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LANGLAIS JEAN (1907-1991)

L'organiste et compositeur français Jean Langlais s'inscrivait dans la lignée de César Franck ; il occupa les mêmes fonctions que celui-ci à la tribune de Sainte-Clotilde pendant plus de quarante ans.

Il naît à La Fontenelle (Ille-et-Vilaine) le 15 février 1907 dans une famille de tailleurs de pierre et est frappé de cécité dès l'âge de deux ans. Il entre à l'Institut national des jeunes aveugles en 1917, où il étudie l'orgue (avec André Marchal) et le violon. En 1927, il est admis au Conservatoire de Paris, où il devient l'élève de Marcel Dupré pour l'orgue (premier prix en 1930), de Noël Gallon pour le contrepoint et de Paul Dukas pour la composition (premier prix en 1932). Dans la classe de Dukas, il est le condisciple d'Olivier Messiaen. Il travaille simultanément l'improvisation avec Charles Tournemire, jusqu'en 1939. Il débute comme organiste à Saint-Pierre-de-Montrouge à Paris (1934-1945). Puis il succède à Ermend-Bonnal, lui-même successeur de Charles Tournemire, aux grandes orgues Cavaillé-Coll de la basilique Sainte-Clotilde à Paris (1945-1988). C'est sur cet instrument, qui avait été construit pour César Franck, que se déroulera l'essentiel de sa carrière, en dehors des nombreuses tournées qu'il effectue à l'étranger, particulièrement aux États-Unis, où il se rend pour la première fois en 1952. Il y fait connaître l'école française de l'orgue et compose de nombreuses œuvres pour des musiciens ou des chorales américaines. Il enseigne à l'Institut national des jeunes aveugles (1930-1968) et à la Schola cantorum (1961-1976). Il se retire en 1988 après un dernier récital au Royal Festival Hall de Londres et meurt à Paris le 8 mai 1991.

Langlais avait hérité de Marcel Dupré une grande virtuosité qu'il ne considérait pas, néanmoins, comme une fin en soi. Improvisateur de talent, il savait recréer les œuvres en fonction du contexte dans lequel elles devaient s'insérer, notamment le contenu de la liturgie à laquelle il participait. À une époque où le catholicisme a connu de grands bouleversements, il s'est élevé avec courage pour défendre le patrimoine grégorien contre la médiocrité musicale de la nouvelle liturgie. Une de ses pièces d'orgue, Imploration pour la croyance (1970), en est le reflet.

Son œuvre, considérable — plus de deux cent quarante numéros d'opus —, est marquée par un certain classicisme formel et s'inscrit dans la mouvance franckiste — par l'intermédiaire de Charles Tournemire —, avec une attirance particulière pour les harmonies polymodales et les références grégoriennes. Il a écrit des cantates, une douzaine de messes (Messe solennelle, 1949 ; Missa « In simplicitate », 1952 ; Missa « Salve Regina », 1954 ; Missa solemnis « Orbis factor », 1969), des motets et de la musique de chambre (Trio pour flûte, violon et alto), mais c'est surtout sa musique pour orgue qui a assuré sa notoriété de compositeur : Trois Poèmes évangéliques (1932), Neuf Pièces (1941-1942), trois symphonies (1942, 1977 et 1979), Suite française (1948), trois concertos pour orgue et orchestre (1949, 1961 et 1971), Hommage à Frescobaldi (1951), son œuvre la plus connue, American Suite (1959), Suite baroque (1974), Trois Esquisses romanes (1976), Trois Esquisses gothiques (1977), Double Fantaisie pour deux organistes (1976), Progressions (1979). Il a également composé un oratorio, La Passion (1957), ainsi qu'une Suite pour violoncelle et orchestre (1936).

— Alain PÂRIS

Bibliographie

A. Machabey, Portrait de trente musiciens français, Richard-Masse, Paris, 1949 / S. Bingham, « The Choral-Masses of Jean Langlais », in Caecilia, vol. LXXXVII, 1953 / P. Giraud, « Le Thème grégorien dans les œuvres pour orgue de Jean Langlais », in L'Orgue, no 122-123, 1967 /M.-L. J[...]

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Écrit par

  • : chef d'orchestre, musicologue, producteur à Radio-France

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