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DENIS JEAN-BAPTISTE (1643-1704)

Transfusion de sang de l’animal vers l’homme au XVII<sup>e</sup> siècle - crédits : National Library of medicine/ SPL/ AKG-images

Transfusion de sang de l’animal vers l’homme au XVIIe siècle

Le 15 juin 1667, Jean-Baptiste Denis, médecin parisien formé à Montpellier, diplômé en 1667, réussit à injecter dans les veines d’un jeune homme affaibli par des saignées successives l’équivalent de 300 millilitres de sang d’un agneau. Denis venait de réaliser la première transfusion de sang chez l’homme. Les saignées avaient pour but de corriger l’état mental de ce patient ; l’amélioration fut, dit-on, spectaculaire. Les résultats sont communiqués le 22 juillet 1667 dans une lettre adressée à la Royal Society de Londres, qui publie le journal scientifique le plus en vue à l’époque. Cette publication s’inscrit dans un contexte de compétition scientifique : deux médecins britanniques, Richard Lower et Edmund King, publieront des résultats analogues dans le même journal le 23 novembre 1667.

Cette première transfusion sanguine s’inscrit rapidement dans la suite des progrès de la médecine expérimentale. William Harvey décrit en détail la circulation du sang en 1628 : le sang est poussé dans les artères par le cœur et revient à ce dernier par les veines. On peut donc introduire un liquide dans la masse circulatoire en l’injectant dans une veine. Techniquement, les instruments nécessaires (garrots et canules à introduire dans la veine) sont mis au point en 1665 par Christopher Wren (1632-1723), l’architecte de la cathédrale Saint-Paul à Londres. C’est avec ces outils que J.-B. Denis peut réaliser la première transfusion de sang en faisant passer celui de l’agneau dans une veine du bras du malade. Il faut noter que ces expériences de transfusion sanguine visaient à traiter des malades mentaux et des paralysés plutôt qu’à corriger un déficit de la masse sanguine.

Denis réalise ensuite quatre transfusions ; deux patients survivent, un meurt rapidement et le quatrième survit après une grave crise, aujourd’hui reconnue pour être liée à la destruction des globules rouges étrangers au patient. Ce dernier malade décède avant une troisième transfusion exigée par sa femme, dont l’insistance paraît suspecte ; l’enquête montrera que l’homme a été empoisonné à l’arsenic. Au cours du procès pour meurtre du 17 avril 1668, les médecins parisiens, dont le monopole est battu en brèche par l’activité de Denis, qui n’appartient pas à leur corporation, obtiennent que les transfusions soient réalisées sous leur seul contrôle. Finalement, ce type d’opération sera interdit par un arrêt du parlement de Paris rendu en 1676.

La biographie de Denis est en réalité assez mince et dominée par cette expérience princeps de transfusion sanguine, réalisée tout au début de sa carrière. On sait qu’il obtient un brevet de conseiller et de médecin ordinaire du roi en 1668. Il donne à Paris des conférences philosophiques et scientifiques, surtout mathématiques. Il exerce la médecine à Londres au début des années 1670. On ne sait pratiquement rien de sa vie après 1683.

— Gabriel GACHELIN

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Écrit par

  • : chercheur en histoire des sciences, université Paris VII-Denis-Diderot, ancien chef de service à l'Institut Pasteur

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Pour citer cet article

Gabriel GACHELIN. DENIS JEAN-BAPTISTE (1643-1704) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis. Disponible sur : (consulté le )

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Transfusion de sang de l’animal vers l’homme au XVII<sup>e</sup> siècle - crédits : National Library of medicine/ SPL/ AKG-images

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