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HAUSA ou HAOUSSA

Religion et pratiques religieuses

La religion officielle des Hausa est l' islam, qui donne forme à la vie familiale (mariages, divorces, périodes de veuvage, etc.) et intellectuelle (enseignement du Qorān par les marabouts). En marge subsistent des restes de l'ancien culte clanique. Le bori, culte à possession, a beaucoup de succès. Son origine est discutée ; selon A. Tremearne, il remonterait au culte antique de Ba'al à Balylone et d'Astarté chez les Phéniciens, où la prostitution était sacrée. Les dyalbori, ou « juments des dieux » hausa, sont en pratique toujours des femmes, dont un bon nombre sont aussi prostituées. J. Nicolas ne pense pas que cette convergence vienne de religions méditerranéennes antiques ; elle serait plutôt le fait de situations actuelles. En effet les prêtresses font passer au second plan le rôle social accepté d'épouse et de mère, y étant d'ailleurs souvent contraintes par la maladie ou la stérilité. Le bori et la prostitution leur procurent un rôle nouveau, marginal, mais accepté en même temps que l'indépendance financière qui permet le défi.

Le bori est fondé sur le panthéon de l'ancienne religion préislamique : chaque initiée prête son corps à quelques-uns des dieux hausa, choisis en fonction de la maladie ou de l'infortune subies et qui sont censées être envoyées par eux. Ainsi une femme stérile se vouera à Kure, le plus puissant de tous, qui l'a rendue telle à cause d'une offense ; elle sera pardonnée en devenant sienne, se livrant à lui sans retour. Plus tard, elle pourra se donner aussi à d'autres divinités choisies d'après ses préférences. Au début de la cérémonie de possession, le dieu est appelé par un battement de tambour qui lui est propre.

Le bori semble être une adaptation de l'ancienne religion à la situation créée par l'islam. Dans le culte antérieur, les possessions n'étaient pas nécessaires parce que les dieux étaient présents dans la vie quotidienne. À l'opposé, Allah est loin des hommes, ce qui a fait naître le désir de manifestations sensibles du surnaturel. Les dyalbori jouent donc un rôle social utile. De leur point de vue personnel, elles compensent leurs malheurs par un certain prestige, et par un « défoulement » psychologique qui se communique à leurs spectateurs, à la façon d'un psychodrame. De plus, comme on ne refuse jamais l'appel des dieux, et que l'engagement est définitif, le besoin d'un lien permanent, que le mariage polygyne et provisoire ne peut combler, est satisfait par le bori.

— Jacques MAQUET

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Californie à Los Angeles

Classification

Pour citer cet article

Jacques MAQUET. HAUSA ou HAOUSSA [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • AFRIQUE NOIRE (Culture et société) - Langues

    • Écrit par Emilio BONVINI, Maurice HOUIS
    • 8 307 mots
    • 1 média
    La famille afro-asiatique se subdivise en sémitique, égyptien ancien, berbère, couchitique, tchadique.Le hausa a toujours fait problème pour les africanistes. Dès 1863, Lepsius a classé cette grande langue avec le berbère ; Lukas propose de l'inclure dans un groupe tchado-chamitique. Cohen, sans...
  • AFRIQUE NOIRE (Culture et société) - Religions

    • Écrit par Marc PIAULT
    • 9 619 mots
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    ...les Peul, fondent à leur tour une confédération religieuse dans le Fouta-Djalon, et leur royaume du Macina échappe à la domination bambara. En pays hausa où l'islam avait pénétré depuis le xie siècle, mais surtout au xive siècle sous l'influence de pieux voyageurs venus du Mali, la pratique...
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    ...des rapports de la stratification sociale au mode d'organisation du pouvoir politique apparaît à chaque étude de cas. Ainsi, à propos de la société des Haoussa du Nigeria septentrional : celle-ci est fondée sur la conquête, établie à partir d'entités ethniques bien différenciées, régie par un État vigoureux...
  • BÉNIN

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Voir aussi