WREN sir CHRISTOPHER (1632-1723)
Carte mentale
Élargissez votre recherche dans Universalis
Les édifices civils
Outre le grand nombre d'édifices religieux qu'il conçut, Wren reçut également de multiples commandes civiles importantes. La première fut la bibliothèque du Trinity College à Cambridge (1676-1684). Cet édifice d'un seul tenant est d'une conception hardie, et les ordres architecturaux sont traités avec une précision extrême ; il fut construit sur l'extrémité libre d'une cour du début du xviie siècle, et une comparaison avec les bâtiments antérieurs révèle le changement que Wren apportait à l'architecture anglaise. L'ensemble est un peu plus complexe que ne le suggère l'extérieur, car l'étage principal n'est pas au sommet de l'ordre inférieur, mais abaissé au niveau des tympans sculptés. Le résultat est une pièce haute de plafond, qui offre un ample espace pour les rayonnages sous les fenêtres et un bon éclairage pour la lecture.
Trinity College, Cambridge (Grande-Bretagne). Extérieur de la Wren Library.
Crédits : John Bethell/ Bridgeman Images
Trinity College, Cambridge (Grande-Bretagne). Intérieur de la Wren Library.
Crédits : John Bethell/ Bridgeman Images
Dans les autres édifices importants qu'il conçut, Wren introduit l'agencement de corps de bâtiment groupés autour de cours. L'hôpital de Chelsea (1682-1691) a une avant-cour unique et profonde avec de longues ailes latérales en brique ; la façade du bâtiment principal qui les relie est décorée d'un ordre géant de pierre, orné de loggias des deux côtés de colonnes plus petites ; elle est surmontée d'une lanterne avec une coupole.
Au cours de la même décennie, Wren entreprit de construire un palais pour Charles II à Winchester (1683-1685), dont seuls subsistent des fragments, car le chantier fut pratiquement abandonné après la mort du roi en 1685. Wren envisageait un alignement de cours en entonnoir au fond duquel le corps principal soutiendrait une coupole.
L'avènement du roi Guillaume et de la reine Marie en 1688 apporta un regain d'ouvrage. Guillaume, trouvant le palais de Whitehall insalubre, acheta une demeure datant du début du xviie siècle, à Kensington, que Wren remania pour lui. Une commande plus importante suivit bientôt. Le couple royal décida de faire de Hampton Court (1689-1702) sa résidence principale à la campagne. Un palais Tudor occupait déjà le site, mais le projet de Wren supposait la démolition du bâtiment Tudor, excepté le grand hall Henri VIII. Le nouveau palais aurait une vaste façade avec un ordre colossal surmonté par une coupole et déboucherait sur une grande arrière-cour unique entourée de bâtiments. Ce grand dessein fut rejeté comme étant trop onéreux, mais un autre fut rapidement présenté. Les cours Tudor devaient subsister, et Wren leur avait ajouté une cour spacieuse avec, pour la reine, des appartements donnant sur le parc, alors que ceux du roi seraient orientés vers le sud. Hampton Court fournit la meilleure occasion d'étudier combien Wren est habile dans l'art de combiner deux matériaux. L'ouvrage principal est en brique, mais rehaussé d'embellissements considérables en pierre, et l'exploitation des contrastes de couleurs permet de prévenir la monotonie et d'éviter de donner trop d'importance aux verticales ou aux horizontales.
Hampton Court Palace, Surrey (environs de Londres). Architecte pour la reconstruction de 1689-1702 : Christopher Wren.
Crédits : John Bethell/ Bridgeman Images
Le dernier édifice civil que Wren exécuta, et à bien des égards le plus réussi de tous, est l'hôpital de Greenwich (1696-1702). Une fois de plus, il proposa un alignement de cours débouchant en apothéose sur un grand bâtiment couronné d'une coupole. Le projet fut rejeté, car le bâtiment surmonté de la coupole aurait bouché la vue sur le fleuve de la Maison de la reine, œuvre d'Inigo Jones, située un peu plus haut sur la colline. Il résolut finalement le problème en élevant deux avant-corps saillants plus proches du fleuve, la position du grand hall orné de peintures et de la chapelle étant désormais marquée par deux dômes réduits prenant appui sur de hauts tambours. Deux longues colonnades en partaient pour former un cadre à la Maison de la reine.
