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PESTICIDES

Quel futur pour la protection des cultures ?

Dans le cadre du Grenelle de l’environnement, la France s’est engagée à réduire de moitié l’usage des pesticides dans l’agriculture d’ici à 2018. Pour évaluer les moyens de répondre à ce défi, l’Institut national de la recherche agronomique (I.N.R.A.) a élaboré plusieurs scénarios, en prenant comme base les pratiques culturales actuelles. Les chercheurs mobilisés autour de cette étude (publiée en janvier 2010) sont parvenus à la conclusion qu’une réduction de 30 p. 100 du recours aux pesticides serait possible sans bouleverser en profondeur les pratiques agricoles et en limitant la baisse des rendements à 6 p. 100 en moyenne. Cette diminution de l’utilisation de pesticides passerait, entre autres, par le désherbage mécanique et le recours aux prédateurs naturels pour lutter contre les organismes nuisibles. En revanche, des changements structurels seraient nécessaires pour parvenir à une réduction plus importante. Il s’agirait, notamment, d’augmenter très sensiblement la part des cultures biologiques dans la surface agricole nationale. L’agriculture conventionnelle devrait également mettre en place une politique de production intégrée, en allongeant les rotations de cultures. Des réformes qui pourraient se traduire par une baisse de plus de 12 p. 100 de la production agricole nationale. L’I.N.R.A. souligne également que le principal obstacle à la modification des pratiques agricoles tient à la nature même des cultures françaises. La filière viticole et celle des fruits et légumes sont aujourd’hui les plus dépendantes aux pesticides, la vigne recevant à elle seule environ 20 p. 100 des produits phytosanitaires vendus en France.

Outre la poursuite des efforts demandés aux agriculteurs pour réduire l’utilisation des pesticides de synthèse, l’avenir de la protection des cultures passe également par le développement de solutions alternatives : désherbage mécanique, thermique ou manuel ; utilisation d’insectes auxiliaires ; pesticides d’origine naturelle ; stimulateurs des défenses naturelles ou stimulants foliaires ; diffuseur de phéromones synthétiques venant perturber la reproduction des insectes ravageurs (technique appelée confusion sexuelle).

Au-delà de la réduction des quantités de pesticides utilisées, d’importantes marges de progrès peuvent également être mobilisées par un meilleur respect des conditions d’utilisation des pesticides, ce qui permettrait une réduction sensible de leurs impacts sur la santé humaine et la qualité de l’environnement (eau, air et sol).

— Alain BLOGOWSKI

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Écrit par

  • : adjoint au délégué interministériel aux industries agroalimentaires et à l'agro-industrie

Classification

Pour citer cet article

Alain BLOGOWSKI. PESTICIDES [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Pulvérisation d’insecticides. - crédits : Sakhorn/ Shutterstock

Pulvérisation d’insecticides.

Pesticides : épandages en France - crédits : Encyclopædia Universalis France

Pesticides : épandages en France

Bananeraie à la Martinique - crédits : Pack-Shot/ Shutterstock

Bananeraie à la Martinique

Autres références

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