CINQUIÈME RÉPUBLIQUE La période gaullienne (1958-1969)
Le référendum de 1969 : la fin de la période gaulliste
Georges Pompidou est remplacé au poste de Premier ministre par Maurice Couve de Murville, ministre des Affaires étrangères depuis 1958. Présentée par Edgar Faure, une loi d'orientation de l'enseignement supérieur, qui instaure l'autonomie des universités et la participation des étudiants à leur gestion, est votée à la quasi-unanimité à l'automne. Le président souhaite poursuivre dans la voie des réformes et ne veut pas se contenter de la victoire du parti de l'ordre. Il veut instaurer des formes de participation des forces économiques et sociales aux décisions publiques, dont les événements de 1968 lui semblent montrer l'absence. Il propose en fait deux réformes, la création des régions et une transformation du Sénat, qui serait désormais une chambre seulement consultative, représentant à la fois les collectivités territoriales et les acteurs économiques et sociaux. Ces deux réformes constitutionnelles sont soumises à un référendum comportant une unique question. L'électeur est ainsi invité à redire une fois de plus son soutien au chef de l'État, conformément à la logique gaullienne des rapports entre le président et le peuple. Les critiques de ces projets sont nombreuses et portent aussi bien sur la forme (jugée comme en 1962 anticonstitutionnelle) que sur le fond : l'affaiblissement du rôle du Sénat apparaît comme une sanction envers une Chambre qui s'est souvent opposée aux intentions de la majorité. Une large partie des républicains indépendants, derrière Valéry Giscard d'Estaing, désapprouve la réforme du Sénat, comme toute la gauche et le centre d'opposition. Aux yeux de nombreuses personnes, les réformes proposées semblent très éloignées de l'ambition de participation qui les motivent. La sanction tombe le 27 avril 1969 : le non recueille 52,4 p. 100 des suffrages, avec pourtant une participation forte de 80,6 p. 100 des inscrits. Comme il l'avait annoncé, le général démissionne immédiatement. Il mourra brutalement le 9 novembre 1970. Selon l'expression de Georges Pompidou : « La France est veuve ».
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Écrit par
- Pierre BRÉCHON : professeur émérite de science politique à Sciences Po Grenoble, chercheur au laboratoire Pacte (UMR 5194, CNRS/ université Grenoble Alpes/Sciences Po Grenoble)
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