteurs, de plus en plus nombreux, de mener l'enquête. Née de cette initiative, l'installation Remembering (2009) réunit à Munich neuf mille sacs à dos colorés, disposés sur un mur pour constituer une phrase en chinois, citant les propos d'une mère dont l'enfant a péri au cours du séisme. Son blog est rapidement censuré et Ai Weiwei placé sous surveillance, mais il refuse de réduire ses activités. Il utilise dès lors Twitter pour se faire entendre en ligne et diffuse des photographies prises par le biais de son téléphone portable.

En 2010, Ai Weiwei présente une installation dans la Turbine Hall de la Tate Modern à Londres. Elle rassemble des millions de « graines de tournesol » en porcelaine, fabriquées et peintes à la main par des artisans chinois. Il encourage les visiteurs à marcher sur les graines, considérant ces sculptures fragiles comme une métaphore des masses chinoises piétinées par le pouvoir en place. Créée à l'occasion de la biennale de São Paulo en 2010, son installation Circle of Animals/Zodiac Heads réunit douze statues de bronze inspirées du zodiaque chinois. Les originaux, réalisés par des jésuites européens au xviiie siècle pour l'empereur Qianlong et pillés en 1860 pendant la guerre de l'opium par les troupes britanniques et françaises, sont devenus un symbole d'humiliation nationale.

L'atelier d'art et de culture conçu par Ai Weiwei à Shanghai, dont la construction a commencé en 2008 à la demande du maire de la ville, est rasé en 2010 sur injonctions de ces mêmes autorités locales. Ai Weiwei est assigné à résidence quelque temps. En 2011, il est arrêté pour « crimes économiques » au cours d'une opération menée dans le cadre de vastes mesures de répression contre la dissidence. À la suite de cet incident, Ai Weiwei et son œuvre acquièrent une notoriété internationale. En 2012, alors qu'il est interdit de sortie du territoire, le musée du Jeu de Paume à Paris présente une rétrospective de son œuvre photographique et ses vidéos. Avec trois autres artistes étrangers, Ai Weiwei représente l'Allemagne lors de la biennale de Venise en 2013.

— John M. CUNNINGHAM

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John M. CUNNINGHAM. AI WEIWEI (1957- ) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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Média

<em>So Sorry</em>, Ai Weiwei - crédits : Miguel Villagran/ Getty Images Entertainment/ AFP

So Sorry, Ai Weiwei

Autres références

  • CHINOISE CIVILISATION - Les arts

    • Écrit par , , , , , et
    • 54 368 mots
    • 37 médias
    Ai Weiwei (né en 1957) et Huang Rui (né en 1952) sont perçus comme des provocateurs. Ce sont des opposants. Le premier est un adepte des coups d'éclat. Courageux, voire téméraire, il dénonce ouvertement via Internet, ce que cherche à cacher le régime. D'autre part, entouré de nombreux collaborateurs,...