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RHÉOLOGIE

Le mot « rhéologie » (du grec : ῥει̃ν, s'écouler) a été proposé par Eugene Cook Bingham, en 1928, pour désigner « la science qui étudie les déformations et l'écoulement de la matière ». Plus exactement, l'objet de la rhéologie est l'étude du comportement mécanique, c'est-à-dire des relations entre les déformations et les contraintes de la matière. Ensuite, s'appuyant sur la connaissance de ce comportement, on calculera, grâce à la mécanique des milieux continus, la répartition non uniforme des contraintes et des déformations dans un corps sous l'effet des forces extérieures. Dans ses calculs pratiques, l'ingénieur fait appel aux disciplines appliquées, telles la résistance des matériaux et l'hydraulique.

En réalité, la rhéologie a été créée pour répondre aux besoins de la technologie moderne ; les différentes branches de la mécanique développées au xixe siècle (l'élasticité, la plasticité, la mécanique des fluides) ne sont fondées que sur certains schémas simples de comportement (cf. chap. 2), schémas quelquefois insuffisants pour décrire fidèlement les réponses de la matière réelle. Or, les techniciens qui étudient la transformation des matériaux, leur emploi ou simplement leur transport dans des conduites ont besoin de connaître aussi exactement que possible leurs propriétés mécaniques. Cela explique pourquoi la rhéologie, en tant que discipline, s'intéresse à un éventail considérable de corps : métaux et alliages, plastiques et caoutchoucs, produits pétroliers (bitumes, asphaltes, huiles), sols (sables, argiles, boues), roches (naturelles et artificielles), verres, bois, peintures, mastics, encres d'imprimerie, colles, crèmes pharmaceutiques et cosmétiques, produits alimentaires, substances biologiques.

Les études en rhéologie se situent sur trois voies : il y a d'abord la recherche expérimentale sur les matériaux réels, puis l'étude théorique des diverses formes de lois de comportement (étude macroscopique), enfin, l'influence de la structure de la matière sur ce comportement : molécules, réseau cristallin, grains (étude microscopique).

Généralités

L'expérience quotidienne suggère de distinguer les solides des fluides (liquides et gaz). En principe, le fluide soumis à une pression hydrostatique ne se déforme que d'une quantité finie, tandis qu'une contrainte de cisaillement (cission), même faible, provoque un écoulement indéfini. La déformation d'un solide, au contraire, reste finie dans les deux cas, pourvu que la cission ne dépasse pas un certain seuil.

Comportements : classification - crédits : Encyclopædia Universalis France

Comportements : classification

Cette distinction perd souvent son sens en rhéologie : les matériaux réels se situent fréquemment entre ces deux cas extrêmes, et il est préférable de parler de corps peu déformables (solides au sens habituel) et de corps très déformables (fluides).

Le comportement du même matériau peut être différent selon les conditions de travail : niveau des contraintes, vitesse de charge, durées de sollicitation ou du repos, température, etc. C'est ainsi que l'acier peut présenter, selon les cas, des caractères prépondérants d'élasticité, de viscosité ou de plasticité. Les roches, élastiques-fragiles sous pression atmosphérique, peuvent subir de très fortes déformations plastiques sous haute pression. Les apparences peuvent aussi différer selon les circonstances. À la température ambiante, le brai (résidu de la distillation du goudron) semble solide et cassant pour les essais rapides, mais il coule, à la longue, sur une paroi verticale. La description d'un comportement comprend, ne serait-ce qu'implicitement, les limites de sa validité. L'étude de ces limites : seuil d'écoulement, rupture, fatigue, changements d'état, etc., appartient ainsi au domaine de la rhéologie.

Enfin, les phénomènes mécaniques et[...]

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Écrit par

  • : ingénieur de l'École supérieure de physique et de chimie industrielles, docteur ingénieur, ancien maître de recherche à l'O.N.E.R.A.
  • : directeur de recherche, laboratoire de mécanique des solides de l'École polytechnique

Classification

Pour citer cet article

Bernard PERSOZ et Dragos RADENKOVIC. RHÉOLOGIE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Solides de Hooke, rigide-pastique et liquide de Newton - crédits : Encyclopædia Universalis France

Solides de Hooke, rigide-pastique et liquide de Newton

Comportements : classification - crédits : Encyclopædia Universalis France

Comportements : classification

Relaxation d'un polyisobutylène - crédits : Encyclopædia Universalis France

Relaxation d'un polyisobutylène

Autres références

  • BÉTON

    • Écrit par Jean-Michel TORRENTI
    • 8 163 mots
    • 1 média
    À l'état frais, la propriété la plus importante du béton est saconsistance (ou ouvrabilité). Cette propriété traduit l'aptitude du béton à être mis en œuvre correctement. En laboratoire, on peut utiliser des rhéomètres pour caractériser le comportement du béton frais. Sur chantier, l'essai le plus...
  • COLLOÏDES

    • Écrit par Didier ROUX
    • 6 009 mots
    Contrairement au régime dilué, où les particules ne sont pas gênées par la présence de leurs voisines, au-dessus d'une certaine fraction volumique qui correspond à l'empilement compact (typiquement 60 p. 100), les particules doivent se déformer pour remplir l'espace. La viscosité devient alors de plus...
  • EAU DU MANTEAU TERRESTRE

    • Écrit par Édouard KAMINSKI
    • 2 666 mots
    • 3 médias
    ...laboratoire montrent que l'olivine hydratée est ainsi près de cinq fois plus déformable que l'olivine anhydre. De plus, une spécificité cruciale de la rhéologie des roches terrestres est qu'elle permet une forte localisation des déformations au niveau des frontières de plaques. Cela n'est pas possible...
  • FLUIDE, physique

    • Écrit par Étienne GUYON
    • 1 356 mots

    Les trois états physiques de la matière tels qu'on les enseigne à l'école primaire sont le solide, le liquide et le gaz. L'état fluide rassemble les deux derniers termes, en soulignant leur parenté. Encore faut-il savoir que l'on parle du nom plutôt que de l'adjectif : une huile très visqueuse est...

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Voir aussi