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RELIGIEUSE CHRÉTIENNE MUSIQUE

Les formes liturgiques et paraliturgiques

Il est convenu d'appeler liturgique la musique insérée dans le rite et paraliturgique celle qui prépare à la célébration du rite. Dans le premier cas, elle obéit à des règles précises. Dans le second cas, musique de cérémonie ou de prière, elle est exempte de toute contrainte.

La plus ancienne des formes musicales de la liturgie chrétienne, la messe, repas eucharistique solennisé par la lecture des textes de l'Écriture, évolue selon l'importance laissée à l'improvisation, à l'initiative des participants. Ainsi le rite glagolitique ou slavon, répandu en Russie, en Pologne et dans les pays balkaniques, conserve la thématique byzantine et introduit, au xvie siècle, la polyphonie. Les Russes Dmitri Stepanovitch Bortnianski (1751-1825), Alexeï Féodorovitch Lvov (1798-1870) puis, plus tard, Tchaïkovski et Rachmaninov, au xixe siècle, composent des symphonies vocales à destination liturgique. Au xxe siècle, la Messe instrumentale de Stravinski (1948) et la Messe glagolitique de Leoš Janáček (1926) se rattachent à l'ancienne tradition.

La messe romaine comprend les cinq parties de l'ordinaire : kyrie, gloria, credo, sanctus et agnus Dei, et celles du propre : l'introït ou chant processionnel, le graduel avec son psaume responsorial, l'alléluia, longue vocalise mélismatique qui a engendré, vers le xe siècle, les séquences, en particulier le Stabat Mater et le Dies irae de la messe de funérailles, les antiennes de l'offertoire et de la communion. Au xxe siècle, la messe In simplicitate de Jean Langlais (1952) est un modèle du genre. Cependant, à côté de la liturgie latine, une liturgie en langue populaire proposée par le IIe concile du Vatican pose des problèmes de prosodie, de déclamation, et exige une réflexion sur les rapports du son et du rite. Autre forme liturgique, le motet, autrefois isorythmique avec Philippe de Vitry (xive siècle), renaît, aux xixe et xxe siècles, grâce à Gounod, Florent Schmitt et Francis Poulenc. La cantate, elle, d'origine italienne, devient religieuse dans la liturgie luthérienne. Exécutée après l'Évangile, elle est composée sur un choral luthérien ou des textes bibliques et, à partir de 1700, sur des poésies madrigalesques contemporaines, à l'instar de la majorité des cantates de Bach. Abandonnée par les luthériens, la cantate d'église est remplacée, au xviiie siècle, par la cantate d'inspiration religieuse. Celle-ci refleurit, de nos jours, avec les Trois Petites Liturgies de la présence divine d'Olivier Messiaen (1948) et la Cantate de Noël d'Arthur Honegger (1953).

Lully - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Lully

Parmi les formes paraliturgiques, nous citerons l' oratorio qui, malgré ses sujets religieux, n'a aucune place dans la liturgie, le Te Deum, hymne officiel de la Sainte Trinité, le psaume symphonique en honneur à la cour de Louis XIV, motet à grand cœur ou grand motet dont Jean-Baptiste Lully, Henry Du Mont et surtout Michel Richard Delalande donnèrent les premiers modèles. Après Anton Bruckner, le Hongrois Zoltán Kodály et son Psalmus hungaricus (exécuté pour la première fois en 1923), Igor Stravinski et sa monumentale Symphonie de psaumes (1930, révisée en 1948) continuent à chanter la gloire du Créateur.

Vincent d'Indy - crédits : Stefano Bianchetti/ Corbis/ Getty Images

Vincent d'Indy

À côté de ces formes savantes, il faut mentionner les formes populaires : le cantique, au xixe siècle, proche de la romance, malgré les efforts de Charles Bordes, d'Alexandre Guilmant et de Vincent d'Indy en faveur d'un nouveau répertoire, la crèche bisontine, le noël provençal, le chant traditionnel de la Corse (déploration funéraire ou chant de contrition) et de la Bretagne. Ces formes paraliturgiques attestent la qualité d'un héritage transmis, par l'oral, de génération en génération. Citons encore les nombreux Christmas carols qui, en Europe et surtout en Angleterre,[...]

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Écrit par

  • : musicologue
  • : professeur à l'université de Paris-Sorbonne, professeur à l'Institut catholique de Paris, docteur ès lettres et sciences humaines

Classification

Pour citer cet article

Jacques PORTE et Edith WEBER. RELIGIEUSE CHRÉTIENNE MUSIQUE [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Lully - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Lully

Vincent d'Indy - crédits : Stefano Bianchetti/ Corbis/ Getty Images

Vincent d'Indy

César Franck - crédits : Rischgitz/ Hulton Archive/ Getty Images

César Franck

Autres références

  • AGRICOLA ALEXANDRE (1446 env.-1506)

    • Écrit par Pierre-Paul LACAS
    • 349 mots

    Né vraisemblablement en Flandre, peut-être en Allemagne, Alexandre Agricola (ou Ackermann) est en Italie, à Florence, en 1470, date de son mariage. Il est au service du duc Galéas-Marie Sforza de Milan, de 1471 à 1474, date à laquelle on le rencontre à Mantoue, ayant cédé sa place à Milan à ...

  • ALLEGRI GREGORIO (1582-1652)

    • Écrit par Philippe BEAUSSANT
    • 165 mots

    Le nom d'Allegri est attaché au fameux Miserere à deux chœurs qui faisait partie du répertoire secret de la chapelle Sixtine, et que Mozart transcrivit de mémoire à treize ans, après une seule audition, à la stupéfaction de son entourage. Mais ce Miserere célèbre, et d'ailleurs fort...

  • AMBROSIENS RITE & CHANT

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    Au sens étroit de l'expression, le chant ambrosien est le corpus de textes et de musiques qui fut créé par saint Ambroise (333 ou 340-397), évêque de Milan. Le témoignage de saint Augustin est formel ; nous apprenons ainsi que, « persécuté par l'impératrice Justine, l'évêque s'enferma...

  • ANGLAIS (ART ET CULTURE) - Musique

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