Wren mourut dans sa maison de St. James Street à Londres. Il fut inhumé dans la crypte de Saint-Paul, et son fils plaça sur le mur, au-dessus de la pierre tombale très simple, une inscription qui s'achève sur ces mots : ... lector, si monumentum requiris, circumspice (« lecteur, si tu désires un monument, regarde autour de toi »).
1
2
3
4
5
…
pour nos abonnés,
l’article se compose de 4 pages
Écrit par :
- Margaret Dickens WHINNEY : formerly reader in the history of art at the Courtauld Institute of Art
Classification
Autres références
« WREN sir CHRISTOPHER (1632-1723) » est également traité dans :
ANGLAIS (ART ET CULTURE) - Architecture
Dans le chapitre « Inigo Jones et sir Christopher Wren : l'affirmation d'un style national sous les Stuart (1603-1714) » : […] C'est au cours d'une période qui verra le règne des Stuart interrompu par deux révolutions et par la République de Cromwell que va se définir un nouveau style architectural, profondément marqué par le classicisme. Si l'Angleterre connaissait depuis longtemps la grammaire classique de l'architecture, grâce en particulier au livre de John Shute, The First and Chief Grounds of Architecture , paraphra […] Lire la suite
BAROQUE
Dans le chapitre « Angleterre » : […] Est-il juste, après ce survol du baroque à travers l'Europe, d'admettre qu'il y eut cependant des zones de résistance au baroque ? De l'Angleterre, on a pu dire, et sans déformer la vérité, qu'à la fois elle avait accueilli des œuvres baroques, mais que son génie particulier, protestant et puritain, répugnait aux outrances baroques. En effet, on n'y trouve point de baroque exubérant, comme dans le […] Lire la suite
COUPOLE
On désigne par « coupole » tout système de couverture d'un espace circulaire ou proche de ce plan, ayant un volume hémisphérique ou conique. Toutefois, l'aspect familier des dômes n'a pu faire son apparition qu'avec l'invention des voûtes clavées, de la maçonnerie liée au mortier et, enfin, de l'élaboration des charpentes. Les premiers exemples de salles circulaires couvertes par une coupole font […] Lire la suite
DENIS JEAN-BAPTISTE (1643-1704)
Le 15 juin 1667, Jean-Baptiste Denis, médecin parisien formé à Montpellier, diplômé en 1667, réussit à injecter dans les veines d’un jeune homme affaibli par des saignées successives l’équivalent de 300 millilitres de sang d’un agneau . Denis venait de réaliser la première transfusion de sang chez l’homme. Les saignées avaient pour but de corriger l’état mental de ce patient ; l’amélioration fut, […] Lire la suite
HAWKSMOOR NICHOLAS (1661-1736)
Architecte anglais. Élève puis assistant de Wren, Nicholas Hawksmoor devint le collaborateur du mondain Vanbrugh. Il apparaît cependant comme l'une des personnalités les plus originales de la période baroque anglaise, créateur de bâtiments déconcertants où ses contemporains ne virent souvent qu'« un fouillis d'éléments incompatibles ». Héritier de la virtuosité technique de Wren, il emprunta aux c […] Lire la suite
LONDRES
Dans le chapitre « Le premier grand essor et les épreuves de la fin du XVIIe siècle » : […] Aux xvi e et xvii e siècles, la population de Londres décuple et la ville devient l'une des grandes métropoles occidentales ; malgré les épidémies, les incendies, les nombreux troubles politico-religieux et le lourd fardeau des taxes et des emprunts royaux lorsque l'Angleterre vient défier les grandes puissances du temps. Elle attire les cadets de familles nobles, auxquels la primogéniture ne l […] Lire la suite
Voir aussi
Pour citer l’article
Margaret Dickens WHINNEY, « WREN sir CHRISTOPHER - (1632-1723) », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 10 mai 2022. URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/wren-sir-christopher/