Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

BOEHME JAKOB (1575-1624)

  • Article mis en ligne le
  • Modifié le
  • Écrit par et

Le double refus

Et cependant d'autres témoignages, notamment ses déclarations explicites dans le traité sur L'Incarnation de Jésus-Christ et dans l'écrit Des quatre complexions, rendent un son différent et lient la « renaissance » de Boehme (c'est-à-dire, en langage théosophique, son illumination ou conversion de l'année 1600) à une grave crise de « mélancolie ». Mais ces noires humeurs, inséparables de tentations souvent renouvelées, furent toujours, dit-il, l'occasion d'un combat qu'il appelle « chevaleresque » (ritterlich). Trop nombreuses pourtant sont dans son œuvre les mentions d'une triste méditation sur la puissance du mal pour qu'on voie dans la « joie » de 1600 autre chose qu'une pierre d'attente, la brève certitude d'une lumière à venir. Au reste, le récit même de sa vision simplifie curieusement – à un niveau exotérique et pour des motifs sans doute pédagogiques – l'image d'un « double monde » où la lumière et les ténèbres seraient pour ainsi dire opposées, leur mélange n'apparaissant que dans la troisième sphère. L'originalité de sa doctrine – discernable à travers des formules étranges et parfois contradictoires – est justement le double refus d'un monisme qui réduirait le mal à une illusion, et d'un dualisme de type manichéen qui pense résoudre le problème en juxtaposant deux principes éternels, fondamentalement étrangers l'un à l'autre.

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification

Pour citer cet article

Encyclopædia Universalis et Maurice de GANDILLAC. BOEHME JAKOB (1575-1624) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Article mis en ligne le et modifié le 14/03/2009

Autres références

  • BAADER FRANZ XAVER VON (1765-1841)

    • Écrit par
    • 852 mots

    Théosophe allemand, qu'il serait malaisé de classer dans un système ; aussi bien aucun parti politique ou philosophique allemand ne s'est-il jamais réclamé de lui. Catholique, Franz von Baader a passé presque toute sa vie à prêcher le rapprochement avec l'Église orthodoxe, mais les théologiens officiels...

  • HAHN MICHAEL (1758-1819)

    • Écrit par
    • 307 mots

    Piétiste souabe, intéressant non seulement pour son influence sociologique mais aussi pour l'intérêt théosophique de ses écrits (voir Joachim Trautwein, Die Theosophie Michael Hahns und ihre Quellen, Stuttgart, 1969). Son action, distincte de celle des frères moraves, occupe une place...

  • ILLUMINISME

    • Écrit par
    • 4 970 mots
    Plus que Paracelse et que Weigel, Jacob Boehme (1575-1624) apparaît comme le père des illuministes qui, presque tous, le lisent et se réclament de son parrainage. Les thèmes exposés par lui, en particulier dans le Mysterium magnum, seront exploités par les illuministes. Comme l'a fait remarquer A....
  • ŒTINGER FRIEDRICH CHRISTOPH (1702-1782)

    • Écrit par
    • 752 mots

    À son époque, Œtinger apparaît comme le père de la théosophie chrétienne en Souabe. Tempérament impressionnable (il a des contacts personnels dans le royaume des esprits), de très bonne heure pieux et mystique, il se nourrit d'abord de Malebranche, puis il découvre la Cabala denudata...