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PHILON D'ALEXANDRIE (20 av. J.-C. env.-45)

Philon et le judaïsme de son temps

L'œuvre de Philon éclaire de nombreux aspects du judaïsme de l'époque, mais il faut faire la part des présentations littéraires.

C'est ainsi que, sans ses ouvrages, on ignorerait totalement l'existence des thérapeutes, ces communautés d'ascètes juifs – hommes et femmes – qui vivaient aux environs d'Alexandrie et ont sans doute joué un rôle dans les origines du monachisme égyptien. On a contesté la valeur historique de ces indications, cependant les thérapeutes apparaissent comme les cousins germains des esséniens. Les notices sur les esséniens sont une source importante pour les spécialistes, malgré des traits scolaires et conventionnels qui relèvent du pastiche littéraire.

Dans l'Exposition de la Loi, de caractère peu allégorique, on glane nombre de détails précieux pour la connaissance du judaïsme, notamment la description des objets cultuels, des cérémonies, des fêtes juives. Dans l'œuvre entière de Philon, certains commentaires recoupent et complètent des exégèses rabbiniques.

La contribution la plus attachante de Philon se situe dans le domaine des conceptions religieuses, et là, il traduit l'idéal des juifs pieux et évolués de la diaspora. Il exprime admirablement la certitude qu'a Israël d'être le peuple privilégié de Dieu et d'avoir un rôle particulier à jouer par rapport aux nations. Cette conviction a conduit Philon à approfondir ce que représente Israël, et l'on peut trouver chez lui – avant le christianisme – une définition du « véritable Israël » : ce sont les hommes qui, en suivant de tout leur cœur les enseignements de Moïse, sont sur la route de la sagesse et de la vertu. Sous la conduite de Moïse, tenu pour hiérophante et mystagogue, ils sont les guides et la lumière des peuples, les prêtres de l'univers. Que devient alors l'idéal messianique ? C'est beaucoup moins l'attente d'un triomphe par les armes que l'espérance d'une conversion. Que les juifs redeviennent dignes du beau nom d'Israël et ils entraîneront à leur suite l'humanité entière. L'influence stoïcienne se mêle aux visions prophétiques dans la conception du sage-roi qui régnerait sur un univers pacifié dans la sagesse et dans la vertu.

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Pour citer cet article

Annie JAUBERT. PHILON D'ALEXANDRIE (20 av. J.-C. env.-45) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ALEXANDRIE ÉCOLE PHILOSOPHIQUE D'

    • Écrit par Jean PÉPIN
    • 2 186 mots
    C'est dans cette traduction grecque, dite des Septante, que Philon d'Alexandrie, le plus célèbre représentant de la philosophie judéo-alexandrine, ignorant probablement l'hébreu, lisait les grands livres de l'Ancien Testament. À la coloration hellénique qui caractérise cette traduction, il ajoute,...
  • AMBROISE DE MILAN (339-397)

    • Écrit par Pierre HADOT
    • 1 921 mots
    ...théologie trinitaire, le De spiritu sancto et le De incarnatione. Plus tard, l'Hexaemeron et le De Nabuthe auront pour source Basile de Césarée. L'influence de Philon d'Alexandrie prédomine au début de l'épiscopat d'Ambroise. Le De paradiso, le De Cain et Abel, le De Noe et...
  • BIBLE - L'inspiration biblique

    • Écrit par André PAUL
    • 4 564 mots
    • 1 média
    Le vocabulaire et les idées de Platon sur l'inspiration ont fortement marqué le grand commentateur juif de la Tōrah, Philon d'Alexandrie. Pour celui-ci, les « livres saints », qui ne sauraient être d'aucune façon des « témoins douteux », sont l'expression du « saint ...
  • ISAAC

    • Écrit par André PAUL
    • 552 mots

    Deuxième personnage de l'histoire patriarcale et de la généalogie qui la sous-tend, Isaac se situe comme fils d'Abraham et père de Jacob. « Isaac » est un nom théophore (dont l'élément divin se trouve absent : Yischaq, « que [Dieu] rie », ou « [Dieu] a ri ». Les trois...

Voir aussi