Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

EXTRÊME-ORIENT QUESTION D'

De 1890 à 1914 : les rivalités entre grandes puissances

Interventions étrangères en Chine

Soldats russes - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Soldats russes

Un tournant se dessine à partir de 1890. Le Japon se libère de la tutelle étrangère. Il accroît à un rythme rapide sa puissance économique et militaire. Il sort vainqueur de deux guerres, l'une contre la Chine (1894-1895), l'autre contre la Russie (1904-1905), et prend pied sur le continent. Désormais, il faut compter avec lui pour tout règlement concernant la question d'Extrême-Orient. La victoire du Japon sur la Chine n'avait pas seulement mis en lumière la puissance de l'Empire nippon. Elle avait confirmé la faiblesse de la dynastie mandchoue. C'est la ruée sur la Chine (break up of China). La Russie prend l'initiative. Sous sa garantie, elle fait accorder par un syndicat de banques russes et françaises un emprunt à la Chine, qui doit payer au Japon une lourde indemnité de guerre. Une Banque russo-chinoise est créée, qui fonde à son tour une Société des chemins de fer de l'Est chinois : une voie ferrée, le Transmandchourien, reliera Irkoutsk à Vladivostok et, dans la traversée de la Mandchourie, la zone du chemin de fer échappera à l'autorité du gouvernement chinois. La Chine, à peu près dans le même temps, cède la partie méridionale du Liaodong, comme territoire à bail, à la Russie qui y construit Port-Arthur. Pour l'essentiel, la Russie devra en 1905 abandonner au Japon vainqueur ces avantages concédés par la Chine. L'Allemagne, devenue une grande puissance industrielle et dont les ambitions maritimes sont hautement proclamées, ne saurait plus être tenue à l'écart. Elle se fait céder pour quatre-vingt-dix-neuf ans la baie de Jiaozhou (avec la possibilité d'établir une station navale fortifiée), l'autorisation de construire des voies ferrées dans le Shandong, un droit de préemption pour tous les travaux à entreprendre dans cette province qui exigeraient une aide étrangère. L'Angleterre obtient Weihaiwei et la reconnaissance de ses intérêts économiques dans la vallée du Yangzi Jiang. C'est au sud que vont les convoitises de la France. Elle occupe Guangzhou (Canton) et arrache la garantie que les provinces chinoises voisines du Tonkin ne seront jamais aliénées.

Toutes les tentatives faites en Chine pour moderniser le pays échouent. L'impératrice Cixi arrête le mouvement de réformes qui s'était dessiné pendant la période dite des Cent-Jours (juin-sept. 1898). La révolte encadrée par la société secrète des Boxeurs fournit en 1900 l'occasion d'une expédition internationale, à laquelle prennent part des contingents allemands, anglais, français, russes, mais aussi américains et japonais. Les États-Unis sont hostiles à toute occupation territoriale. Leur principe est celui de la « porte ouverte ». Mais ils n'entendent pas laisser à l'Europe et au Japon le monopole de l'exploitation économique de la Chine. Dans une note du 6 septembre 1899, le gouvernement de Washington a fait savoir à Berlin, Londres, Paris, Saint-Pétersbourg et Tōkyō qu'il ne s'opposait pas à la création de « zones d'influence », mais que les bénéficiaires de ces zones devaient respecter les intérêts économiques des autres États : les États-Unis ne peuvent plus demeurer à l'écart du règlement de la question d'Extrême-Orient. Le lobby chinois apparaît, qui prend appui sur les chambres de commerce de New York, Philadelphie, Boston, San Francisco et Seattle. Avec la guerre hispano-américaine, les États-Unis sont intervenus dans le Pacifique. L'impérialisme américain naissant comporte un domaine extrême-oriental.

Yuan Shikai - crédits : Topical Press Agency/ Hulton Archive/ Getty Images

Yuan Shikai

Après l'expédition de 1900, de nouveaux avantages sont arrachés au gouvernement de Pékin. Le traité du 7 septembre 1901 accorde aux puissances (dont le Japon, qui prend désormais son double caractère de puissance asiatique[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : maître assistant à la faculté des lettres et sciences humaines de Paris

Classification

Pour citer cet article

Jean BRUHAT. EXTRÊME-ORIENT QUESTION D' [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Seconde guerre de l'opium, F. Beato - crédits : Felice Beato/ Getty Images

Seconde guerre de l'opium, F. Beato

Soldats russes - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Soldats russes

Yuan Shikai - crédits : Topical Press Agency/ Hulton Archive/ Getty Images

Yuan Shikai

Autres références

  • RUSSO-JAPONAISE GUERRE (1904-1905)

    • Écrit par Sylvain VENAYRE
    • 231 mots
    • 1 média

    Engagée depuis la fin du xixe siècle en Extrême-Orient, la Russie cherche à occuper la Mandchourie et à élargir son influence en Corée, où ses intérêts se heurtent à ceux du Japon. L'échec des négociations entre les deux États, en 1903, précipite le conflit. En février 1904, le Japon détruit...

  • JAPON (Le territoire et les hommes) - Histoire

    • Écrit par Paul AKAMATSU, Vadime ELISSEEFF, Universalis, Valérie NIQUET, Céline PAJON
    • 44 405 mots
    • 52 médias
    ...de différentes nationalités, anglais pour la plupart, s'approchèrent du Japon. Néanmoins, le danger ne fut véritablement perçu qu'en 1842, lorsque la Chine conclut le traité de Nankin, à l'issue de la guerre de l'opium. Le gouvernement shōgunal, qui venait d'échouer dans ses tentatives de réformes intérieures,...
  • RUSSIE (Le territoire et les hommes) - Histoire

    • Écrit par Michel LESAGE, Roger PORTAL
    • 20 238 mots
    • 29 médias
    C'est dans le Pacifique Nord que, dès la fin du xixe siècle, la Russie devient une rivale dangereuse pour les autres grandes puissances (Angleterre, États-Unis, France, Japon) qui luttent pour s'assurer les meilleures positions sur le marché chinois. Avec l'appui de la France et de l'Allemagne,...

Voir aussi