Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

CHRISTIANISME

La doctrine chrétienne

S'il est exact que la révélation chrétienne prend la forme d'un événement et d'un évangile, et non point la forme d'une révélation de croyances, comment expliquer l'attachement manifesté par le christianisme pour une doctrine précise, ses combats pour l'orthodoxie ?

De l'Évangile aux évangiles

Avant même de répondre à cette question, et pour préparer la réponse, il faut situer les premières expressions de la foi chrétienne regroupées dans les Écritures du Nouveau Testament.

Le christianisme n'est point une religion du livre sacré. Jésus n'a point écrit ; il n'y a point incité ses Apôtres, même s'ils se sont comme lui abondamment appuyés sur les livres de l'Ancien Testament. La première génération chrétienne n'eut point ses écrits propres. C'est seulement entre 70 et 95 que furent rédigés les récits évangéliques, précédés par les lettres de Paul (entre 56 et 63). On rapporte même que l'apôtre Pierre se fit beaucoup prier pour autoriser la rédaction de sa prédication par l'évangéliste Marc. Finalement, quatre récits furent reconnus comme authentiques dans la communauté chrétienne : celui de Matthieu, celui de Marc, celui de Luc et celui de Jean.

En rédigeant la première catéchèse chrétienne, telle qu'elle circulait dans les diverses communautés, les auteurs ont voulu doter ces communautés de leurs archives évangéliques pour servir de catéchismes et de livres liturgiques, afin de fixer de façon stable la mémoire des origines. Leur réalisation est significative : ils ont rapporté l'événement de Jésus-Christ d'une façon qui mêle l'histoire et la doctrine, mais sans en réduire la dimension narrative, importante à leurs yeux, étant donné la nature propre de la révélation chrétienne. Ainsi commence le récit de Luc, adressé à un frère chrétien : « Puisque beaucoup ont entrepris de composer un récit des événements qui se sont accomplis parmi nous, j'ai décidé, moi aussi, après m'être soigneusement informé de tout depuis les origines, d'en écrire pour toi l'exposé suivi, afin que tu te rendes bien compte de la solidité des enseignements que tu as reçus. »

Mais cela ne signifie pas que les évangélistes ne fassent point œuvre doctrinale. Les récits témoignent déjà d'une réflexion de la foi sur l'événement de Jésus, d'une élaboration de l'enseignement du Maître, d'un effort pour dégager les implications et significations de l'Évangile global. Ce que feront davantage le livre des Actes des Apôtres (61) et les lettres apostoliques de Paul, de Pierre, de Jacques, de Jean et de Jude. Que cela demeure à l'état présystématique ne doit pas tromper : la lecture des faits concernant Jésus est lecture de la Parole de Dieu et doit susciter une confession de foi précise.

La relativisation de l'écrit chrétien n'empêche pas que, concrètement, c'est à travers lui que le christianisme ultérieur rejoindra son témoignage d'origine et entendra la voix des témoins oculaires du Ressuscité.

Des évangiles aux dogmes

Les récits évangéliques ne suffiront pas néanmoins à l'Église chrétienne lorsque la nécessité se fera sentir de posséder des formulations plus précises et plus réflexives de sa foi. La méditation théologique, les besoins de l'enseignement, les discussions soulevées par l'hérésie seront l'occasion de dégager un corps de doctrines. Les quatre premiers conciles (Nicée en 325, Constantinople en 381, Éphèse en 431, Chalcédoine en 451), qui font toujours autorité pour l'ensemble des Églises chrétiennes, poseront la base de ce développement.

Des « règles de foi » seront le plus souvent proposées par ces conciles, dans une intention de précision, parfois polémique, afin d'informer les fidèles[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : professeur aux Facultés dominicaines du Saulchoir et à l'Institut catholique de Paris
  • Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

Classification

Pour citer cet article

Universalis et Pierre LIÉGÉ. CHRISTIANISME [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Autres références

  • ADVENTISME

    • Écrit par Jean SÉGUY
    • 1 093 mots

    Le terme « adventisme » vient du latin adventus, venue. Il désigne une doctrine centrée sur l'attente du retour du Christ à la fin des temps. En lui-même, le vocable adventisme pourrait s'appliquer à tous les mouvements du genre eschatologique de l'histoire du christianisme....

  • AFFECTIVITÉ

    • Écrit par Marc RICHIR
    • 12 228 mots
    Il y aurait beaucoup à dire sur la résurgence de la sagesse stoïcienne à l'époque moderne. Il faudrait en particulier mesurer l'importance du christianisme, plus particulièrement occidental, dans l'élaboration, depuis Augustin, de l'intériorité de l'âme humaine, avec l'aide de la langue...
  • AFRIQUE (Structure et milieu) - Géographie générale

    • Écrit par Roland POURTIER
    • 21 496 mots
    • 29 médias
    Lechristianisme comprend deux Églises parmi les plus anciennes du monde chrétien : l'Église copte d'Égypte et l'Église orthodoxe d'Éthiopie, implantée depuis le ive siècle sur les hauts plateaux qui lui ont servi de bastion défensif contre les tentatives de conquête de...
  • AFRIQUE (Histoire) - Préhistoire

    • Écrit par Augustin HOLL
    • 6 326 mots
    • 3 médias
    ...J.-C.-400 apr. J.-C.). Le royaume de Kush, comme la Nubie tout entière, a effectivement été un corridor entre l'Afrique noire, le delta du Nil et le Levant. Le christianisme prend racine pendant le vie siècle de notre ère et trois royaumes chrétiens succèdent à celui de Kush : Nobatia avec sa capitale Faras...
  • Afficher les 200 références

Voir aussi