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SOCIÉTÉS ANIMALES

Les fonctions des sociétés

Une organisation sociale représente une forme d'adaptation à l'environnement. C'est une stratégie de coopération qui repose sur des actes altruistes, c'est-à-dire des comportements qui supposent un coût pour l'individu et un bénéfice pour ses partenaires. Cela résulte de l'action de différentes forces qui s'exercent au cours de l'évolution des populations et des espèces (tabl. 2).

Sociétés animales : la coopération et ses origines - crédits : Encyclopædia Universalis France

Sociétés animales : la coopération et ses origines

Suricates - crédits : Martin Harvey/ The Image Bank/ Getty Images

Suricates

Les causes de la vie en groupe

Diverses circonstances écologiques peuvent expliquer que des animaux vivent ensemble. Le risque de la prédation représente un important facteur de regroupement. Il oblige les animaux à se protéger par différents moyens. La défense collective est une première stratégie. Il n'est pas rare de voir un faucon se faire « houspiller » par un vol de moineaux qui vont le chasser malgré leur taille nettement inférieure, ou encore des babouins défendre un des leurs contre un léopard. Une deuxième stratégie est la vigilance. L'effet de surprise étant nécessaire à de nombreux prédateurs, plusieurs paires d'yeux valent mieux qu'une ; c'est le cas chez le pigeon ramier où le temps de détection des rapaces est d'autant plus court que la dimension du groupe est importante. Une étude a même montré chez un oiseau africain, le cratérope, que des individus sentinelles émettent une vocalisation spéciale qui informe leurs compagnons de l'absence de danger, leur permettant ainsi de s'alimenter longuement, sans avoir à surveiller fréquemment leur voisinage. Un autre avantage de la vie en groupe est ce qu'on appelle l'effet de dilution : plus les animaux sont nombreux et plus faibles sont les chances de chacun d'entre eux d'être capturé, surtout s'ils se situent au centre même du groupe ; chez une espèce le phoque commun, on constate que la durée de vigilance est plus importante chez les individus placés en périphérie que chez ceux qui se tiennent plus au centre du groupe. Enfin, les mouvements désordonnés de nombreux individus lors d'une attaque peuvent produire chez le prédateur un effet de confusion qui lui fait manquer ses proies : des antilopes attaquées par un léopard bondissent dans toutes les directions, ce qui tend à le désorienter.

L'accès aux ressources est un autre facteur de regroupement. Pour les prédateurs qui chassent en meute, comme les loups ou les hyènes tachetées, la coopération permet de capturer des proies de plus grande taille que ne l'autorise la chasse solitaire. Chez beaucoup de primates, les fruits, qui constituent l'essentiel de leur alimentation, se concentrent sur des parcelles et des arbres dispersés dans le milieu ; la compétition entre congénères donne l'avantage à ceux qui sont capables de s'allier pour accaparer les sources de nourriture. Chez de nombreuses espèces, le partage de l'information favorise la formation de groupes et colonies. En observant ou en suivant leurs congénères, les animaux tirent profit de leurs connaissances et de leurs recherches. Chez une espèce comme le sterne, les oiseaux reviennent à la colonie avec des poissons en travers du bec, leurs compagnons pouvant en déduire que la zone de pêche est fructueuse ; chez les macaques, un individu comprend où son partenaire s'est nourri en lui flairant la bouche. Ainsi, chez de nombreuses espèces, les individus voient où s'alimentent leurs compagnons et ce qu'ils découvrent. C'est ce que l'on nomme l'information publique. Il est également probable que les animaux qui vivent en colonies choisissent leur site de nidification en fonction du nombre de congénères déjà présents sur la zone, l'existence d'une colonie florissante révélant des conditions favorables à l'approvisionnement et à la reproduction.

Deux autres raisons de s'associer structurent[...]

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Pour citer cet article

Bernard THIERRY. SOCIÉTÉS ANIMALES [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Sociétés animales : niveaux d'intégration - crédits : Encyclopædia Universalis France

Sociétés animales : niveaux d'intégration

Sociétés animales : la coopération et ses origines - crédits : Encyclopædia Universalis France

Sociétés animales : la coopération et ses origines

Suricates - crédits : Martin Harvey/ The Image Bank/ Getty Images

Suricates

Autres références

  • ABEILLE

    • Écrit par Catherine BLAIS
    • 653 mots
    • 2 médias

    Insecte dont le plus connu est l'abeille domestique vivant dans une ruche et produisant du miel.

    Classe : Insectes ; ordre : Hyménoptères ; super-famille : Apoïdés.

    Les Abeilles rassemblent deux familles, les Sphécidés (7 700 espèces, toutes solitaires) et les Apidés, comprenant 20 000...

  • ARACHNIDES

    • Écrit par Christine ROLLARD
    • 3 671 mots
    • 12 médias
    Les arachnides sont des organismes carnivores, la plupart insectivores. Les proies sont capturées à l’aide des chélicères et des pédipalpes, selon des techniques de chasse très diversifiées, qu’elles soient actives ou passives, en utilisant ou non des pièges. Leur digestion est partiellement...
  • BOURDON

    • Écrit par Catherine BLAIS
    • 395 mots

    Insecte social, au corps velu noir et jaune, vivant surtout dans les régions tempérées et froides.

    Classe : Insectes ; ordre : Hyménoptères ; famille : Apidés ; genre : Bombus.

    Les bourdons, représentés par quelque 300 espèces, appartiennent à la même famille que les abeilles mellifères....

  • CARNIVORES MAMMIFÈRES

    • Écrit par Robert MANARANCHE, Géraldine VÉRON
    • 7 461 mots
    • 33 médias
    ...forêt et sont diurnes ou nocturnes. Certaines vivent en groupes sociaux, comportant parfois de nombreux individus, alors que d'autres sont solitaires. Les plus étudiés des herpestidés sociaux sont certainement les suricates. Ceux-ci, qui sont surtout insectivores, creusent des terriers interconnectés...
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Voir aussi