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STRAUSS RICHARD (1864-1949)

Vienne (1919-1924)

À l'automne de 1919, Strauss est nommé à Vienne, où semblent le prédisposer et son nom et ses complicités (Hofmannsthal) et ses inclinations naturelles, depuis la Burlesque. Rappelons cependant que Richard Strauss n'est pas viennois, mais bavarois ! Il y dirige l'Opéra, qui depuis le départ de Mahler (1907) a erré en des mains fragiles, mais vit sur sa gloire, ainsi que le fameux Philharmonique, auquel l'attacheront toujours des liens de confiance et d'amitié (il enregistrera avec cette phalange une partie de son œuvre). Les partitions qui s'esquissent alors permettent de situer Strauss dans la pensée musicale « moderne ».

Strauss accompagne la musique de son temps jusqu'en 1909 (Elektra), puis fait retour vers des formes de musique néo-romantiques ou baroques surprenantes chez l'iconoclaste qu'il semblait être depuis ses vingt ans. Il s'aventure jusqu'aux lisières du système tonal, invente des formes originales, renouvelle le genre lyrique – Salomé était un des ouvrages préférés de Berg, qui en subira, d'une certaine manière, l'influence dans Wozzeck et Lulu. Mais, à partir d'une certaine date, qu'on pourrait fixer aux années 1910, il tourne le dos à l'évolution de la musique en train de se faire : l'école de Vienne, par exemple, ne lui devra à peu près rien – mais elle devra beaucoup à Mahler. Il y a là un cas curieux de « réaction » chez un compositeur en pleine possession de ses moyens (il a cinquante ans en 1914) et dont la gloire pouvait le conduire à toutes les audaces. Les ouvrages lyriques qui succèdent à Ariane à Naxos, et pour lesquels la collaboration d'Hofmannsthal se poursuit, n'atteignent pas en originalité et en bonheur de formulation les précédents, même si les belles pages abondent ici et là, comme dans La Femme sans ombre (1919), parabole métaphysique lointainement inspirée de La Flûte enchantée.

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Écrit par

  • : conseiller en musique du xxe siècle, producteur à France-Musique

Classification

Pour citer cet article

Dominique JAMEUX. STRAUSS RICHARD (1864-1949) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

<em>Elektra</em> de R. Strauss, mise en scène de Ruth Berghaus - crédits : Jean Marc Zaorski/ Gamma-Rapho/ Getty Images

Elektra de R. Strauss, mise en scène de Ruth Berghaus

Richard Strauss - crédits : General Photographic Agency/ Hulton Archive/ Getty Images

Richard Strauss

Le Chevalier à la rose - crédits : Erich Auerbach/ Hulton Archive/ Getty Images

Le Chevalier à la rose

Autres références

  • ARIANE À NAXOS (R. Strauss)

    • Écrit par Timothée PICARD
    • 1 173 mots

    Ariadneauf Naxos (Ariane à Naxos) de Richard Strauss, sur un livret de Hugo von Hofmannsthal, connut tout d’abord une première version en un acte, conçue pour remercier Max Reinhardt de sa mise en scène du Der Rosenkavalier (LeChevalier à la rose), et destinée à être jouée après Le...

  • ELEKTRA (R. Strauss), en bref

    • Écrit par Christian MERLIN
    • 212 mots

    Elektra, opéra en un acte de Richard Strauss d'après la tragédie de Hugo von Hofmannsthal, est créé au Königliches Opernhaus de Dresde le 25 janvier 1909. L'opéra, qui n'est pourtant pas avare de meurtres et de sentiments exacerbés, ne connaît aucun autre exemple d'illustration musicale...

  • ELEKTRA (R. Strauss)

    • Écrit par Timothée PICARD
    • 1 390 mots
    • 1 média

    Chef-d'œuvre de l'expressionnisme musical allemand, Elektra, de Richard Strauss (1864-1949) est créé le 25 janvier 1909 au Königliches Opernhaus de Dresde. Un fait est à noter, qui manifeste la portée de la collaboration qui va s'instaurer entre le musicien et le poète autrichien : la...

  • BEHRENS HILDEGARD (1937-2009)

    • Écrit par Alain PÂRIS
    • 1 482 mots

    Cette cantatrice allemande était considérée comme la plus grande soprano wagnérienne de sa génération. Contrairement aux chanteuses qui l'avaient précédée dans le même répertoire, elle était dotée d'un grand tempérament d'actrice. Sa voix, moins puissante que celle de ...

  • BÖHM KARL (1894-1981)

    • Écrit par Alain PÂRIS
    • 1 664 mots
    • 2 médias

    Karl Böhm fut l'ultime représentant des chefs d'orchestre autrichiens et allemands qui avaient connu les derniers compositeurs postromantiques ainsi que les créateurs des chefs-d'œuvre de Brahms et de Wagner. Avec lui a disparu une conception de l'interprétation transmise de maître à disciple,...

  • DELLA CASA LISA (1919-2012)

    • Écrit par Pierre BRETON
    • 684 mots
    • 2 médias

    Ni Mozart, ni Richard Strauss ne sont parvenus à les départager. Certes, dans l'esprit du plus grand nombre, les sortilèges jetés par la magicienne de la sophistication absolue, Elisabeth Schwarzkopf, ont paru l'emporter. Les vrais amateurs le savent bien pourtant : la pudique vestale du ...

  • Elektra, STRAUSS (Richard)

    • Écrit par Christian MERLIN
    • 806 mots
    Lorsque Elektra est créée à Dresde, le 25 janvier 1909, Richard Strauss n'est pas encore un compositeur d'opéra confirmé. Il est alors plus connu pour ses poèmes symphoniques – Don Juan (1889), Till Eulenspiegel (1895), Ainsi parlait Zarathoustra (1896)... – et entame la deuxième...
  • Afficher les 19 références

Voir aussi