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CHÉLONIENS ou TORTUES

Systématique, biogéographie, adaptations écologiques

La systématique des Chéloniens actuels apparaît complexe et fait intervenir tous les niveaux taxonomiques de la classification linnéenne. Sur de nombreux points, elle est encore l'objet de controverses qu'il serait inopportun de développer ici. Le sous-ordre des Cryptodires est de très loin le plus abondant et le plus diversifié. On y distingue cinq superfamilles incluant au total dix familles et une soixantaine de genres. Le sous-ordre des Pleurodires, assez restreint, ne comprend que deux familles et une douzaine de genres.

Cryptodires

Superfamille des Testudinoidea

La superfamille des Testudinoidea est très majoritaire parmi les Cryptodires ; elle regroupe plus de cinquante genres répartis en six familles. Tous les représentants de cette superfamille sont des formes terrestres ou amphibies.  

La famille des Dermatemydae et celle des Platysternidae sont monogénériques et monospécifiques. La première est représentée par l'espèce Dermatemys mawi dont la biologie est à peu près inconnue. C'est une tortue d'eau douce longue de 50 centimètres environ, uniquement localisée à l'Amérique centrale. Bien que cet animal ne présente guère d'adaptation morphologique à la vie aquatique, il passe l'essentiel de son temps dans l'eau et semble incapable de se déplacer efficacement sur le sol. La seconde famille est représentée par l'espèce Platysternon megacephalum. La carapace de cette curieuse tortue du Sud-Est asiatique ne dépasse pas 18 centimètres de long ; elle est fortement aplatie et présente une ensellure sagittale. La queue est longue et la tête, énorme par rapport au corps, ne peut être rétractée dans la carapace. Platysternon fréquente les cours d'eau rapides et grimpe avec agilité aux rochers de la berge où il se chauffe au soleil.   Il se nourrit principalement, semble-t-il, de petits invertébrés.

Avec ses vingt-cinq genres regroupant plus de cent espèces et d'innombrables sous-espèces, la famille des Emydidae représente à elle seule plus du tiers des Chéloniens actuels. La répartition de ces tortues est cosmopolite dans les régions tempérées, tropicales et subtropicales du monde, exception faite de l'Afrique au sud du Sahara. On distingue dans cet ensemble deux groupes de populations ayant, toutefois, quelques formes communes : les émydidés du Nouveau Monde, principalement localisés au sud-est de l'Amérique du Nord (huit genres), et ceux de l'Asie du Sud-Est (dix-huit genres). Les deux genres d'Amérique du Sud et les deux genres européens ne sont pas endémiques à ces régions. La morphologie des émydidés est, dans l'ensemble, assez homogène, malgré de fortes différences de taille. Les plus petites espèces, en particulier celles du genre asiatique Chinemys, ne dépassent guère 10 centimètres de long ; les plus grandes, comme Batagur baska, d'Asie du Sud-Est, atteignent 60 centimètres. Entre ces extrêmes se place la majorité des émydidés dont la taille moyenne est de 20 à 40 centimètres. L'aspect de ces animaux – carapace faiblement bombée, cou et queue moyens, pattes palmées – n'offre guère de particularité. Cependant, leur carapace et leur peau présentent souvent des motifs vivement colorés dessinant soit des taches rondes, comme chez Clemmys guttata, soit des mouchetures, comme chez Emys orbicularis (la Cistude d'Europe), soit des bandes et des volutes, comme chez Pseudemys scripta. La plupart des émydidés vit dans les marais, les ruisseaux et les fleuves, ou à proximité immédiate de ceux-ci. Les formes entièrement terrestres sont rares. Le régime alimentaire de ces tortues est, en général, carnivore et se compose d'insectes, de vers, de mollusques, de crustacés, ainsi que de petits poissons et amphibiens. Toutefois, de nombreuses espèces ont un régime mixte, incluant[...]

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Écrit par

  • : docteur de troisième cycle en biologie animale, chercheur libre à l'université de Paris-VII

Classification

Pour citer cet article

Vivian de BUFFRÉNIL. CHÉLONIENS ou TORTUES [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

Médias

Déplacement de la tête - crédits : Encyclopædia Universalis France

Déplacement de la tête

Tortue-léopard - crédits : Matthias Graben/ ImageBroker/ Getty Images

Tortue-léopard

Tortue des Galapagos - crédits : Staffan Widstrand/ Corbis/ Getty Images

Tortue des Galapagos

Autres références

  • BERNE CONVENTION DE (1979)

    • Écrit par Sandrine MALJEAN-DUBOIS
    • 789 mots
    • 1 média
    ...en manquement devant la Cour de justice européenne, qui siège à Luxembourg. Cela a par exemple été le cas dans le dossier ouvert en 1986 au sujet des Caouannes, tortues marines (Carettacaretta) menacées dont le principal lieu de ponte en Méditerranée se situe en Grèce. Ce pays a ainsi été condamné pour...
  • MEMBRES

    • Écrit par Claude GILLOT, Armand de RICQLÈS
    • 15 056 mots
    • 13 médias
    Lestortues (Chéloniens) ont conservé des membres transversaux mais qui ont subi des transformations en rapport avec la différenciation de la carapace et du plastron ventral. On peut admettre que beaucoup de lézards (Sauriens) ont plus ou moins conservé une disposition transversale du membre, bien qu'en...
  • MIGRATIONS ANIMALES

    • Écrit par Valérie CHANSIGAUD, Jean DORST
    • 11 698 mots
    • 17 médias
    ...certaines changent d'habitat. Les grenouilles et les crapauds se concentrent en des points privilégiés, puis se dispersent après la reproduction. Les tortues d'eau, telles que les arraus sud-américaines (Podocnemis expansa), migrent véritablement le long des cours d'eau pour aller pondre sur des...
  • OCÉAN ET MERS (Vie marine) - Vie pélagique

    • Écrit par Lucien LAUBIER, Jean-Marie PÉRÈS
    • 7 202 mots
    • 8 médias
    Les reptiles sont représentés principalement par des tortues dont les plus connues sont la tortue caret, autrefois recherchée pour son écaille, et la tortue verte, chassée pour sa chair et surtout pour la préparation, à partir des cartilages du plastron, de la soupe à la tortue ; ces tortues des zones...
  • Afficher les 8 références

Voir aussi