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NOMBRES

Notion mathématique de nombre

La fondation de la théorie des ensembles par Georg Cantor à la fin du xixe siècle a permis de donner d'un nombre une définition mathématique précise.

Dans le cadre d'un système axiomatique de la théorie des ensembles, en général celui de Zermelo et Fraenkel, les ensembles de nombres sont définis les uns à partir des autres, comme une construction abstraite, les nombres étant eux-mêmes des ensembles particuliers.

Deux remarques s'imposent toutefois. D'une part, plusieurs constructions sont possibles, donnant donc des nombres des définitions différentes, mais sans que cela ait des conséquences fâcheuses pour la plupart des raisonnements ultérieurs. D'autre part, certains mathématiciens n'admettent pas qu'un nombre puisse être un ensemble et considèrent que ces constructions ne définissent pas les nombres, mais en donnent des représentations ensemblistes ; pour ne pas en rester à la simple intuition du langage courant, ils proposent de considérer, comme on l'a fait pour celle d'ensemble, la notion de nombre comme une notion première, non définie mais dont les propriétés seraient encadrées par un système axiomatique. Mais cette position compliquerait les fondements de la mathématique en introduisant un système axiomatique supplémentaire puisque l'on ne se passerait pas pour autant d'une axiomatisation de la théorie des ensembles.

Plus précisément, un nombre au sens commun est un objet d'étude mathématique – et non un objet mathématique – qui est représenté par un nombre au sens mathématique, celui-ci étant un objet mathématique qui est un ensemble.

La construction la plus souvent adoptée part de l'ensemble vide (noté Ø), ensemble qui ne contient aucun élément et dont l'affirmation de l'existence est un axiome de la théorie des ensembles.

Selon la définition donnée par John von Neumann dans les années 1920, l'ensemble des nombres entiers naturels ℕ a pour éléments 0 = Ø, 1 = {Ø} = {0}, 2 = {Ø, {Ø}} = {0, 1},..., « successeur de n » = {0, 1, 2, ..., n}, etc., le successeur de n étant noté n + 1 dès que l'on a défini l'addition habituelle dans ℕ.

Soustraire b de a n'étant pas possible dans ℕ si b est supérieur à a, on construit l'ensemble des nombres entiers relatifs ℤ qui a pour éléments des ensembles de couples d'éléments de ℕ, de telle façon qu'une nouvelle soustraction y soit toujours possible.

Diviser p par q (q ≠ 0, le « zéro » de ℤ) n'étant pas toujours possible dans ℤ, on construit l'ensemble des nombres rationnels ℚ, qui a pour éléments des ensembles de couples d'éléments de ℤ, de telle façon qu'une nouvelle division y soit toujours possible (sauf par 0, le « zéro » de ℚ).

Une suite de Cauchy d'éléments de ℚ – c'est-à-dire une fonction f de ℕ dans ℚ telle que, quel que soit ε > 0, il existe un M appartenant à ℕ tel que, quels que soient m et n supérieurs à M, la valeur absolue de f (m) – f (n) est inférieure à ε – n'ayant pas toujours une limite quand n tend vers + ∞ (plus l'infini), on construit l'ensemble des nombres réels ℝ, qui a pour éléments des ensembles de suites de Cauchy d'éléments de ℚ, de telle façon que toute suite de Cauchy d'éléments de ℝ ait une limite quand n tend vers + ∞.

Les nombres réels négatifs (inférieurs à 0) n'ayant pas de racine carrée, on définit dans le produit cartésien ℝ×ℝ que l'on appelle alors ensemble des nombres complexes ℂ, une addition et une multiplication particulières, de telle façon que tout nombre complexe ait une racine carrée.

Indispensables dans de multiples activités humaines, les nombres sont l'objet de nombreuses recherches, qui[...]

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Écrit par

  • : diplômé en sciences de l'éducation, mathématique, économie, philosophie, ethnologie et bibliothéconomie

Classification

Pour citer cet article

Jean-Marie PRUVOST-BEAURAIN. NOMBRES [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • PERCEPTION DU NOMBRE

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    Notre perception prend très souvent en compte les quantités. Au supermarché, par exemple, nous évaluons combien de personnes sont présentes aux caisses pour savoir laquelle choisir ; nous estimons rapidement la monnaie qu’on nous rend ou encore, lorsque nous nous déplaçons en petit groupe, nous nous...

  • ACALCULIES

    • Écrit par Mauro PESENTI
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    ...l'établissement de classifications s'est réduit et a fait place à l'étude des dissociations chez les patients présentant des atteintes de certaines composantes des traitements numériques. Les architectures actuelles (citons le « modèle modulaire » proposé par Michael McCloskey aux États-Unis et le « modèle du triple-code...
  • ACQUISITION DU NOMBRE ET DU CALCUL

    • Écrit par Jean-Paul FISCHER
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    L’école, par une étude systématique des compositions additives des nombres, d’abord inférieurs à 10, puis à 20, approfondit la connaissance des nombres. L’une des compositions additives, à savoir celle qui lie un nombre au précédent, 4 c’est 3 + 1 par exemple, est particulièrement importante, car un...
  • BOLZANO BERNARD (1781-1848)

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    Dansla construction du concept de nombre naturel, Bolzano se laisse guider par l'idée euclidienne du nombre comme collection d'unités. Cependant, il souligne l'aspect ordinal du nombre en le définissant comme terme d'une suite de sommes de multitudes, suite formée par une même loi récurrente. Pour détacher...
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    • Écrit par André DELEDICQ
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    – Cela m'étonne de vous, lui répondit Ramanujan du tac au tac, c'est pourtant le plus petit nombre entier qui s'exprime de deux manières différentes comme la somme de deux cubes : ceux de 1 et 12, mais aussi de 9 et 10.
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