ZOROASTRISME

Les Yašt

À côté de ces divinités majeures, les Gāthā en mentionnent quelques-unes, dont les noms sont également abstraits, Sraoša (Discipline) et Aši (Fortune, Récompense) qui ne joueront que plus tard un rôle important. Mais elles ne disent rien de ce vaste panthéon invoqué à chaque pas dans tous les autres textes avestiques, notamment dans les Yašt, où les dieux sont décrits de manière concrète à l'intérieur d'un ensemble de mythes, où les noms des héros et des dieux nous replacent, pour la plupart, dans la mythologie védique. Ces textes ne sont pas des fossiles ; ils sont largement exploités par la liturgie, tant quotidienne que solennelle – les Yašt sont, en effet, répartis sur les trente jours du mois. Cette omission singulière, le contraste qu'elle souligne entre les Gāthā et l' Avesta dit récent posent d'emblée, sur le terrain de la théologie, la question de la situation du zoroastrisme gāthique dans la religion de l'Iran et la question du rôle de Zarathuštra dans ce qui apparaît comme une mutation.

C'est que, outre le silence jeté sur les divinités des Yašt, qui sont très certainement celles du plus vieux panthéon indo-iranien, donc antérieur à l'auteur des Gāthā, on pourrait voir une condamnation portée et contre le vieux culte indo-iranien du haoma (védique : soma), et contre tout sacrifice sanglant (Y. 32, 14 ; 48, 10), notamment celui du bovin (bœuf ou vache). Le haoma n'est pas nommé explicitement, mais son épithète ordinaire de duraoša, « qui éloigne la mort », est transparente. À ce rejet s'ajoutent des invectives contre les « mauvais souverains », les déprédateurs, tous qualifiés de « menteurs », c'est-à-dire d'adversaires d'aša, qui sont au premier chef les ennemis du bovin dont l'« âme » (Y. 29) se lamentait devant Ahura Mazdāh d'avoir à être exposée à leur violence et réclamait un défenseur. Or celui-ci leur est accordé en la personne de Zarathuštra, ce qui emporte l'assentiment du bœuf à se laisser créer.

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Écrit par

  • Jean de MENASCE : directeur d'études à l'École pratique des hautes études

Classification

Pour citer cet article

Jean de MENASCE, « ZOROASTRISME », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le . URL :

Autres références

  • AFGHANISTAN

    • Écrit par Daniel BALLAND, Gilles DORRONSORO, E.U., Mir Mohammad Sediq FARHANG, Pierre GENTELLE, Sayed Qassem RESHTIA, Olivier ROY, Francine TISSOT
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    • Écrit par Jean VARENNE
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    Orientaliste français qui révéla à l'Europe les livres sacrés du zoroastrisme et de l'hindouisme. La curiosité des Européens pour les civilisations anciennes d'Orient (Perse, Inde...) date des premières découvertes de Marco Polo et de Vasco de Gama ; accrue au cours des siècles,[...]

  • ARDACHIR Ier (mort en 241) roi des Perses (224-241)

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    • 2 médias

    Petit-fils de Sāsān, ancêtre éponyme de la dynastie sassanide qu'Ardashīr (Ardachir) contribua à fonder. Jeune encore, il obtient de son suzerain Gushihr, le commandement militaire de la ville de Darabdjird. Il étend peu à peu son pouvoir sur les villes voisines, en les assiégeant, en tuant[...]

  • AVESTA

    • Écrit par Jean de MENASCE, Georges PINAULT
    • 10 445 mots

    Livre saint de la religion zoroastrienne, l'Avesta constitue, encore aujourd'hui, les Écritures et le rituel des Parsis de l'Inde et des Guèbres de l'Iran.

    Le terme Avesta (forme persane du moyen perse apastāk, de sthā-, se tenir, soit : texte de base) désigne les livres[...]

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